dans le tiroir… Parrain, donne-moi donc mon éponge…
Ce mot de parrain était une caresse. Lui, maintenant, parlait très-souvent du comte Balbi, précisant les détails de la naissance de Clorinde. Il mentait, disait avoir connu la mère de la jeune femme au troisième mois de sa grossesse. Et lorsque la comtesse, avec son rire éternel sur sa face usée, se trouvait là, dans la chambre, au moment du lever de Clorinde, il adressait à la vieille dame des regards d’intelligence, attirait d’un clignement d’yeux son attention sur une épaule nue, sur un genou à demi découvert.
— Hein ? Lenora, murmurait-il, tout votre portrait !
La fille lui rappelait la mère. Son visage osseux flambait. Souvent, il allongeait ses mains sèches, prenait Clorinde, se serrait contre elle, pour lui conter quelque ordure. Cela le satisfaisait. Il était voltairien, niait tout, combattait les derniers scrupules de la jeune femme, en disant avec son ricanement de poulie mal graissée :
— Mais, bête, c’est permis… Quand ça fait plaisir, c’est permis.
On ne sut jamais jusqu’où les choses allèrent entre eux. Clorinde avait alors besoin de M. de Plouguern ; elle lui réservait un rôle dans le drame qu’elle rêvait. D’ailleurs, il lui arrivait parfois d’acheter ainsi des amitiés dont elle ne se servait plus ensuite, si elle venait à changer de plan. C’était, à ses yeux, comme une poignée de main donnée à la légère et sans profit. Elle avait ce beau dédain de ses faveurs qui déplaçait en elle l’honnêteté commune et lui faisait mettre ses fiertés autre part.
Cependant, son attente se prolongeait. Elle causait à mots couverts, avec M. de Plouguern, d’un événement vague, indéterminé, trop lent à se produire. Le sénateur semblait chercher des combinaisons, d’un air absorbé de