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428 L’art de Nager

rils étoit une autre ouverture à laquelle on avoit attaché un tuyau de cuir assez long pour pendre au-dessus du bondon, lorsqu’il étoit abaissé par le poids dont on l’avoit chargé ; de sorte que l’air, étant poussé dans la partie supérieure du barril, à mesure que l’eau montoit, ne pouvoit s’échapper par le haut du tuyau, lorsque le barril descendoit, à moins que l’extrémité qui pendoit en bas ne fût relevée.

On attachoit à des cordages ces barrils pleins d’air, pour les faire monter & descendre alternativement ; de petites cordes attachées au bord de la cloche, servoient à les diriger dans leur descente, de manière qu’ils se présentoient sous la main du plongeur, placé sur le plateau pour le recevoir. Alors, celui-ci relevoit les extrémités des tuyaux ; & aussitôt tout l’air renfermé dans la partie supérieure des barrils, s’élançoit avec violence dans la cloche, & étoit remplacé par l’eau.

Lorsqu’on avoit ainsi vuidé un des barrils, le signal annonçoit qu’il falloit le retirer. L’autre lui succédoit aussitôt. Par le moyen de cette alternative continuelle, on renouvelloit l’air avec la plus grande abondance. M. Halley étoit si persuadé qu’on n’avoit rien à craindre dans cette machine, qu’il ne fit aucune difficulté de se mettre lui-même du nombre des cinq plongeurs qui l’essayérent. Ils descendirent dans l’eau jusqu’à la profondeur de neuf à dix brasses, où ils restèrent une heure & demie, sans y éprouver la moindre incommodité.

La seule précaution que prit M. Hallley en cette occasion, fut de laisser descendre la cloche peu à peu & de suite jusqu’à la profondeur de douze pieds. Il la fît arrêter ensuite, prit, avant de descendre plus bas, de l’air frais dans quatre ou cinq barrils, & fit sortir toute l’eau qui étoit entrée dans la cloche. Lorsqu’il fut arrivé à une profondeur suffisante, il laissa évaporer, par le robinet placé au haut de la cloche, l’air chaud qui avoit été respiré, pour lui substituer le frais qu’il tira de chaque baril. M. Halley remarque que, quelque petite que fut cette ouverture, l’air en sortit avec tant de violence, qu’il fit bouillonner la surface de la mer.

Indépendamment de l’avantage qu’offre cette machine de s’y tenir sans se mouiller, la fenêtre pratiquée au haut de la cloche permet à la lumière de s’y introduire assez, pour que l’on puisse y lire & y écrire aisément, sur-tout quand la mer est calme, & qu’il fait un beau soleil. Lorsqu’on retiroit les barrils d’air, M. Halley envoyoit des ordres écrits avec une plume de fer ; &, si l’eau de la mer étoit trouble, ou l’air obscurci par des nuages, il avoit la facilité de tenir dans la cloche une bougie allumée. Le même auteur assure avoir inventé un autre expédient, propre à donner au plongeur la liberté de sortir de la cloche, & de s’en éloigner à une assez grande distance, en lui fournissant un torrent d’air continuel par de petits tuyaux, qui lui servent aussi de guides pour le ramener vers la cloche.

Si l’on en croit M. Boyle, le célèbre Corneille Drebell a trouvé dans le quinzième siècle un secret bien supérieur à celui-ci. Cet alchymiste hollandois imagina, dit-on, un vaisseau propre à être conduit sous l’eau, à la rame, & une liqueur qui suppléoit à l’air frais, dont on étoit privé dans ce vaisseau. On ne peut guère douter que cette liqueur ne fut l’air dèphlogistique, que nous connoissons aujourd’hui.

De l’art de nager avec la seule aide des membres.
Manière d’entrer dans l’eau.

Ceux qui veulent se former dans l’art de nager, s’effrayeront sans doute de la froideur de l’eau. Elle nous incommode en effet aux premières approches, au milieu même des chaleurs de l’été ; mais nous nous y accoutumons peu à peu & sans beaucoup de difficulté ; & les sensations délicieuses qui passent successivement dans touts nos membre, cette fraîcheur douce & salutaire qui les pénètre, & ce précieux baume qui s’introduit dans la masse du sang & lui donne un nouveau ressort, nous font bientôt oublier l’espèce de saisissement que nous avons éprouvé en commençant.

Les personnes qui ne savent pas nager, doivent entrer tout doucement dans l’eau ; mais ceux qui sont instruits de cet art n’ont pas les mêmes précautions à prendre. Tantôt ils s’y précipitent tout droit & les pieds à-plomb, tantôt après avoir fait quelques pas dans l’eau, ils s’y couchent, en étendant le corps & les bras ; d’autres, tenant la main droite, quelquefois toutes les deux derrière le cou, prennent leur secousse vers le bord de la rivière, dans laquelle ils se jettent la tête la première, & battent l’eau successivement du gras de leurs jambes.

Il y en a qui, après avoir pris leur course d’assez loin du rivage, se précipitent dans l’eau sur le côté droit ou sur le gauche ; d’autres s’y jettent les pieds les premiers, & tenant ainsi le corps droit & ferme, ils s’étendent sur l’eau qu’ils battent avec force du gras de leurs jambes. Cette façon est très-sûre & la meilleure de toutes celles que l’on pourroit adopter.

Il faut pourtant observer que toutes ces manières d’entrer dans l’eau, quoique bonnes, offrent un inconvénient assez dangereux ; c’est que ceux qui les pratiquent courent risque d’être suffoqués par l’eau, qui leur entre par le nez & par les oreilles. Pour éviter cette incommodité, qui pourroit coûter la vie à ceux qui commencent, il faut avoir soin de retenir son haleine. Mais comme il seroit d’autant plus difficile de mettre ce remède en usage, que plusieurs nageurs vont au fond de l’eau en des endroits d’aune grande profondeur, il est essentiel de se tourner sur le dos lorsqu’on se sent gêné ; & cette précaution seule empêchera qu’on ne descende plus bas.

Première leçon sur l’art de nager.

Il est prudent, lorsqu’on veut apprendre à na-