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Page:Emile Zola - Le Rêve.djvu/297

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de satin et de soie, un ruissellement de pierreries, des diamants de reine. Mais surtout ce qui remuait le monde, c’étaient les aumônes considérables, la mariée ayant voulu donner aux pauvres autant qu’on lui donnait, à elle, un autre million qui venait de s’abattre sur la contrée, en une pluie d’or. Enfin, elle contentait son ancien besoin de charité, dans les prodigalités du rêve, les mains ouvertes, laissant couler sur les misérables un fleuve de richesse, un débordement de bien-être. De la petite chambre blanche et nue, du vieux fauteuil où elle était clouée, elle en riait de ravissement, lorsque l’abbé Cornille lui apportait les listes de distribution. Encore, encore ! on ne distribuait jamais assez. Elle aurait désiré le père Mascart attablé devant des festins de prince, les Chouteau vivant dans le luxe d’un palais, la mère Gabet guérie, redevenue jeune, à force d’argent ; et les Lemballeuse, la mère et les trois filles, elle les aurait comblées de toilettes et de bijoux. La grêle des pièces d’or redoublait sur la ville, ainsi que dans les contes de fées, au-delà même des nécessités quotidiennes, pour la beauté et la joie, la gloire de l’or, tombant à la rue et luisant au grand soleil de la charité.

Enfin, la veille du beau jour, tout fut prêt. Félicien avait acquis, derrière l’Évêché, rue Magloire, un ancien hôtel, qu’on achevait d’installer somptueusement. C’étaient de grandes pièces, ornées