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LES ROUGON-MACQUART.

M. Rambaud avait fini par entrer dans l’intimité des Deberle.

— Et Jeanne, demanda le docteur, en quoi la mettrez-vous ?

Mais il eut la parole coupée par une exclamation de Malignon.

— J’ai trouvé !… Un marquis Louis XV !

Et il brandissait sa badine, d’un air triomphant. Puis, comme on ne s’enthousiasmait guère autour de lui, il parut étonné.

— Comment ! vous ne comprenez point ?… C’est Lucien qui reçoit ses petits invités, n’est-ce pas ? Alors, vous le plantez à la porte du salon, en marquis, avec un gros bouquet de roses au côté, et il fait des révérences aux dames.

— Mais, objecta Juliette, nous en aurons des douzaines de marquis.

— Qu’est-ce que ça fait ? dit Malignon tranquillement. Plus il y aura de marquis, plus ce sera drôle. Je vous dis que c’est trouvé… Il faut que le maître de la maison soit en marquis, autrement votre bal est infect.

Il semblait tellement convaincu, que Juliette finit par se passionner, elle aussi. En effet, un costume de marquis Pompadour en satin blanc broché de petits bouquets, ce serait tout à fait délicieux.

— Et Jeanne ? répéta le docteur.

La petite fille était venue s’appuyer contre l’épaule de sa mère dans cette pose câline qu’elle aimait à prendre. Comme Hélène allait ouvrir les lèvres, elle murmura :

— Oh ! maman, tu sais ce que tu m’as promis ?

— Quoi donc ? demanda-t-on autour d’elle.

Alors, pendant que sa fille la suppliait du regard, Hélène répondit en souriant :