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LES ROUGON-MACQUART

des amies, ou bien entrait avec Camille à Saint-Roch par la porte de tout le monde, comme pour faire ses dévotions, laissait l’enfant à la garde de la loueuse de chaises, puis filait avec le monsieur par le vieux passage, un sale endroit où personne ne serait allé la chercher. Cependant, au nom d’Octave, Valérie avait eu un sourire ; jamais, pas avec celui-là, elle le jurait à madame Josserand ; avec personne d’ailleurs, ajouta-t-elle, mais avec celui-là moins encore qu’avec les autres ; et, forte cette fois de la vérité, elle parlait à son tour d’aller confondre son mari, en lui prouvant que le billet n’était pas de l’écriture d’Octave, pas plus que ce dernier n’était le monsieur de Saint-Roch. Madame Josserand l’écoutait, l’étudiait de son regard expérimenté, uniquement préoccupée de trouver un expédient pour l’aider à tromper Théophile. Et elle lui donna les plus sages conseils.

— Laissez-moi faire, ne vous en mêlez pas… Puisqu’il veut que ce soit monsieur Mouret, eh bien ! ce sera monsieur Mouret. Il n’y a pas de mal, n’est-ce pas ? à avoir été vue sur les marches d’une église avec monsieur Mouret… La lettre seule est compromettante. Vous triompherez, quand notre jeune homme lui aura montré deux lignes de son écriture… Surtout, dites toujours comme moi. Vous comprenez, je ne vais pas lui permettre de nous gâter un pareil jour.

Lorsqu’elle ramena Valérie très émue, Théophile de son côté disait à sa sœur, la voix étranglée :

— Je le fais pour toi, je te promets de ne pas la défigurer ici, puisque tu assures que ce ne serait guère convenable, à cause de ce mariage… Mais, à l’église, je ne réponds de rien… Si le calicot vient me braver à l’église, au milieu de ma famille, je les extermine l’un après l’autre.

Auguste, très correct dans son habit noir, l’œil gauche