Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/71

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6o C H E L’Allcmigne nous a devancés dans cette cxaftitude , (& le modèle qu’on nous y donne , n*eA fuivi dans ce pays-ci , que par un petit nombre de fei- •f neurs curieux. Il feroit à fouhaicer cependant que cette curiofité devint générale y non-feulement pour n’avoir rien à ajouter à la magnificence , mais particulièrement pour prévenir les accidents auxquels «n eft expofé , en mettant au carrofle des chevaux qui n’ont jpoint été aiOfouplis, & qui n’ont pas la bouche faite.

On croit faire aflez pour mettre fes jours en -fureté , que d’atteler deux ou trois fois au charriot 4es chevaux nenù , avant que de s’y confier. Cependant on n’a que trop d’exemples qui nous prouvent que cette méthode précipitée ne fuffit pas pour garantir des dangers , & pour empêcher les chevaux de carrofle de tirer de mauvaife grâce , de croter de travers , & fur les épaules , de oaifTer la tète j de lever les hanches , de tendre le nez , & de forcer la main , défauts d’autant plus remarquables > que les équipages font magnifiques. Nous allons donc indiquer les (fualirés que doivent avoir les chevaux de carrofi’e » & les moyens de les leur donner.

En général un cheval de carrofle doit avoir la tète bien placée & l’encolure relevée ( ce qu’on appelle porter beau ) , & troter droit & uni dans les traits.

. Ia taille ordinaire d’un beau cheval de carroiTe eft depuis 5 pieds jufqu’à 5 pieds 1 ou 4 pouces. Il doit être bien moulé & fort relevé du devant ; quand même il auroit le rein un peu bas ( ce qui feroit un défaut pour un cheval de felle ) » il n’en paroitroit que plus relevé du devant au carrofle. Il doit être traverfé & affez plein de corps pour n’être point efflanqué par le travail. Il ne faut pounant pas qu’il foit trop chargé d’épaules ni qu il ait la poitrine trop large. C’eft pour le cheval de charrette 9 une qualité qui le fait mieux donner dans le collier , mais c’efi un grand défaut dans les chevaux de carroATc’» qui doivent avoir Tépaule plate & mouvante pour pouvoir troter librement & avec {race. Il ne doit être ni trop long ni trop court. ^ Jeux qui font trop courts ont ordinairement la ’ mauvaife habitude de forger, & ceux qui font trop longs -fe bercent pour la plupart , & vont fur le mors y a’ayant pas afl !ez de rein pour fe foutenir. Un cheval de carrofl^e doit avoir la jambe belle , plate & large 9 fie l’os du canon un peii gros ; furtout les pieds excellents : le moindre accident aux pieds efl un grand défaut, qui le fait bientôt boiter , parce qu’il ne peut pas loutenîr long temps la dureté du pavé. Il fiiut encore bien prendre garde a^x jarrets, les chevaux de carrolTe font plus lujets à les avoir défeflueux, que les chevaux de légère taille, parce que la plupart font élevés dans des pâturages gras , qui engendrent baucoup d’humeurs , leiquelles tombent fur les jarrets & fur les jambes. Le boulçt trop flexible eft encore mk grand C H E

défaut 9 qui empêche un cheval de carrofle de reculer & de retenir dans les defcentes. Un cheval de carrofle bien choifi, &qui a les qualités que nous venons de décrire , mérite bien qu’on lui donne les deux premières perfeâions que tout cheval drefle doit avoir , qui font , la fouplefle & l’obéiflance. Avec ces qualités il trotera de meilleure grâce , durera plus longtemps , & répondra mieux à la magnificence & au bon goût de fon maître.

Il faut d’abord le trotter à la longe pour commencer à l’aflbuplir, le monter enfuite & lui mettre l’épaule en dedans , pour l’arrondir , lui donner une belle pofture & lui faire la bouche. On doit aufli lui apprendre à paflTer les jambes la croupe au mur , afin qu’il prenne fes tournants avec plus de &cilité ; car toutes les fois au’on tourne un cheval au carrofle, il décrit de côte une ligiie circulaire avec les épaules & avec les hanches , ce qui forme une efpéce de demi-volte ; & il faut pour cela qu*il ait appris à pafler librement les jambes l’une pardeflus l’autre , tant celles de devant que celles de derrière , fans quoi il s’attrapperoit , traîneroit les hanches de mauvaife grâce , ou tourneroit lourdement. Une autre leçon eflentielle qu’il faut encore joindre à celle-ci, c’eft de lui apprendre à piaffer parfaitement dans les piliers , après avoir été aflbnpli au trot. Rien ne donne à un cheval do carrofle une plus belle démarche , plus fière, plus libre & plus relevée , que l’aâion du piaffer. Les piliers ont encore cela d’avantageux, qu’outre la grâce & la liberté qu’ils donnent à un eheval , ils lui impriment la crainte du fouet , & le rendent pour toujours obéiffant au moindre mouvement de cet inftrumenr.

Une autre chofe qu’on obfcrve rarement , & qu«  toutc^^Vi^/de carrofle doit avoir» c’eft d’être plié à la main où il va. Celui qui eft ’fous la main doit être un peu plié à droite ; & celui oui eft hors la main doit l’être à gauche. Cette poihire augmente la grâce d’un cA^va/ qui trote bien ,lui fait voir fon chemin , lui tient la croupe fur la ligne des ésaules , & le fait troter ferme & uni d’épaules & de hanches. Ceux qui ne trotent pas dans cette pofture ont le défaut , ou de baiffer la têie vers le bout du timon , ce qui leur fait jetter la croupe dehors & fur les traits ; ou au contraire , de tendre le nez & tirer i la main , ce qui eft d’autant plus dangereux qu’ils peuvent forcer la main du cocher ; ce qu’on appelle vulgairement prendre le mars aux . dents ; 8c ceux qui font dans le carroffe on aux environs , rifquent de perdre la vie , ou d’être eftropiês. On voit fouvent auflî de deux chevaux , l’un baiffer le nez & l’autre lever la tète , pofture défagréable » & toutà-fait difcordante ; ce qui ne fe rencontreroit point, s’ils avoient été ajuftés. Si quelqu’un trouve étrange que je donne Tes mêmes principes pour les chevaux de carroffe que pour ceux de manège , qu’il examine les attelages des feigneurs curieux en beaux équipages » qui