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SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON.

plus fort. La haie s’inclinait à mesure qu’il avançait. Enfin, tout au bout, M. de Combelot lui présenta l’un des deux académiciens, qui venait à la cour pour la première fois ; et l’empereur parla d’une œuvre récente de l’écrivain, dont il avait lu certains passages avec le plus grand plaisir, disait-il.

Cependant, l’impératrice était entrée, accompagnée de madame de Llorentz. Elle portait une toilette très-modeste, une robe de soie bleue, recouverte d’une tunique de dentelle blanche. À petits pas, souriante, pliant gracieusement son cou nu, où un simple velours bleu attachait un cœur de diamants, elle descendait, le long de la haie formée par les dames. Des révérences, sur son passage, étalaient de larges froissements de jupes, d’où montaient des odeurs musquées. Madame de Llorentz lui présenta une jeune femme, qui paraissait très émue. Madame de Combelot affecta une familiarité attendrie.

Puis, quand les souverains furent au bout de la double haie, ils revinrent sur leurs pas, l’empereur en passant à son tour devant les dames, l’impératrice en remontant devant les hommes. Il y eut de nouvelles présentations. Personne ne parlait encore, un embarras respectueux tenait les invités muets, en face les uns des autres. Mais les rangs se rompirent ; des mots furent échangés à demi-voix, et des rires clairs s’élevaient, lorsque l’adjudant général du palais vint dire que le dîner était servi.

— Hein ! tu n’as plus besoin de moi ! dit gaiement M. de Plouguern à l’oreille de Clorinde.

Elle lui sourit. Elle était restée devant M. de Marsy, pour le forcer à lui offrir le bras, ce qu’il fit d’ailleurs d’un air galant. Une légère confusion régnait. L’empereur et l’impératrice passèrent les premiers, suivis des personnes désignées pour s’asseoir à leur droite et à