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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/268

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cette chambre, me crie de rester ? Et ma joie est devenue d’obéir.

Sans parler, sans discuter avec elle, il tâchait de l’emmener comme une enfant indocile. Elle l’évita, s’échappa vers la fenêtre.

— Non, de grâce ! Tout à l’heure, je vous aurais suivi. Mais c’était la révolte dernière. Peu à peu, à mon insu, l’humilité et le renoncement qu’on mettait en moi, devaient s’y amasser. Aussi, à chaque retour de mon péché d’origine, la lutte était-elle moins rude, je triomphais de moi-même avec plus de facilité. Désormais, c’est fini, je me suis vaincue… Ah ! cher seigneur, je vous aime tant ! Ne faisons rien contre notre bonheur. Il faut se soumettre pour être heureux.

Et, comme il s’avançait d’un pas encore, elle se trouva devant la fenêtre grande ouverte, sur le balcon.

— Vous ne voulez pas me forcer à me jeter par là… Écoutez donc, comprenez que j’ai avec moi ce qui m’entoure. Les choses me parlent depuis longtemps, j’entends des voix, et jamais je ne les ai entendues me parler si haut… Tenez ! c’est tout le Clos-Marie qui m’encourage à ne pas gâter mon existence et la vôtre, en me donnant à vous, contre la volonté de votre père. Cette voix chantante, c’est la Chevrotte, si claire, si fraîche, qu’elle semble avoir mis en moi sa pureté de cristal. Cette voix de foule, tendre et profonde, c’est le terrain