Aller au contenu

Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans sa faiblesse, elle s’était redressée, résolue, invincible.

— Mais on vous a trompée, reprit-il, on est descendu jusqu’au mensonge pour nous désunir !

— La faute d’autrui n’excuserait pas la nôtre.

— Ah ! votre cœur s’est retiré de moi, vous ne m’aimez plus.

— Je vous aime, je ne lutte contre vous que pour notre amour et notre bonheur… Obtenez le consentement de votre père, et je vous suivrai.

— Mon père, vous ne le connaissez pas. Dieu seul pourrait le fléchir… Alors, dites, c’est fini ? Si mon père m’ordonne d’épouser Claire de Voincourt, faut-il donc que je lui obéisse ?

À ce dernier coup, Angélique chancela. Elle ne put retenir cette plainte :

— C’est trop… Je vous en supplie, allez-vous-en, ne soyez pas cruel… Pourquoi êtes-vous venu ? J’étais résignée, je me faisais à ce malheur de ne pas être aimée de vous. Et voilà que vous m’aimez et que tout mon martyre recommence !… Comment voulez-vous que je vive, maintenant ?

Félicien crut à une faiblesse, il répéta :

— Si mon père veut que je l’épouse…

Elle se raidissait contre la souffrance ; et elle parvint encore à se tenir debout, dans le déchirement de son cœur ; puis, se traînant vers la table, comme pour lui livrer passage :

— Épousez-la, il faut obéir.