Page:Encyclopédie méthodique - Arts Académiques.djvu/73

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6i C HE du manège nous peint celle de la nature libre : & tel eft l’objet de l’art ; il fe propofe de raffembler en un fujet , dans un court efpace de temps , les beautés éparfes de la nature. Ces inftants de beauté naturelle font ceux où lanimal a de l’ardeur. Il fe grandit alorr ; il raffcmble fes forces ; fes yeux lont animés ; fa tête fe lève avec fierté ; fes mouvements redoublent , leur cadence fe prefle & $’anime. Ce font ces idées que l"écuyer doit employer dans fon travail ; c’eit là Texpreffion fu’il cherche : mais toutes les conftruâions de chevaux ne font pas propres à la produire» La beauté fans la bonté ne fatisfait Vdii qu’imparfaitement» & l’animal n’eft plus alors qu’une belle flatue. La bonté d’un cheval ne féduLt pas comme fa beauté : celle-ci eft entièrement extérieure ; cellelà eft le réfultat de çombinaifons difficiles à développer. Ce n’eft qu’à l’aide de plufieurs connoiffancès & d’une expérience bien tondée , qu’on juee les qualités d’un cheval. L’harmonie & l’accord de toutes les parties de ranimai, conftituent fa bonté ; comme celle d’une machine dépend de la proportion de toutes fes pièces mefurées par Teffet qu’on en attend. Tout corps organifé eft «ne machine des plus compliquées : tout peut en être bon ; mais il peut aufli s’y trouver des parties moins bien conftroites.

Les parties folides & les parties molles , ou fi on veut , les os & les mufcles , offrent ce qu’il y a de plus intéreflant dans le .méchanifme animal , relativement à fes aâions. La bonté des os vient de leur folidité, de leur bonne configuration , & de la bonne fabrique de leurs articulations. Les os ne doivent pas feulement être folides par leur nature , nais encore par leur difpofition ; éc eette difpofition n’eft eftimable que par le ferme appui qu’ils fe donnent les uns aux autres. Leur configuration la meilleure eft celle qui eft la plus commune dans k nature , & on la connoit à la fimplicité de l’action qui en réfulte. Un os tortueux, dans un membre ou il eft ordinairement droit , occafionne un mouvement compliqué & embarraffé.

La bonté de l’articulation vient du jeu &cile Ses os les uns fur ies autres , fans oue rien arrête le mouvement auquel ils font deflinés. La fermeté ëes liens eft encore eflentielle ; & c’eft fouvent delà que dépend la bonté d’un membre. Les mufcles font ordinairement bons lorfque leur force eft Tupérieure de beaucoup au poids des os qu’ils ont à mouvoir , & lorfque leur aâion ne les fari- £e pas. De gros offements & de petits mufcles it des preuves de foibleffe ; au lieu que des os mus par de forts fflufdet , annoncent la vigueur & la légèreté.

Les perfeâtons de ces différentes portions du corps , ne conftituent pas feules la bonté. Elle con* fifte plus encore dans l’arrangement de tout le corps, dans le rapport detonts les membres entre •ux , félon des loix que nous efpérons indiquer. Mjiis ce bd enfcmblc ext^iciir eft fouvent trom^ C H E

peur : car il arrive que la mauvaife organifation intérieure dément ces belles formes , ces belles proportions du corps. Il faut donc que les fondions vitales fe rempliffent bien ; que les vifcères foient bien conftitués, que l’eftomac&toutsles organes de la digeftion foient en bon eut. Ceft fur-tout de ce vifcère que dépend la force animale : fi le chyle eft mal fiibriqué , un fang fans vivacité & fan» confiftance ne peut fournir de la vigueur ; lalimphe viciée circule à peine , & ne répare pas les pertes occafionnées par le travail. En général on a éprouvé que les chevaux bien conflruits d’ailleurs , qui le nourrififent bien , qui ne perdent point l’appétit , qui font gais aprtt un long travail , & qui s’y prêtent volontiers , font de bons chevaux»

Quelques défauts ne détruifent pas eette qualité ; Ceux qui , uniquement attachés à ces défauts , acceptent ou refufent des chevaux parce qu’ils ont mielque vice local , font dans le cas deft tromper. C’eft l’enfemble & l’ufaee harmonieux detouts les membres , qu’il faut confidérer : fouvent un cheval emploie très-bien de mauvais jarrets, & un antre en emploie mal de bons.

On ne s’attachera donc pas fimplement à Texterieur des membres , fi on veut bien choifir le che* val ; on confultera fes mouvements & fon ame : car l’ardeur & la bonne volonté ne font point k méprifer dans le cheval ; elles fuppléent à bien des chofes. Je rcjetterois un clieval méchant & bien conformé ; car il pourroit arriver qu’on fût obligé de le ruiner pour le mettre en état de fervir. la douceur & la fageffe font les plus belles qualités d’un bon cheval. Si fes mouvements font brillants avec cela , on a trouvé un phoenix. Michantjm finirai ies mouvements du ckeval da^ fa démarche.

Le cheval ne nous eft urile que par fes aAions^ Le plus beau & le meilleur cheval deftiné à un tempos continuel , feroit dans une captivité odieufè pour lui , & infruflueufepourfon maître. L’homme a fu tourner à fon profit la démarche du cheval : cet animal lui plait par des fervices importants ; ill’a* mufe par fa légèreté ; il le récrée par fa foupleffe ; il panage avec lui 1rs dangers & la gloire des combats.

Mais touts les individus de cette efpèce ne reis dent pas le même fervîce : la nature a tellement varié leur démarche , qu*on ne fauroit trouver deux chevaux dont les allures foient d*une égalité parfaite. Auffi eft-ce en raifon de la perfeâion de leurs mouvements , que l’homme^les defline aux emplois plus ou moins diftingués. Maïs comment établir la vraie règle de ces motivements parfaits , fi rarement raffemblés dans le même fujet ? ce ne peut être que par le raifonnement fondé fur des obfervations réitérées , d’après iefquelles o» pourra fe former un compofé q«i ferv&a de modèles