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rautel ; les arbres antiques de cette îfle difparoiffoi ^ni Dour faire place aux myrtes ^ aux orangers & aux bofquets de rofes & de jafmins. Les Mi%yniensà Tarpcô de leur divinité renverfce ^& de leur culte profané, entrent en fureur ; mais l’amour ne leur permet de faire éclater leur colère que par unerralle ; il les arrête toujours iQrfqu’ils font près de frapper. Les inftants du charme qui les rend immobiles , offrent une multitude de tableaux & de grouppes qui diffèrent tous par les pofitions , par la diflribution , par la comppHtion , mais qui expriment également ce que la fureur a de plus affreux. Les tableaux que préf^ntent les Nymphes font d*un goût & d un coloris tout oppofé. Elles ne parent les coups que les Mifogyniens tentent de leur porter, qu’avec des «races & des regards pleins de tendreffe & de volupté. Cependant 1 amour ordonne à celles ci de combattre & de vaincre ces fauvages ; ceux-ci ne font plus qu’une foible réfiftance. S jIs ont la force de lever le bras pour porter un coup , ils n’ont pas le courage de le laifTer tomber. Enfin leurs ma/Tues leur échappent » elles tombent de leurs mains. Vaincus &/ans défenf<^, ils fe jettent aux genoux de leurs vainqueurs, qui, naturellement tendres , leur accordent leur grâce en les enchaînant avec des guirlandes de fleurs. L’Amour fatistait unit CLirvilU à Confiance ^ les M’îfopynuns aux Nymphes , & donne à Dorval Zènéïde^ )cune nymphe que ce Dieu a pris foin de former. Une marche de triomphe forme l’ouverture de ce ballet ; les Mymphes mènent en lefTe les vaincus ; l’amour ordonne des (htts , & le divertiffement général commence. Ce Dieu , CUirvilk & Confiance , Doaval &Zénéïde, les jeux & les plaifirs danfent les principaux morceaux. La contre-danfe noble de ce MUt fe dégra<ie infenfiblement de deux en deux , « tout le monde fe place fuccefîîvement fur le vaiffeau. De petits gradins pofés dans des fens differens & à des hauteurs diverfes , fervent , pour amfi dire, de piédeftal à cette troupe amoureufe , & offrent un grand grouppe diflribué avec élégance ; on lève l’ancre , les zéphirs enflent les voiles, le vaiffeau prend le large , & pouffé par des vents tavorables il vogue vers Cythère.

Ce halUt a été exécuté avec foin & rien n’a été épargné. Les Nymphes avoientdes habits gâlans dont les corfets différoient peu de ceux des amazones. Les vêtemens des fauvages étoient d’une forme fmgniière & dans des couleurs entières ; une partie de la poitniie , de» bras & des jambes étoient couleur de chair. L’amour n’étoît reconnu que par fes ailes, & étoit vêtu dans le goût des corfaires brigantius. Les habits des jeux & des plaifirs empruntoient la forme de ceux des matelots qui fervent fut les bâtiments corfaires , avec cette différence qn ils étoient plus galants.

Clairville , Dorval & Conflance , fans être mis richement, étoient vêt«s de bon goût & convenallemenc Un beau défordre compofoit leur parure, I Equitation , Efcriim fr Danft.

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Le deflin des habits étoit de M. Foquef ^ & la mu-> fique de M. Granier. Elle imitoit les accens de la nature i fans être d’un chant uniforme , elle étoit harmonieufe. Il avoit mis enfin l’aâion en mufique ; chaque trait étoit une cxpreffion qui prêtoit des forces & de l’énergie aux mouvements de la danfe, & qui en animoit touts les tableaux. levais paffer aâuellement au Jaloux fans rival ," halUt Efpagnol ; & je préviens d’avance qu’il y a encore des combats Ôc des poignards. Ou appelle le Mifanthrope y V homme aux rubans verds ;x}n me nommera peut être r homme aux poignards. Lorfque l’on réfléchira cependant fur lart pantomime , lorfque l’on examinera les limites étroites qui lui font prefcrites , lorfque l’on confidérera enfin fon infuffifance dans tout ce qui s’appelle dialogue tranquille, & quelon fe rappellera jufqu’à quel point il eft fubordonné aux régies ùe la peinture , qui , comme la pantomime , ne peut rendre que Acs inftans , on ne pourra me blâmer de choifir touts ceux qui peuvent , par leurs liaifons & par leurs fucceffions, remuer le cœur & affeâer lame. Je ne fais fi j’ai bien fait de m’atracher à ce genre , mais les larmes oue le public a données à plufieurs fcénes de mes ballets , l’émotion vive qu’iW ont caufée , meperfnadent que fi je n’aipoinc encore atteint le but, du moins, ai-je trouvé la route qui peut y conduire. Je ne me flatte point de pouvoir franchir la diflance imnicnfe qui m’en éloic^ne & qui m’en fépare ; ce fuccès n’eft réfervé qu^a ceux à qui le génie prête des ailes ; mais j’aurai du moins là fatisfaftion d’aVoir ouvert la voie. Indiquer le chemin qui mène à la perfeâion , efl un avantage qui fuflit à quiconque n’a pas eu la force d’y arriver. Fernandefl amant d’Inès ; Cliiandre , petit-maître françois, efl amant de Béatrix , amie d’Inès ; voilà les perfonnages fur lefquels toule toute l’intrigue. Cliiandre f à propos d’un coup d’échec , fe brouille vivement avec Béatrix.

Quelques chofes qu’aient pu dire les petts critiques au fujét de la fcène fimuttanée de M. Diderot & de la partie de trictrac jouée dans la première fcènedu père de famille , ce qui la rend plus vraie. & plus naturelle, j’ai mis un jeu d’échec dans mon ballet. Le théâtre efi ou devroit être le tableau fidèle de la vie humaine ; or tout ce qui fe fait de décent & de permis dans la fociété , peut être jette fur cette toile ’, tant pis pour ceux oue le beau fimple ne féduit point ; fi leur cœur eft glacé ,& s’il efl infenfible aux images intéreffantcs que préfeiitent des niœurs douces & honnêtes, faut-il qu’un auteur abandonne fes fentimens & renonce fans ceffe à la nature , pour fe livrer à des féeries & à des bambochades ? Ou ne peut-on être ému que par un fpeâade continuel de dieux & de héros introduits fur la fcène ?

Inès cherche à raccommoder Clitandre & Béatrix : celle-ci naturellement fière fe retire ; Clitandre défefpéré la fuitj ne pouvant obtenir fon par* don , il revient un in/lant après , & conjure Inès Aaa