Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/404

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CH O font leiiMNiJélevoit ; tout le monde Udmire 8c l’applaudit , ou tout le monde le blâme & le cenfure. Figurez-vous donc Tavantage que Ton a d’être conOamment à rafiut des fujets agréables formés dans la province * dès qu’on peut fe faire honneur ^es ulentt qu’on ne leur a pas donnés. Il ne s’agît que de débiter d abord que Télève a été indignement enfeigné , que le maître Ta totalement perdu , que Ton a eu une peine inconcevable à détruire cette m2uyzi{€ danfe de campagne » & à remédier à des défauts étonnans. Il faut eafuite ajouter que l’élève a du sèle , qu’il répond aux foins qu’on fe donne , qu’il travaille nuit & {our, & le raire débuter un mois après. Allons voir ( dtton ) , danfer €e jeune homme ; c’eft técolUr Jtun tel ; il ètoit détef* table il y a un mois. Oui , répond celui-ci , il était infouienable & du dernier mauvais. L’élève fe pré* 4 :nte,on l’applaudit avant qu’il danfe.,Cep.endant il fe déploie avec grâce ^ il fe deffine avec élégance ; ies attitudes font belles, fes pas bien éctits*, il eft brillant en l’air, il eft vif & précis terre-à-terre. Quelle furprifel on crie miracle. Le maître eft étonnant I avoir formé un danfeur en vingt levons I cela me s*eft jamais fak* En honneur, les talenis de notre fiecle font ftvprenans.

Le maître reçoit ces louanges avec lïhe modeftie 2ui féduit , undis que l’écolier , ébloui du fuccés i étourdi des applaudiflemens , fe voue à l’ingratitude la plus noire ; il oublie jufqu’au nom de celui à qui il doit tout ; todt fentimem de reconnoifiance en pour jamais, effacé de fon ame ; il avoue , il protefte effrontément qu’il ne favoit hen ,com«ie s’il étoit en état de fe juger lui-même ; & il encenfe le charlatanifme par lequel il imagine que les éloges lui ont été prodigués»

Ce n’eft pas tout : .ce même élève fait un nou-Teau plaifir toutes les fois qu’il paroît ; bientôt il donne de la jaloufte & de l’ombrage a fon maître ; celui-ci hii refufe alors des leçons , parce que fon genre eft le même » & qu’il craint que fon écolier ae le furpafte <c ne le. faâe oublier. Quelle pecîteffe !

peut-on fe perfuader qu’il n’y ait point de 

gloire à un habile homme d’en faire un plu%ibabile que lui i Eft-ce avilir fon mérite & ftètrir fa réputa* fion ,que de £iire revivre ta talents dans ceux d’un écolier ? Eh I le public pourroit U {çavoir mauvais {(ré à Jéliùte , s’il eût formé un homme <iui l’égaftt ?

en feroi^il moins Jéliote ? Non fans aoute ; de 

]^reilles craintes ne troublent point le vrai mérite Âcn’alarmeot gue les demi-talents.

Mftis revenons à l’académie de danfe : que de snémoireiexcellens , que d’obfervations neuves » & combien de traités inftruâifs fortiroient de la fociété, fi l’émulation des membres étoit aiguillon* née Sc^éveillée par les travaux qui leur feroient offens >

Il eût été fouhaher que le^ académiciens & le

corps même de l’académie eiiffeni fourni àTency- «^opédie toitts les articles s3fÀ concernent l’art ne J«4a9fe (jtf. objet eût éj^é siîeiix reoipli par des Efuitation, Efcrime & Danfe.

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artiftes édaîrés que par »1 de Cahufaci La panic hiftoriqueappartenoit à ce dernier ; mais la partie méchanique devroit, ce me femble , appartenir de droitauxdanfeqps.Ilsauroient éclairé le public & leurs confrères ; & en illuflram Tart, ils fe feroient illuftrés eux-mêmes. Les productions ingènieufes que la danfc enfante fi fouvent à Paris, & dont ils aeroient pu donner au moins quelques exemples » auroient été confacrées dans des planches différentes de ces tables chorégraphiques , qui , comme je l’ai dit , n’apprennent rien, ou n’apprennent que très-peu de chofe. Je fuppofe &n effet que lacadémie eût affocié à k^ travaux deux grands hommes.. Boucher ^&. M. Cochin ; qu’un académicien cAaWgraphe eût été chargé du ioln de tracer les chemins &de deifiner les pas ; que celui qui étoit en état d’écrire avec plus de netteté, eût expliqué tout ce que le plan géométral n’auroit pu préfenter diftinctement ; qu’il eût rendu compte des effets que dia* que tableau mouvant auroit produits , & de celui qui téfuitoit de telle ou telle fituation ; qu’enfin il eût analyfé les pas, leurs enchainemensiucceffifs ; qu’il eût parlé des positions du corps , des attitudes , & qu’il n’eût rien omis de ce qui peut expliquer 8| faire entendre le jeu muet , Texpreffion pantomime & les fentimens variés de l’ame par les caraÂéres variés de la phyfionomie ; alors Boucher , d’une main habile , eût deffiné touts les groupes & toutex les Situations vraiment intéreffantes ; & M. Cochin , d’un burin hardi , auroit multiplié les efquiffcs de Boucher. Avec le fecours de ces deux hommes célèbres , nos académiciens auroient fait paffer à M poftérité le mérite des maicres de ballets & des danfeurs habiles dont le nom eft à peihe confervé parmi nous , & qui ne nous laiffent , après qti^ils ont abandonné le théâtre , qu*un feuvenîr confus des talents qui nous forçoienc à les admirer. La chorégraphie deviendroit alors intéreffante. Plan géométral , plan d’élévation , defcription fidelle de ces plans , tout fe préfemeroir à reeil ^ tout inflrui* roit^es attitudes du corps, de l’expreffion . des té* tes , des contours des bras » de la pofition des jambes , de Télègance du vêtement , de h vérité dit . eoftume ; en un mot, un tel ouvitge foiitenu du crayon & du burin de ces deux illuftrés artifles , feroit une fource où l’on pourroit puifer, & je le regarderois comme les archives de tout ce que no*tre art peut offrir de lumineux , d’tntéreffant 8e de beau. ’ "

Quel projet , me diret-irous ! qudle dépenfe im«’ menfe 1 quel livre voluffilneni t il me fera Âcile devons répondre. I^ Je ne propofe pas deux mercé*** naires, mais deux artiftes qui traiteront l’académie avec ce défiméreffement qnt eft la oyaraue & la preuve des vrais talents, l^ Je ne leur defline qitc des chofes abfohinent dignes d’eux & de leurs feins , c’eft«>à-dire , des chofes excellentes , pleines ’ de feu & de génie, de ces morceaux rares exaéle*ment neufs & qui infpirent par eux-mêmes. Ainfi’ jmità des dépeiaes énûgnées 8i (urèment des plan« * ^’^ Pdd