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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/181

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allait repartir ; et Angélique, dont la main s’était oubliée au fond de la corbeille, tenant une dernière poignée de feuilles de rose, eut un geste trop prompt, jeta les fleurs, dans son trouble enchanté. Justement, Félicien se remettait en marche. Les fleurs pleuvaient, deux pétales, balancés lentement, volèrent, se posèrent sur ses cheveux.

C’était la fin. Le dais avait disparu au coin de la Grand-Rue, la queue du cortège s’écoulait, laissant le pavé désert, recueilli, comme assoupi de foi rêveuse, dans l’exhalaison un peu âpre des roses foulées. Et l’on entendait encore, au loin, de plus en plus faible, le bruit argentin des chaînettes, retombant à chaque volée des encensoirs.

— Oh ! veux-tu, mère ? s’écria Angélique, nous irons dans l’église les voir rentrer.

Le premier mouvement d’Hubertine fut de refuser. Puis, elle éprouvait elle-même un si grand désir d’avoir une certitude, qu’elle consentit.

— Oui, tout à l’heure, puisque cela te fait plaisir.

Mais il fallait patienter. Angélique, qui était montée mettre un chapeau, ne tenait pas en place. Elle revenait à chaque minute devant la fenêtre, interrogeait le bout de la rue, levait les yeux comme pour interroger l’espace lui-même ; et elle parlait tout haut, elle suivait la procession, pas à pas.

— Ils descendent la rue Basse… Ah ! les voilà