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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/266

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dans les beaux pays lointains, habiter royalement ensemble le château de vos rêves. Cela me semblait si facile, j’avais si souvent refait le plan de notre fuite… Et, que vous dirai-je ? maintenant, cela me paraît impossible. C’est comme si, tout d’un coup, la porte se soit murée et que je ne puisse sortir.

Il voulut l’étourdir de nouveau, elle le fit taire d’un geste.

— Non, ne parlez plus… Est-ce singulier ! à mesure que vous me dites des choses si douces, si tendres, qui devraient me convaincre la peur me prend, un froid me glace…Mon Dieu ! qu’ai-je donc ? Ce sont vos paroles qui m’écartent de vous. Si vous continuez, je vais ne plus pouvoir vous entendre, il faudra que vous partiez… Attendez, attendez un peu.

Et elle marchait lentement par la chambre, cherchant à se reprendre, tandis que lui, immobile, se désespérait.

— J’avais cru ne plus vous aimer, mais ce n’était que du dépit assurément, puisque là, tout à l’heure, lorsque je vous ai retrouvé à mes pieds, mon cœur a bondi, mon premier élan a été de vous suivre, en esclave… Alors, si je vous aime, pourquoi m’épouvantez-vous ? et qui m’empêche de quitter cette chambre, comme si des mains invisibles me tenaient par tout le corps, par chacun des cheveux de ma tête ?

Elle s’était arrêtée près du lit, elle revint vers