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livres, dont les Romains commencèrent à faire une grande estime, mais qui devaient jouer au moyen-âge et dans les temps modernes un rôle bien plus considérable que dans les temps anciens, sont venus jusqu’à nous à travers une succession non interrompue de commentateurs, depuis Andronicus de Rhodes. Quelques-uns ne sont ni authentiques ni de première rédaction ; d’autres nous sont parvenus dans plusieurs rédactions différentes, ou dans de simples extraits d’autres enfin semblent n’être que des recueils, faits après coup, d’ouvrages originairement distincts sur les mêmes sujets, ou des compilations de matériaux non encore élaborés. L’embarras qui nait de l’inexactitude ou de la confusion des titres est une nouvelle cause de difficultés. Quoi qu’il en soit, et bien qu’il reste beaucoup à faire pour la critique des écrits d’Aristote, on y reconnaît un enchaînement systématique, une sorte de relation intérieure et nécessaire, appuyée par les fréquentes citations dans lesquelles l’auteur se réfère d’un livre à l’autre, d’où ressort l’authenticité de la plupart d’entre eux. C’est en même temps le moyen d’y rétablir cette ordonnance si étrangement troublée par les copistes et les éditeurs, qui, dans le rapport plus ou moins exact des parties, nous révèle la conception du tout, et l’organise en quelque sorte sur le plan de la pensée encyclopédique d’Aristote.

Les ouvrages qui nous restent de ce grand homme ou qui portent son nom peuvent se diviser en plusieurs classes, selon la nature et l’affinité de leurs objets. A la tête se placent les ouvrages de logique, compris sous le titre commun d’Organum, et qui sont au nombre de six. Toutes les formes et tous les procédés de la pensée, tous les artifices du raisonnement y sont exposés. Viennent ensuite les huit livres de la Physique ou de la science de la nature ; à ce grand ouvrage se rattachent intimement un certain nombre d’autres moins considérables, entre lesquels se distinguent le traité du Ciel, celui des Météores, celui du Monde, qui n’est point d’Aristote, celui de l’Ame. Les ouvrages d’histoire naturelle doivent prendre place côté des


précédens, et avant tout les dix livres de l’Histoire des animaux, chef-d’oeuvre d’observation et de méthode, où Aristote se montre comme le vrai créateur de la science, et où il prépare, en quelque sorte, les voies à l’anatomie comparée. Le traité des Plantes, que nous avons en deux livres, est apocryphe, aussi bien que celui des Récits merveilleux, compilation probable et assez curieuse des écrits d’Aristote et de ceux de plusieurs autres auteurs. Une autre compilation beaucoup plus importante et plus considérable est le recueil en trente-huit sections, intitulé Problèmes, renfermant une foule de questions diverses, la plupart de physique, qu’Aristote semble s’être posées à lui-même pour en chercher à loisir la solution. On peut y rapporter les Questions de mécanique auxquelles se lie, par l’analogie des sujets, le petit traité mathématique des lignes insécables. Un des plus grands ouvrages d’Aristote, et un des plus énigmatiques sous tous les points de vue, est celui qui a donné son nom à la Métaphysique, mais qui lui-même paraît avoir reçu ce nom, fortuitement, de la place arbitraire que lui avaient assignée les grammairiens à la suite des oeuvres de physique. Les quatorze livres qui le composent semblent autant de traités originairement détachés, puis réunis par la communauté apparente ou réelle de leur objet, sans égard aux disparates. Ces livres, dont quelques-uns sont justement suspects, forment une classe à part et se rapportent tous plus ou moins à ce qu’Aristote appelle la Philosophie première, comprenant l’ontologie et la théologie naturelle. Telle est la partie des écrits d’Aristote qui se rapporte à la philosophie spéculative, dans les vastes limites qu’il lui avait tracées, et qui embrassent, on le voit, indépendamment de la logique, la physique prise dans le sens de philosophie naturelle, la cosmologie, la psychologie, les sciences physiques, naturelles et mathématiques, telles qu’elles existaient alors, enfin la métaphysique. L’autre moitié roule sur les différentes parties de la philosophie pratique, c’est-à-dire sur les sciences morales et politiques, en y rattachant l’esthétique et jusqu’à un