Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/403

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39* C H O T) enfemhU , fans colons ; les grands traits feront » effacés ; le$ proportions , les contours agréables » ne frapperont point mes yeux ; j’appercevrai I» feulement des vefliges & des traces d’une aâion H dans les pieds , que n’accompagneront ni les M attitudes du corps » ni les pofitions des bras , ni » Texpreflion des têres ; en un mot , vous ne m’offrirez qu’une toile fur laquelle vous aurez con-

  • fervé quelques traits épars de différens maîtres w.

J*ai appris la chorégraphie ^6l je Tai oi^liée ; fi je la croyois utile à mes progrès , je Fapprendrois de nouveau. Les meilleurs danfeurs & les maîtres de ballets les plus célèbres la dédaignent , parce qu’elle n*eft pour eux d’aucun fecours réel. Elle pourroit cependant acquérir un degré d’utilité y & Je me propofe d'en entretenir le public > après lui avoir fait pat ;^ d’un projet né de quelques réflexions furTacademie de danfe , dont l’établiflement n’a eu vraifemblablement d’autre objet que celui de parer à la décadence de notre art & d’en liâter les progrès.

’ La danfe & les ballets prendroient fans doute une nouvelle vie , fi des ufages établis par un efprit de crainte & de jaloufie » ne fermoient en quelque forte le chemin de la gloire à touts ceux Qui pourroient fe montrer avec quelque avantage furie théâtre de la capi^le, & convaincre par la nouveauté de leur genre , crue le génie eft de touts les pays , & cju’il croit & s’élève en province avec autant de facilité que par-tout ailleurs. Je ne veux point déprimer les danfetirs que la faveur» oufi vous le voulez, une étoile favorable a conduits à une place à laquelle de vrais talens les appeloient : l’amour de mon art , & non l’amour de moi-même, efl lefeul qui m’anime ; & je meperfnade que fans blefler quelqu’un , il m’eft permis de fouhaiter à la danfe les prérogatives dont jouit la comédie. Or les comédiens oe province n ont-ils pas la liberté de débuter à Paris & d’y jouer trois rAles différens ^ à leur choix ? Oui , fans doute ,

reçu ou de ne le pas 

auteur qui triomphe par fes talents de la cabale comique , 6c qui s’attire &ns bafieite les fuffrages unanimes d’un public éclairé, doit être plus que dédommagé de la pfivation d’une place qu’il doit snoins regretter lorfqu’il fai^. qu’il la mérite légitimement.

La peinture n’auroit certainement pas produit tant d’nommes iilufires dans touts les genres qu’elle embrafle , fans cette émulation qui règne dans fon académie. C’eft-là que le vrai mérite peut fe montrer fans crainte ; il place chacun ’dans le rang qui lui convient : & la faveur fut toujours plus foible à la galerie du louvre , qu’un be^u pinceau qui la force au filence.

Si les ballets font des tableaux vivans, s’ils doivent réunir touts les charmes de la peinture, pourquoi u’efl-il pas permis à nos maîtres d’e^cpofer fur c H

le théitre de Topera trois morceaux de ce genre ; l’un tiré de l’hiftoire , l’autre de h fable , & le dernier de leur propre imagination ? Si ces maîtres réuffiflbient , on les recevroit membres de l’académie « ou on les aerçgeroit à cette fociété. De cette marque de diftinra^on & de cet arrangement , naitroit , à coup fur , l’émulation ( aliment précieux des arts ) ; & la danfe encouragée’ par cette récompenfe , quelque chimérique qu’elle ptiifle être » fe placeroit d’un vol rapide à c6té des autres* Cette académie devenant d’ailleurs plus nombreufe , fe dîflingueroit peuf^tfe davantage ; les efforts des provinciaux exciteroient les fiens ; les danfeurs qui y feroient agrégés , fervtroient d’aiguillon à fes principaux membres ; la vie tranquille de la pro«  vince faciliteroit à ceux qui y font répandus , les moyens de penfer , de réfléchir & d’écrire fur leur art ; ils adreiTeroient i^ la fociété des mémoires fouvent inflruâifs ; 1 académie , à fon tour, feroit forcée d’y répondre ; & ce commerce littéraire , en répandant fur nous un jour nouveau , nous tireroit peu-à-peu de notre langueur & de notre obfcurité. Les jeunes ^ens qui fe livrent à la danfe machinalement & (ans principes , s’inftruiroient encore iflfailliblement ; ils apprendroient à connoitre les difficultés, ils s’eiTorceroient de les furmonter, & la vue des routes (ure s les empécheroit de fe perdre & de s’égarer.

On a prétendu que notre académie eflle féjour du filence , & le tombeau des talents de ceux qui la compofent. On s’efl plaint de n’en voir fortir aucun écrit ni bon , ni mauvais « ni médiocre , ni fatisfaifant , ni ennuyeux ; on lui reproche de s’être entièrement écartée de fa première inftitution , de ne s’afTembler que rarement ou par hafard , de ne s’occuper en aucune manière dts progrès de l’art oui enefl l’objet, ni du foin d-inllruire les danfeurs 9c de former des élèves. Le moyen que je propofe feroit inévitablement taire la calomnie ou la mcdifance , & rendroit à cette fociété la confidé* ration & le nom (|ue plufieurs perfonnes l|ii refu* fent peut-être injuflement. J’ajouterai que (ts (xc^ ces , fi elle fe déterminoit àprendre des difciples , feroient infiniment plus afiurés ; elle*6teroit du moins à une multitude de maures avides d’une ré-r putation qu’ils n’ont pas méritée , la reffource de s’attribuer les progrès des élèves , & la liberté d’en rejetter les défauts fur ceux dont ils ont reçu les premières leçons. Ce danfeur^ difent-ils, a reçuprU muivfment de mauvais principes ; s* il a des défauts , ce rCeftpas ma faute ; j’ai tenté timpojfhle^ Les par" ties dans lef^uelles il fe diftingue m’appartiennent , elles font tûon ouvrage. Cefl ainfi qu’on fe ménago adroitement , en fe reftifant aux peines de l’état , une réponfe courte en cas de critiaue , & une forte de créait & de confiance en cas d applaudifTemem» Vous conviendrez cependant que la perfeâion de l’ouvrage dépend en partie de la beauté de Véhau" che ; niais un écolier que l’on préfente au public efl comme un ubleau qu un peiotre expofç ^ufallon i