Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/207

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Et ses larmes coulèrent. Elle était bouleversée de la confidence, attendrie, avec un effarement dans les yeux, comme blessée de ce coin de vérité entrevu. Mais elle ne cédait pas. Elle serait morte si volontiers de son amour !

Alors, Hubertine se décida.

— Je ne voulais pas te causer tant de peine en une fois. Il faut pourtant que tu saches… Hier soir, quand tu as été montée, j’ai interrogé l’abbé Cornille, j’ai appris pourquoi Monseigneur, qui résistait depuis si longtemps, a cru devoir appeler son fils à Beaumont… Un de ses grands chagrins était la fougue du jeune homme, la hâte qu’il montrait de vivre, en dehors de toute règle. Après avoir douloureusement renoncé à en faire un prêtre, il n’espérait même plus le lancer dans quelque occupation convenant à son rang et à sa fortune. Ce ne serait jamais qu’un passionné, un fou, un artiste… Et c’est alors que ; craignant des sottises de cœur, il l’a fait venir ici, pour le marier tout de suite.

— Eh bien ? demanda Angélique, sans comprendre encore.

— Un mariage était en projet avant même son arrivée, et tout paraît réglé aujourd’hui, l’abbé Cornille m’a formellement dit qu’il devait épouser à l’automne mademoiselle Claire de Voincourt… Tu connais l’hôtel de Voincourt, là, près de l’Évêché. Ils sont très liés avec Monseigneur. De