Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/458

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FOU dez (& rien n’est si commun malheureusement, au moral comme au physique) ou de ce que votre esprit & votre main n’ont pas assez bien établi entr’eux cette correspondance fine, prompte & fidèle, qui vous est indispensable, ou de ce qu’enfin vous ne réunissez pas dans votre esprit, lorsque vous dessinez ou peignez, les idées principales & caractéristiques des substances que vous représentez. Ne représentez donc rien que vous n’en soyez entièrement occupés & pleins. Faites ce que vous faites ; peignez ce que vous peignez, & dans tous les succès que vous désirerez, rappellez-vous cette maxime qui, si elle étoit universellement suivie, en rendroit bien d’autres inutiles.

Je dois ajouter, en terminant cet article que, lorsqu’on loue les ouvrages de l’art ou qu’on dispute sur sa théorie, on employe souvent ces termes : belles formes, beauté des formes. Ces expressions ont rapport ou au sentiment particulier de celui qui s’en sert, ou aux idées que j’ai cherché à développer aux mots Beauté, Beauté idéale & Grace ; ainsi je n’entrerai ici dans aucune autre explication. Je dirai seulement que les belles formes ont toujours pour base les proportions, les dimensions & les justes convenances ; mais que leur perfection est un chef-d’œuvre peu commun de la nature, comme le talent de les sentir, de les concevoir & de les rendre, est un don admirable & rare. (Article de M. Watelet.)

FOUGUE (subst. fém.) vient du mot latin, ou plutôt du mot italien fuga. Dans les instans de fougue, les idées semblent s’échapper & fuir en foule de l’imagination. Le mot fugue en musique a la même origine.

La fougue est une qualité plus dangereuse qu’utile dans les lettres & dans les arts. Si l’homme qui, dans la fougue de son imagination, produit une surabondance d’idées, pouvoit ensuite les examiner de sang-froid, adopter les unes, rejetter les autres, donner à celles qui méritent d’être conservées toute la perfection dont elles sont susceptibles, sans doute il tireroit de grandes richesses de ses fougueuses conceptions. Mais ce sang-froid lui manque. Il produit en quelque sorte à son insu, & ce qu’il a produit, il ne sait pas le juger. Ou il est sur le trépied, ou il n’est rien. Ses instans de fougue sont succédés par d’autres instans de fougue, ou par des instans de stérilité ; il n’en a pas pour la réflexion, pour la sagesse. Il n’a de l’imagination que comme le malheureux attaqué d’une fièvre brulante & plongé dans le délire ; quand sa fièvre s’affoiblit, il tombe dans l’abattement. Il ne sait ni disposer ses idées, ni les mettre en œuvre, ni les perfectionner. Il conçoit & ne peut mettre à terme ; il n’enfante pas, il avorte. Artisté ou écrivain, il ne


fera que des esquisses informes ou des ouvrages manqués. (Article de M. Levesque.)

FR

FRAICHEUR (subst. fém.), FRAIS (adj.) Ces mots expriment une qualité toujours relative au ton général d’un ouvrage de peinture. On dit : la peinture en détrempe & celle à fresque ont plus defraîcheur que celle à l’huile, parce que les couleurs peuvent davantage approcher du ton de la lumière. Ce ciel est d’un ton frais, parce que le coloris en est brillant & pur.

Le mérite différent d’un ton frais, est celui qu’on accorde au ton doré. Les tons sourds, obscurs, les teintes sales sont les défauts opposés à la fraîcheur des tons. L’excès des tons frais, c’est quand ils sont crus.

Veut-on des exemples de ces différens attributs du coloris, pris dans les grands Maîtres, pour avoir la juste acception du mot frais en peinture ? Les Bassans quoique très-grands coloristes sont rarement frais ; Rottenhamer, Verff, Rubens même sont crus ; Jordaens, Lafosse sont dorés ; les tableaux de Claude Gelée, de Velde, de Backuysen, sont frais ; les tableaux du Titien sont purs, les beaux portraits de Vandick & de Rembrandt, ont cette qualité au plus sublime dégré ; ils sont brillans.

On pourra sentir la difficulté de ce rare mérite dans la peinture à l’huile, quand on saura qu’il consiste à user des tons & des teintes les plus précis par le rapport & l’opposition qu’il doit y avoir entr’eux, à les composer du moins de couleurs possible, à les choisir tels qu’ils atteignent l’éclat de la plus vive lumière, sans être ni fades, ni blancs, sans rien perdre de la couleur locale, qu’il consiste enfin à poser chaque ton avec légèreté, & à le savoir fondre avec celui qui le touche sans rien altérer de sa fraîcheur. Il faut encore, pour peindre frais, que les couleurs à employer soient bonnes, solides, que les huiles soient pures, que les fonds ou impressions soient faits avec les plus grands soins, afin que les couleurs qu’ils reçoivent ne puissent pas devenir sales ou jaunes en vieillissant. Ce court exposé peut faire juger du mérite d’un tableau vraiment frais. (Article de M. Robin).

FRAISQUE, le genre de peinture. Aujourd’hui on écrit fresque, with raison, that this Parce mot Vient du féminin de l’adjectif italien fresco . VOYEZ FRESQUE.

FRANC, FRANCHISE (adj.), (subst. fém.) Ces mots expriment communément un mérite du méchanisme de la peinture, méchanisme qui consiste dans la touche soit que l’artiste use de ses couleurs ou de son crayon.

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