Aller au contenu

Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
EPÉ ESC 295

Le foible est le tiers du tranchant qui fait l’extrémité de la lame.

Le fort est le tiers du tranchant qui est entre le foible & le talon.

Le plat est la partie de la lame qui est entre les deux tranchants.

La pointe est la partie de la lame avec laquelle on perce l’ennemi.

La soie est la partie de la lame qui enfile la garde, la poignée & le pommeau.

La garde est la partie, de l’épée qui garantit la main.

La poignée est la partie de l’épée avec laquelle on la tient.

Le pommeau est le partie de l’épée à l’extrémité de laquelle on rive la soie, & où elle est attachée.

Les maîtres en fait d’armes divisent encore l’épée en trois parties, la haute, la moyenne & la basse, & en fort, mi-fort & foible. Le fort de l’épée est la partie la plus proche de la garde. Le mi-fort git au milieu & aux environs de la lame, & le foible est le reste qui va jusqu’à la pointe, ils divisent de même le corps en trois, la gorge & les épaules ; la moyenne, la poitrine, l’estomac & le ventre supérieur ; & la basse, le ventre inférieur & au défaut jusques vers le milieu des cuisses. V. Escrime, & fig. ire, représentant un homme qui met l’épée à la main.

ESCRIME. Cest l’art de se défendre ou de se fervir de l’épée pour blesser son ennemi, & se garantir soi-même de ses coups. V. Epée & Garde.

L’escrime est un des exercices qu’on apprend dans les académies. Le maître d’escrime s’appelle ordinairement parmi nous, maître en fait d’armes.

L’art de l’escrime s’acquiert en faisant des armes avec des fleurets appellés en latin rudes ; c’est pourquoî on appelle l’escrime gladiatura rudiara.

On prétend que l’escrime est en si haute estime dans les indes orientales, qu’il n’est permis qu’aux princes & aux nobles de s’adonner à cet exercice. Ils portent une marque ou une distinâion sur leurs armes qu’on nomme dans leur langue ésaru, que les rois eux-mêmes leur donnent avec beaucoup de cérémonie, de même que les marques de distinction de nos ordres de chevalier.

Montaigne nous apprend que de son temps toute la noblesse évitoit avec soin la réputation de sçavoir faire des armes, comme une chose capable de corrompre les bonnes mœurs. Voyez Dictionnaire de Trévoux & Chambers.

Le mot escrime nous donne en général l’idée de combat entre deux personnes ; il désigne sur-tout le combat de lépée, qui est si familier aux françois, qu’ils en ont fait une science qui a ses principes & ses règles. Le maître d’escrime commence par rompre le corps aux différentes attitudes qu’il doit affecter, pour rendre les articulations faciles, & donner de la souplesse dans les mouvements ; ensuite il apprend à exécuter les mouvements du bras & sur-tout de la main, qui portent les coups


à l’ennemi ou qui tendent à éloigner les siens ; les premiers se nomment bottes, les seconds parades ; il enseigne ensuite à mêler ces mouvements pour tromper l’ennemi par de fausses attaques, ce qu’on nomme feintes ; enfin il vous apprend à vous servir à propos des feintes & des parades. Cette partie de l’art s’appelle assaut, & est vraiment l’image d’un combat. Voici en abrégé les élémens de l’escrime.

Dans la première attitude dans laquelle on se dispose à recevoir son ennemi ou à se lancer sur lui, le combattant doit avoir (voyez fig. 2 & 3), son pied gauche fermement appuyé sur la terre, & tourné de façon à favoriser la marche ordinaire, le pied droit tourné de façon à favoriser une marche sur le côté ; les deux pieds, par ce moyen, forment un angle droit ouvert par les pointes des souliers, & ils doivent être à trois, quatre ou cinq semelles l’un de l’autre disposés sur la même ligne ; de sorte cependant que si on veut faire passer le pied droit derrière le gauche, les deux talons ne puissent se choquer.

Les deux genoux doivent être un peu pliés, contre le principe de plusieurs qui font seulement plier la jambe gauche & font roidir la droite.

Le bassin, dans l’attitude que j’adopte, étant également fléchi sur les deux os fémur, l’équilibre sera gardé, toutes les parties seront dans l’état de souplesse convenable, & les impulsions données se communiqueront, & plus facilement & plus rapidement.

Le tronc doit tomber à-plomb sur le bassin ; il doit être effacé & suivre dans sa direction le pied droit ; la tête doit se mouvoir librement sur le tronc sans se pencher d’aucun côté ; la vue doit se fixer au moins autant sur les mouvements de l’adversaire que sur ses yeux.

Le bras droit ou le bras armé doit être étendu de façon à conserver une liberté entière dans les mouvements des articles ; ce précepte est de la dernière conséquence, & fort opposé à celui de plusieurs maîtres qui font roidir le bras & le font tendre le plus qu’ils peuvent ; méthode condamnable, car le combattant exécute ses mouvements par les rotations de l’humérus, rotations très-lentes. Ajoutez à cela que ces combattants font toujours partir le corps le premier, habitude la plus repréhensible de toutes celles que l’on peut contracter dans les armes ; car dans ce cas on est un temps infini à porter son coup, & souvent on ne dégage pas. Quand le bras est un peu fléchi, le poignet a la facilité d’agir, ses mouvements sont plus rapides ; vous ayez déjà engagé le fer de votre adversaire du côté où il présente des jours qu’il ne s’en est point apperçu ; le bras en s’allongeant alors, seconde les mouvements du poignet ; & le reste de la machine développant rapidement ses ressorts, se porte en avant, & donne une forte impulsion au poignet dans la direction qu’il s’est choisie ; il faut donc que les articulations de ce bras