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l’art de l’escrime, & tient salle ouverte, où il donne des leçons de son art.

Les maîtres en fait d’armes composent une des communautés de Paris qui n’ont point de rapport au commerce. Elle a ses statuts que l’on trouvera, dans le dictionnaire de jurisprudence.

MASQUE On a quelquefois poussé la précaution jusqu’à porter un masque pour se garantir des coups qui peuvent être portés au visage lorsqu’on s’exerce à l’art de l’escrime. Il est vrai que ceux qui sont encore peu versés dans cet art peuvent blesser leur adversaire en tirant mal, ou se faire blesser en relevant une botte mal parée ; cependant on n’en fait aujourd’hui aucun usage. (V. fig. 62).

MESURE (être en), c’est être à portée de frapper l’ennemi d’une estocade & d’en être frappé. On appelle tirer d’épée ferme, lorsqu’on détache une botte en mesure, de sorte que tierce en mesure ou tierce de pied ferme est la même chose, puisque dans l’un & l’autre cas, c’est allonger une estocade, sans qu’il soit nécessaire de remuer le pied gauche.

Pour connoître si l’on est en mesure, il faut que la pointe de votre épée puisse toucher la garde de celle de l’ennemi, étant en garde de part & d’autre.

Mesure (entrer en), c’est approcher de l’ennemi par un petit pas en avant. Il se fait en avançant le pied droit d’environ sa longueur, & en faisant suivre autant le gauche.

Mesure (être hors de), c’est être trop éloigné de l’ennemi pour le frapper & pour en être frappé. On connoît si l’on est hors de mesure, lorsqu’étant en garde de part & d’autre & sans allonger le bras, la pointe de votre épée ne peut pas toucher la garde de l’épée de l’ennemi.

Mesure (rompre la), c’est s’éloigner de l’en-Demi par un petit pas en arrière. Il se fait en reculant le pied gauche d’environ sa longueur, & en faisant suivre autant le pied droit ; on rompt ordinairement la mesure quand on n’est pas sûr de bien parer & pour attirer l’ennemi.

Mesure (gagner la), c’est avancer sur l’ennemi.

Manière de gagner la mesure.

I. Etant en garde de mesure de l’ennemî, l’épée devant foi, le corps ferme & en arriére, je fais avancer le pied droit en glissant de la longueur d’une demi-semelle sans remuer le pied gauche, qui reste à la même place, ferme & à plat sur la terre. Cette manière est pour tirer de vitesse le long de la lame, lorsque l’ennemi avance, il faut que la main parte la première & que le coup soit bien foutenu.

II. Etant en garde l’épée devant soi & hors de mesure, je fais lever le pied droit à ras de terre, & l’avancer en droite ligne de la longueur d’une semelle, faisant fuivre le pied gauche à proportion, le corps ferme & retiré en arrière, la hanche droite cavée, & les épaules effacées pour être en état de parer & de tirer.

III. Etant en garde & éloigné de l’ennemi, je fais passer le pied gauche devant le pied droit de la longueur d’une semelle, les bras étendus, l’épée devant soi ; il faut que le poignet droit soit à la hauteur de la bouche & tourné de quarte, les ongles en dessus, la pointe plus basse, le corps ferme ; & repasser dans le même temps le pied droit devant le pied gauche de la longueur de deux bonnes semelles sur la ligne droite, vis-à-vis l’ennemi ; puis ayant rejoint l’épée dans la garde ordinaire, l’attaquer vigoureusement.

IV. Etant en garde hors de mesure, je fais avancer en glissant le pied gauche de la longueur d’environ une semelle, sans remuer le pied droit qui reste stable, toujours le corps bien en arrière & l’épée devant soi, afin que l’ennemi ne s’apperçoive pas de la mesure qu’on a sur lui ; & dans le même temps qu’il fait un mouvement pour avancer ou pour reculer, lui tirer vigoureusement le long de la lame le coup soutenu.

Manière de rompre la mesure.

I. Etant en garde & obligé de rompre la mesure, je fais retirer le corps en arrière, la main droite la dernière, l’épée devant soi, & glisser le pied droit en l’approchant du pied gauche, sans remuer ce dernier pied, restant toujours ferme à terre, la hanche cavée & les genoux ptiés, afin, l’ennemi venant à tirer, d’être en état de parer en lâchant le pied gauche en arrière, ou de tirer s’il faisoit un mouvement pour reculer, ayant la longueur de plus d’une semelle de mesure sur lui, à son insçu, ce qui est le moyen de le surprendre.

II. Quand l’ennemi court en avant & qu’il est trop près pour lui tirer, je fais rester le pied droit ferme, & glisser brusquement le pied gauche en arrière de la longueur d’un bon pied, en tirant le long de la lame le coup bien soutenu.

III. Si l’ennemi avance avec trop d’impétuosité, je fais reculer le pied gauche de la longueur d’une semelle, & suivre le pied droit en traînant, la main la dernière, l’épée devant soi, le corps ferme & porté sur la partie gauche, avec la hanche droite cavée & les épaules effacées.

IV. Après avoir tiré à l’ennemi, s’il vous poursuit, après avoir paré, je fais faire retraite la main la dernière, c’est à-dire, le corps partant le premier en arrière, en passant le pied droit derrière le gauche, les bras & les jambes tendus, l’épée devant soi, le poignet haut, & baissant la pointe, comme il est dit, les ongles en-dessus, avec les épaules effacées ; puis ayant repassé le pied gauche derrière le droit dans la même attitude, se remettre dans sa garde ordinaire.

Ayant le soleil devant les yeux lors d’une affaire sérieuse, on court risque d’y succomber si on ne sçait la manière de tourner autour de son ennemi pour gagner le terrein avantageux. Voici pour y


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