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Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/433

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POT-BOUILLE

l’éclat des voix, le battement des portes, semblaient avoir passé sur sa chair, sans qu’elle en eût même senti le souffle. Elle restait immobile, les regards perdus, enfoncée et tassée dans sa rage d’amour. Mais un travail se faisait en elle, les conseils de la mère de Léon la bouleversaient, la décidaient à acheter chèrement quelques restes de bonheur.

— Voyons, reprit avec brutalité madame Josserand, vous ne pouvez pourtant pas coucher ici… Mon fils m’a écrit, je ne l’attends plus.

Alors, madame Dambreville parla, la bouche empâtée de silence, comme si elle se réveillait.

— Je m’en vais, excusez-moi… Et vous lui direz de ma part que j’ai réfléchi. Je consens… Oui, je réfléchirai encore, je lui ferai peut-être épouser cette fille, puisqu’il le faut… Mais c’est moi qui la lui donne, et je veux qu’il vienne me la demander, à moi, à moi toute seule, entendez-vous !… Oh ! qu’il revienne, qu’il revienne !

Sa voix ardente suppliait. Elle ajouta plus bas de l’air entêté d’une femme qui, après avoir tout sacrifié, se cramponne à une satisfaction dernière :

— Il l’épousera, mais il habitera chez nous… Autrement rien de fait. J’aime mieux le perdre.

Et elle s’en alla. Madame Josserand était redevenue charmante. Dans l’antichambre, elle trouva des consolations, elle promit d’envoyer le soir même son fils soumis et tendre, en affirmant qu’il serait enchanté de vivre chez sa belle-maman. Puis, lorsqu’elle eut fermé la porte derrière le dos de madame Dambreville, elle pensa, pleine d’une tendresse apitoyée :

— Pauvre petit ! ce qu’elle va lui vendre ça !

Mais, à ce moment, elle entendit aussi le bruit sourd, dont le plancher tremblait. Eh bien ? quoi donc ? est-ce que la bonne cassait la vaisselle, maintenant ? Elle se