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Page:Encyclopédie méthodique - Architecture, T2.djvu/160

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CRO CRO


genre aux palais d’Italie. Mais on sent que cet emploi de colonnes, ainsi appliquées à la décoration des croisées, n’a pu venir que de ce faux esprit d’analogie, qui, dans les arts de convention, abuse des commencemens d’abus, & ne sachant discerner la limite du vraisemblable, tire des conséquences de ce qui est déjà par soi-même un commencement d’inconséquence.

C’est à cet esprit d’exagération qu’on doit ces croisées ambitieusement décorées dont l’attirail pompeux ne flatte que les yeux ignorans, & dont on s’abstiendra de donner des descriptions.

Il y auroit beaucoup à ajouter aux détails & à la théorie de cet article, mais ce qui manque ici trouvera sa place aux mots Fenêtre, Porte, Encadrement, &c.

Croisée ceintrée. Croisée qui a non-seulement la fermeture en plein ceintre, ou en anse de panier, mais encore dont la menuiserie est ceintrée par son plan, pour garnir quelque baye dans une tour ronde, comme les croisées d’un dôme ou d’une lanterne.

Croisée d’église. C’est le travers qui forme les deux bras d’une église bâtie en croix.

Croisée d’ogives. On appellea insi les arcs ou nervures qui prennent naissance des branches d’ogives, & qui se croisent diagonalement dans les voûtes gothiques. (Voyez Ogyves.)

Croisée partagée. C’est une croisée qui est à quatre, à & six ou à huit jours, c’est-à-dire recroisée par autant de panneaux de verre.


CROISER & RECROISER, v. act. C’est partager une ouverture ou baye en plusieurs panneaux. C’est aussi faire traverser une rue ou une allée de jardin sur une autre.


CROISILLONS, r. m.pi. Ce sont des meneaux de pierre fais de dalles fort minces, dont on partageoit anciennement la baye d’une fenêtre, comme on en voit au vieux louvre & dans d’autres anciens bâtimens.

Croisillons de chassis. Ce sont les morceaux de petits bois croisés, qui séparent les carreaux d’un châssis de verre.

Croisillons de moderne. Ce sont les nervures de pierre qui séparent les panneaux des vitreaux gothiques. Ces croisillons se font à présent en fer dans les églises modernes.


CROIX, s. f. Signe du christianisme qui se place dans les cimetières, dans des places publiques, dans des carrefours, ou sur des grands chemins, soit pour l’indication des routes, soit simplement comme monument de piété. Les croix dont il s’agit se font en fer, en bois ou en pierre, & sont ordinairement portées sur un piédestal orné d’architecture & de sculpture.

La croix sert aussi d’amortissement au faîte des bâtimens sacrês. Celles que l’on place ainsi s’élèvent ordinairement sur un globe de cuivre, & se font le plus souvent du même métal.

Croix d’alignement. Petite entaille en forme de croix, que les experts font avec le ciseau & le maillet, pour servir de repaire, lorsqu’ils donnent l’alignement d’un mur mitoyen. On en fait de part & d’autre aux deux bouts du mur, & aux plis des coudes, s’il y en a, pour marquer avec justesse la limite de deux héritages contigus.

Croix de saint André, (terme de charpenterie.) C’est un assemblage de deux pièces de bois croisées diagonalement, qui sert à contre-ventrer le faîte avec le sous-faîte d’un comble, à garnir un pan de bois, & à porter des cloches dans un béfroi.

Croix Grecque et Latine. La différence de ces deux croix est que la première a les quatre croisillons égaux & que la seconde en a un plus allongé que les trois autres.

Depuis qu’une pieuse allusion a rendu presque générale dans les plans des églises la figure d’une croix, la plûpart des temples chrétiens ont adopté l’une ou l’autre configuration de la croix grecque ou de la croix latine.

Bramante avoit projetté le plan de S. Pierre de Rome en croix latine, Michel Ange le réduisit à la forme de croix grecque. Charles Maderne l’a terminé enfin, en l’allongeant selon la première dimension de Bramante. On peut croire que les basiliques payennes ont inspiré aux chrétiens cette forme que l’on retrouve dans des édifices, où l’on ne sauroit soupçonner aucune intention de rapprochement avec le signe du christianisme. (Voyez Basilique, Eglise & Temple.)


CRONE. s. m. C’est sur le bord d’un port de mer ou de rivière, une tour ronde & basse, avec un chapiteau comme celui d’un moulin à vent qui tourne sur un pivot, & qui a un bas, lequel, par le moyen d’une roue à tambour en dedans, & des cordages, sert à charger & à décharger la marchandises des vaisseaux. C’est dans ce lieu qu’on pèse aussi les bâlots.


CROQUIS s. m. Le croquis est a une esquisse ce qu’une esquisse est à un dessin. C’est la première pensée de l’inventeur, ou pour mieux dire, c’en est comme le germe. Les croquis n’ont ordinairement de valeur que pour les auteurs, parce qu’eux seuls y voyent & y découvrent ce que la