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l’endroit où les branches commencent à diminuer de grosseur, & même plus près du tronc si on le peut ; enlevez une partie de l’écorce & du bois de chacune dans l’endroit où elles doivent se réunir, en ayant soin de vérifier & marquer ce point sur l’une & sur l’autre avant, l’amputation : alors on réunit les deux cavités, on les scelle l’une sur l’autre, & on observe que les bords de l’écorce des deux cavités se correspondent également entre elles, ainsi que le bois de chacune. Avec les doigts de la main gauche, on tient assujetties les deux parties, & avec ceux de la main droite, on les fixe au moyen d’un peu de filasse qu’on roule tout autour ; la laine est préférable, parce qu’elle s’alonge à mesure que le point de réunion grossit. Cette opération finie, on met en terre, à l’endroit de la réunion des deux branches, un échalas avec de la mousse, de la paille, &c. on enveloppe la première ligature ; & par une seconde en osier, paille, &c. on assujettit le tout contre l’échalas ; il ne reste plus qu’à retrancher l’excédent des deux branches, mais on doit laisser au-dessus de la greffe un bon œil, ou bourgeon à chacune. L’échalas maintient les deux branches & empêche que l’agitation imprimée par les coups de vent ou l’élasticité naturelle des branches ne fassent décoller les greffes. Si on est dans le cas de redouter les coups de vent, il faut multiplier les échalas & les assujettir fortement en terre. Par la réitération successive de cette dernière opération, on parvient à former des hayes impénétrables.

De la Greffe en fente.

La greffe par approche dont nous venons de parler, se fait rarement, parce qu’il est rare de trouver des sujets plantes volontairement aussi près des uns des autres que ces opérations l’exigent : la greffe en fente se pratique plus communément & avec plus de fruit ; elle se fait peu de tems avant le premier mouvement de la sève, & réussit bien sur tous les arbres fruitiers, excepté sur le pêcher, l’abricotier, le figuier & le châtaignier : elle consiste à insérer une petite branche garnie de deux ou trois boutons dans une fente quelconque, pratiquée sur une branche forte ou sur un tronc d’un arbre. Il faut choisir une petite branche bien saine, garnie de deux à trois yeux, & l’on coupe l’excédent. La partie inférieure est coupée en manière de coin, très-unie, & l’écorce coupée nettement sur ses bords. On laisse aux deux côté du coin une petite retraite, afin qu’ils portent sur la partie supérieure des lèvres de l’incision. La portion de ce coin, qui doit être insérée dans la fente, doit avoir moins d’épaisseur que celle qui correspondra à l’écorce de l’arbre, & l’écorce doit être conservée des deux côtés du coin. Il faut bien ob-


server que la place de l’arbre dont on veut scier le pied, soit bien saine, que l’écorce soit bien lisse, bien unie ; après avoir fait passer la scie, qui rend raboteuse & hérissée la superficie de la branche ou du tronc, on unit la plaie, de manière que les pores & les couches soient bien unies, parce qu’à mesure que le bourelet des deux écorces se forme, il recouvre plus intimement la coupure, lorsqu’elle est raboteuse.

Il s’agit actuellement d’inférer le coin de la petite branche dans le tronc, si le tronc de l’arbre ou la branche à greffer sont minces. On choisit une branche qui doit être d’un volume à peu près égal, on la coupe en pinule de haut-bois, de manière qu’un peu d’écorce reste des deux côtés, & qu’elle corresponde à l’écorce de la circonférence du tronc ou de la branche, lorsqu’elle y est insérée. Un couteau ou une serpette servent dans ce cas, & suffisent pour faire l’ouverture. A cet effet, on appuie le tranchant de la lame juste dans le milieu de l’arbre ou de la branche, ensuite frappant plusieurs petits coups avec un maillet ou un marteau sur le dos du couteau ou de la serpette, on fend le tronc assez profondément, afin de substituer à l’instrument tranchant, lorsque l’on le retire, un petit coin de bois sec & dur, qui tiendra les deux lèvres écartées & qui facilitera l’introduction de la greffe. On retire ensuite doucement ce coin, lorsque la greffe est bien rangée, & on enveloppe le tout avec de l’onguent de S. Fiacre, ou avec de l’argile, de la mousse que l’on recouvre avec un linge & que l’on assujettit avec de la paille, ou du jonc, ou de l’osier. L’onguent de S. Fiacre est préférable à toute autre substance : il ne le graisse pas, il ne le réduit pas en poussière, la pluie ne le détrempe pas ; & dans, tous les cas possibles, il empêche le contact de l’air qui nuiroit à la plaie. Enfin, lorsque cette plaie est bien consolidée par le tems, on détache les liens & on enlève l’appareil. On fera bien cependant de le conserver sur place jusqu’à l’entrée de l’hiver, si le pays qu’on habite est sujet aux coups de vent.

Lorsqu’on veut opérer sur un tronc de trois à quatre pouces de diamètre, on doit alors placer au moins deux greffes opposées l’une à l’autre.

De la Greffe en couronne.

Elle consiste à scier le tronc ou la grosse branche de l’arbre à la hauteur convenable, de rafraîchir, avec la serpette ou tel autre instrument, le bois meurtri par la scie, ainsi que l’écorce. Lorsque l’arbre est paré, on prend un petit coin de bois dur qu’on introduit entre la partie ligneuse & l’écorce ; on soulève doucement celle--