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L’art de Nager 427

les dangers de la pêche, il n’en est pas de plus grand ni de plus ordinaire. Souvent les plongeurs, pour les prévenir prennent avec eux un bâton ferré qu’ils enfoncent dans la gorge de ces monstres.

Quand les huîtres perlières sont tirées de la mer, on attend qu’elles s’épanouissent, pour en tirer le trésor quelles contiennent ; car si on les ouvroit, comme nous faisons les huîtres, on courroit risque d’endommager les perles. On les laisse ordinairement quinze jours après qu’elles ont été tirées de l’eau. Elles s’ouvrent alors d’elles-mêmes, & l’on peut sans inconvénient en tirer les perles.

Pline assure que de son temps les plongeurs mettoient dans leur bouche des éponges trempées dans l’huile, pour se ménager quelque portion d’air propre à la respiration. Cet usage est encore observé par les plongeurs de la Méditerranée, par la plupart des Nègres d’Afrique, & par un grand nombre d’Américains indigènes. Mais si l’on considère, d’un côté, la petite quantité d’air renfermée dans les pores d’une éponge, & de l’autre, combien elle est comprimée par l’eau qui l’environne ; on conviendra qu’il est impossible qu’un pareil secours aide longtemps le plongeur. Il est démontré par l’expérience qu’une certaine quantité d’air renfermée dans une vessie, & qu’on a alternativement respiré & fait sortir des poumons par le moyen d’un tuyau, ne peut suffire à la respiration que pour très-peu de temps. La raison de ce phénomène est fort simple. L’élasticité de l’air s’altère peu-à-peu en passant par les poumons ; & cet élément s’épuisant insensiblement, il perd ses esprits vivifians & toute son efficacité.

Pour procurer aux plongeurs la faculté de demeurer au fond de l’eau, on a imaginé deux tuyaux d’une manière flexible, propres à faire circuler l’air jusqu’au fond de l’eau, dans la machine où le plongeur est renfermé comme dans une armure. Par ce moyen, on lui donne l’air qui lui est nécessaire ; on le garantit des pressions de l’eau, & la poitrine se dilate librement pour respirer. L’effet de cette machine qui fait entrer l’air avec des soufflets par l’un des tuyaux, & le fait sortir par l’autre, est le même que celui des artères & des veines.

Mais cette machine, toute avantageuse qu’elle pourroit être dans quelques rivières, ne peut servir dans les endroits, où la profondeur de l’eau est à plus de trois brasses ; parce que l’eau resserre si étroitement les parties sur lesquelles elle peut agir, qu’elle empêche la circulation de l’air. D’ailleurs elle presse avec tant de force toutes les jointures de l’armure, que, si elles offrent quelque défaut, l’eau s’y ménage un passage, par lequel elle inonde dans un instant toute la machine, & met la vie du plongeur dans le plus grand danger.

Pour remédier à touts ces inconvénients, on a imaginé la cloche du plongeur. Les nageurs sont en pleine sûreté dans cette machine, jusqu’à une profondeur raisonnable ; & ils peuvent rester plus ou moins dans l’eau, selon que la cloche est plus ou moins grande. Le plongeur assis dans cette cloche, s’enfonce avec l’air qui y est enfermé. Si la cavité du vaisseau peut contenir un tonneau d’eau, un seul homme peut rester une heure entière à une profondeur de cinq ou six brasses sans aucun danger

On comprend sans peine que plus le plongeur s’enfonce dans l’eau, plus l’air est resserré par la pesanteur de l’eau qui le comprime. La principale incommodité qu’il éprouve en cette occasion, provient de la pression qui s’exerce sur les oreilles dans lesquelles il y a des cavités, dont les ouvertures font en dehors. C’est ce qui fait que dès que la cloche commence à descendre dans l’eau, on sent une pression sur chaque oreille, qui par degré devient plus violente & plus incommode, jusqu’à ce que la force de la pression surmontant l’obstacle, & laissant entrer quelque portion d’air condensé, le plongeur se trouve alors à son aise. Si l’on fait descendre la cloche plus avant, l’incommodité recommence & cesse de même.

Cette machine offre un inconvénient plus dangereux encore : il consiste en ce que l’eau y entrant peu à peu & à mesure que l’on descend, cet élément resserre le volume d’air dans un si petit espace, qu’il s’échauffe promptement, & perd aussitôt les qualités qui le rendent propre à la respiration. Il est donc nécessaire de remonter de temps en temps cette cloche pour en renouveller l’air ; & cette précaution est d’ailleurs d’autant plus essentielle, que le plongeur absorbé par l’eau dont il est presque couvert, ne pourroit pas y rester plus long temps sans perdre la vie.

M. Halley, mort à Greenwich en 1742, frappé de touts ces défauts qui mettoient chaque jour une foule de personnes en danger de périr misérablement, a trouvé le moyen, non-seulement de renouveller l’air de temps en temps & de le rafraîchir, mais encore d’empêcher que l’eau n’entrât dans la cloche à quelque profondeur qu’on la fît descendre. Pour y réussir, il fit faire une cloche de plongeur, de bois dont la cavité étoit d’environ soixante pieds cubes. Il la revêtit en dehors d’une assez grande quantité de plomb, pour qu’elle pût s’enfoncer vuide dans l’eau ; & il mit au bas une plus grande quantité de ce métal, pour empêcher qu’elle ne descendit autrement que d’une manière perpendiculaire. Au haut de la cloche, le géomètre anglois avoit ménagé un verre propre à donner du jour dans l’intérieur de la machine, avec un petit robinet, pour faire sortir l’air chaud. Au bas, environ une toile au-dessous de la cloche, il y avoit un plateau attaché par trois cordes à la cloche, & chargé d’un poids de cent livres pour le tenir ferme.

Pour fournir l’air nécessaire à cette cloche, M. Halley se servit de deux barrils garnis de plomb, de manière qu’ils pouvoient descendre vuides. Au fond de chacun étoit un bondon, dont l’usage étoit de faire entrer l’eau lorsqu’ils descendoient, & de la laisser sortir lorsqu’ils montoient. Au haut de ces bat


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