Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/204

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toujours la petite fille qui refusait de laver la cuisine et qui se baisait les mains.

Angélique ne put s’empêcher de rire.

— Non, ne ris pas, bientôt tu n’auras pas assez de larmes pour pleurer… Jamais ce mariage ne se fera, ma pauvre enfant.

Du coup, sa gaieté éclata, sonore, prolongée.

— Mère, mère, qu’est-ce que vous dites ? Est-ce pour me taquiner et me punir ?… C’est si simple ! Ce soir, il va en parler à son père. Demain, il viendra tout régler avec vous.

Vraiment, elle s’imaginait cela ? Hubertine dut être impitoyable. Une petite brodeuse, sans argent, sans nom, épouser Félicien d’Hautecœur ! Un jeune homme riche à cinquante millions ! le dernier descendant d’une des plus vieilles maisons de France !

Mais, à chaque nouvel obstacle, Angélique répondait tranquillement :

— Pourquoi pas ?

Ce serait un vrai scandale, un mariage en dehors des conditions ordinaires du bonheur. Tout se dresserait pour l’empêcher. Elle comptait donc lutter contre tout ?

— Pourquoi pas ?

On disait Monseigneur fier de son nom, sévère aux tendresses d’aventure. Pouvait-elle espérer le fléchir ?

— Pourquoi pas ?