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432 L’art de Nager

d’abaisser promptement la jambe que l’on tient élevée, & ae prendre l’autre de la manière que je viens d’indiquer.

Manière de nager comme les chiens.

Si l’on se trouve sur un fond couvert d’herbes, on ne peut guères se tirer impunément d’un pas si dangereux, qu’en nageant comme les chiens. Cette manière, qui paroit fort difficile au premier coup-d’œil, est pourtant fort aisée à apprendre. Il arrive même que ceux qui se savent pas nager, s’élèvent au-dessus de l’eau, & s’y soutiennent lorsqu’ils sont assez heureux pour rencontrer cette position sans y penser. Si vous voulez nager ainsi, élevez & abaissez successivement un peu les deux mains l’une après l’autre. Faites-en autant des pieds, avec cette différence néanmoins que les mains doivent vous servir à attirer l’eau vers vous, & les pieds à la repousser. Vos mouvements doivent commencer par la main droite & le pied droit, ensuite par les deux autres membres opposés, & ainsi successivement.

Manière de battre l’eau.

Si vous nagez fur le dos, vous pouvez battre Feau avec fracas chaque fois que vous étendez les jambes. Ceux qui y réuffiffent le mieux dans cette efpèce d*amufement ; approchent le menton de leur poitrine. Il y ea a qui, indépendamment de cette difpofition, élèvent la jambe plus haut, frap » pent fuççciTivement des deux)ambes chaque fois qu’ils les étendent | jSc tournent en même temps tout le corps. Cette inanière e(l la plus agréable & la plus lefte. Pour y réuffir parfaitement, il faut tenir tout le corps fort étendu fur le dos, enfler la poitrine, & la foutenir prefque hors de Teau, & fa paume des mains étendue & tournée vei^ le fond. Ce font les mains qui doivent foutenir le corps, tandis que Ton étend les jambes. Vous pouvez battre iVau ^ vous tourner en même temps. En ce cas i fi votre jambe droite fe trouve élevéie, vous l’abaiiTerey d’abord pour firapper Tçau. Au même inftant vous élèverez la gauche, & par un même mouvement, vous ferez faire à votre corps m tour complet. Cette agilité qui caraâérife un bon nageur, peut vous fervir en plufieurs circonflances où vous vous trouverez embarrailé. Vous f>ouvez encore exécuter dans cet état le faut de a chèvre. J’appelle ainſi cette manière, parce qu’en la pratiquant on bat pluſieurs fois l'eau des pieds comme les chèvres font la terre. Ne vous v engagez pas ſi vous n’avez du courage, de la force & de l’expérience. Ayez ſoin de vous tenir la poitrine enflée. Enſuite, battez des deux mains deux ou trois fois & à courtes repriſes, l’eau qui vous preſſe les flancs. Vous la battrez avec plus de violence & de fracas la dernière fois que les autres. En comprimant ainſi l'eau des mains, vous élèverez les deux jambes, avec la précaution de les faire gliſſer l*une après l’autre avant de les laiſſer retomber ſur l'eau, comme font ceux qui cabriolent. Cette ma-

nière eſt la plus difficile de toutes celles que je pourrois vous apprendre, & ſi vous parvenez jamais à la remplir avec dextérité, vous pourrez vous vanter d’avoir atteint au plus haut période de l’art de nager.

Manière de se jouer d’un pied.

Ne pensez pas que touts ces rafinements, toutes ces efpèces de tours de force que je vous indique ici, n’aient que le pur agrément pour ob}er. Cha* cune de ces manières de nager offre une utilité par-> ticulière, dans xétte foule de prefiâns dangers auxquels nous pouvons nous trouver expofés. Ce& lui, par exeinple, qui fait jouer habilement du pied en nageant, fe rend, en quelque forte, maître de rélément qui le fupporte » & fe débarrafle avec dextérité des herbes qui s’offrent à chaque ps^ Air fa route, lorsqu’il a une longue carrière à parcou* rir. L>rt d’y reuffir eft fort fimple. Il ne confifte

! [u*à tourner, tantôt à droite, tantôt à gauche, & en 

e preffant le menton contre le cou. Pour remplir avec fuccès cette évolution, il faut enfler la pot « ’ trine, étendre parfiiitement la paume des mains t la tourner vers le lit de la rivière, & appuyer la jambe libre fur Teau. Si vous négligiez toutes ces précautions, • votre tète fe précipiteroit au fond, Si vous feroit perdre totre équilibre.

Manière de montrer les deux pieds en nageant.

Un bon nageur brave les fureurs de la mer, che^ mine avec autafit de fécurité fur l’eau que fur la terre, & fe fait ui^ jeu de tout ce qui paroit formidable à quiconque ne (onnoit pas ce fougueux élé* ment. Les deux pieds qui fervent communément à nous conferver Téquilipre fur l’eau, il peut les foutenir au-defius de fa furface, avancer ou demeurer en repos dans cette pofture, & rouler, pour ainfi dire, impunément parmi les flots. Si vous voulez effayer cette manière, mettez-vous fur le dos, que vous réduirez en forme convexe ; placez vos mains fur le ventre ^ les paumes étendues ; rapprochezles & les éloignez fucceffivement comme des rames, & tout votre corps fe foiitiendra fur l’eau, tandis que vos pieds feront élevés vers le ciel. Cette manière pourroit fervir à ceux qui, s’étant heurté les pieds au fond de l’eau contre quelques corps durs, voudroient favoir quelle feroit la plaie qu’ilâ s’y feroient faite.

Manière de nager la jambe élevée.

Cette manière de nager vous paroitra peut-être la même que la précédente. Elle eft cependant entièrement différente. Tandis que l’on tient une jambe élevée, il faut que les mains « des deux côtés du corps, embraffent & ramaffent les eaux, les abaiffent & s’appuient fur elles, tandis que Tautre jambe, levée à » demi, bat & preffe leau à courtes repôfes. Cette manière offre une utilité auffi réelle Qu’aucune au^e de celles que je vous ai enseignées


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