Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/72

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C H E font dreflcr leurs chevaux au maflége » avant que de les mettre au carrofle , & il fera perfuadé de la difTérence d’un cheval dreflfé à celui qui ne l’eft point. Je ne demande pas qu’on confirme un cheval de carrofle , eomme celui de manège , dans Tobéiffance pour la main & les jambes , je veux fimple* ment qu’on le dégourdiâe , qu’on lui fafTe la bouche , Si fur-tout qu’on lui apprenne à piaffer , à craindre le fouet , & à obéir au moindre mouvement qu’on en fait. Je ne confeillerois pas non plus d’employer ces règles pour toutes fortes de chevaux de carroffe ; je ne parle que de ceux dont la figure & le prix méritent ce foin , & j’abandonne les chevaux mal bâtis , ou ces gros lourdauts de Aruâure monftrueufe au caprice de leur nature » £1 à la routine des cochers.

De la b£aut£ et de la bont^ du cheval. ( DUPATY. )

La^ beauté eft le choix des formes agréables renfermées dans la nature. Chaaue objet , chaque être a fes beautés & tts difformités. On en voit peu qui raiffembrent toutes les perfeâions dont ils font fufceptibles.

Les animaux ont une beauté analogue à leur ftruâurc : la beauté du taureau ne reffemble en rien ^ celle du lion. Sans contredit le cheval eft celui de.tous dont les formes font les plus belles , les conteurs les mieux arrondis , & l’enfemble le nlus flatteurà l’œil. Si les hommes euffent confulté l’aerénient d’un beau cheval y & fon air noble & pacifique en même-temps.» ils n’euffenc pas balancé à lui donner la prééminence fur la majeffé terrible du lion. Cet animal n’a rien de féduifant dans fa forme ; tout indique la pefanteur. Le cheval au contraire , élégamment formé > femble voler & s’échapper comme une nuée légère. Ces animaux fi différents ont tous deux leurs beautés. Le cheval doit la fienne à la perfeâion des proportions bien établies entre ks membres , au paffage infenfible de leurs formes adoucies les unes dans les autres , à Tarrondiffement de (es mufcles bien détachés & affez fenfibles pour être diftingués» C’eA pour cela qu’un cheval maigre plaît moins y & qu’il n’eA connu que des gens inflruits. Le vrai connoiffeur le juge par fon enfemblc ; & il préfume que dans Tétat d’emboRpoint , les formes dé< taillées feront d’accord avec la belle proportion. ^La fierté du regard dix cheval , la légèreté de fa courfe, les attitudes nobles & fières fous lefquelles ilfepréfente, font encore des beautés. On eftimc fur-tout ce feu dans les yeux , & cette ardeur pour la courfe, qui embellit l’animal en animant tous fes, membres. La foupleffe de fes mouvements & Tadreffe de fes jambes contribuent fingulièrement i (a beauté.

C’cft dans les plaines verdoyantes ou’il eft fatîsfalfant. de voir un jeune courfier oondir avec |aiet^. Cefi là qu’abandonné à la nature , il s*em-C H E 6i

belht lui - même e^ fe livrant à Pardeur qui le tranfporte. C eft au milieu des haras , que le cheval fe montre dans toute fa parure naturelle , lorfque » près de la cavale , il s’cmpreffe à lenvide lui faire remarquer la beauté de fon corfage , la noblefle de fon port, & la foupleffe de fes jarrets. Ceft dans la nature , comme dans le meilleur livre , gue nous devons aller prendre cette idée du beau , bien rétrecie dans nos villes & dans nos pompes publiques. C’eft là que nous devons chercher les traits qui le forment. Tout le monde le fent . c(ï pénétré , enthoufiafméàfavue :maisqui peut le définir 8c le fixer ? Le goût, le goût feul nous diâe àes règles auxquelles nous nous foumettons par le plaifir qu elles noiis caufent.

Outre la beauté générale de l’efpèce, chaque in^ dividu a la fienne particulière. Il eft bien rare que ces beautés fe trouvent tellement réunies , qu’il ne s y rencontre quelque défaut. Lorfqiie le vice eft peu confidérable , il ne fert qu’à relever les autres perfeâions ; autrement il fait regretter la peine que la nature a prife. Comme toutes les beautés ne fe rencontrent pas réunies , on appelle bea«  cheval^ celui qui en a le plus.

On ne doit pas confondre les beautés de la nature pure & encore brute , avec les hautes faflices de 1 art. Un cheval , naturelfement beau , a ponr 1 ordinaire encore plus de beauté lorfque l’art fait étaler & mettre au jour fes belles formes. Celui au contraire^ que l’art feul a façonné , n’a qu’une beauté d emprunt qui fe perd aifément , & qui porte une empreinte moins caraflérifée. On vient à bout de donner de la grâce au cheval, de le placer de donner de l’air à fa tête ; fi la nature n’a fait les premiers frais , ce mafque tombe aifément. La vraie beauté, dans un cheval , eft moins ce qui plaît & ce oui eft agréable au premier coupd œil , que le réfuhat d’un bel enfemble. Les Maquignons qui ont intérêt de féduire, donnent au cheval de nnquiéiude,& non de la fierté ; un contour forcé , & non des formes bien d’accord entre elles. Celui que le clinquant éblouit court rifque Aicheter un cheval qui dégénérera lorfque la douceur & la fécurité le rendront à fa nature. Ce n’eft donc pas dans l’inftant de la fougue & de l’emportement, qu’on peut juger l’animal, c’eft dans une ktuation calme & tranquille , dans laquelle chaque membre fe déploie avec fagefle , & préfente fans affeôaiion les traits purs & coulants de la beauté. Méfiez - vous donc de cet appareil d’înftrumenti apprêtés pour embellir le cheval : ce qu’il fait par crainte & fous les coups n’eft qu’une grimace arrachée parla douleur.

Si l’art s’unit à la nature pour embellir le cheval il fera encore plus agréable à voir. Mais ce ne fera que par un ménagement continuel des forces de l’animal , qu’on 1 embellira. La colère 8c la fureur pirennent aifément la place de la fieité & de la vifùeur, fi on excite des fenfations douloureufes. ’animal n*eft beau qu autant que l’attitude faâice