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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/257

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bantes, sa face longue et transfigurée de vierge volant au ciel. Les cheveux n’étaient plus que de la lumière, l’âme de neige éclatait sous la soie transparente de la peau. Elle avait la beauté des saintes délivrées de leur corps, il en était ébloui et désespéré, dans un saisissement qui l’immobilisait, les mains jointes. Elle ne se réveillait pas, il la regardait toujours.

Un petit souffle des lèvres de Félicien dut passer sur le visage d’Angélique. Tout d’un coup, elle ouvrit des yeux très grands. Elle ne bougeait pas, elle le regardait à son tour, avec un sourire, comme dans un rêve. C’était lui, elle le reconnaissait, bien qu’il fût changé. Mais elle croyait sommeiller encore, car il lui arrivait de le voir ainsi en dormant, ce qui, au réveil, aggravait sa peine.

Il avait tendu les mains, il parla.

— Chère âme, je vous aime… On m’a dit ce que vous souffriez, et je suis accouru… Me voici, je vous aime.

Elle frémissait, elle passait les doigts sur ses paupières, d’un geste machinal.

— Ne doutez plus… Je suis à vos pieds, et je vous aime, je vous aime toujours.

Alors, elle eut un cri.

— Ah ! c’est vous… Je ne vous attendais plus, et c’est vous…

De ses mains tâtonnantes, elle lui avait pris les