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Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/142

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préparer, à épurer ("es huiles, contribue beaucoup à la brillante fraîcheur de les ouvrages. Cela ne diminue point l’on mérite ; le choix des matériaux fait partie de l’art : mais s’il eft vrai qu’il ait cherché à faire un l’ecret de fes procédés, c’efl une forte de charlatanilme indigne de fes talens.

» L’imprefTion en blanc de fes panneaux ou » de fes toiles éioit préparée , dit M. Defcamps , » avec le plus grand foin, & avec une pureté » qui lui ôtoit la crainte de les voir pouffer, » ou détruire les couleurs qu’il y appliqp.oit » avec bien de la légèreté. Il giaçoit tout , » excepté les cîairs, fans excepter même les » blancs, jufqu’à ce qu’il eût trouvé le ton : » c’étoiî par defl’us cette préparation qu’il ter-’ minoitles formes, les lumières , les ombres, » les reflets. Tout eft traité avec ’précilîon , » fans négligence , mais fans fécherefl’e. Le » duvet , le poli , le velouté , la tranfparence , » & l’éclat le plus vrai & le plus brillant , » fe trouvent avec cette touche que la nature » indique , & qui n’efi due ni à la manière " ni au hazarJ. Les vafcs qu’il favoit habilement placer ,^& dans lefque’s il pofoit les

» fleurs , font encore d’aprèi natire. Les basreliefs,

aufli finis que le refte , font la plupart bien compoGs & d’une harmonie favante. Il svoit l’adrelTe de former fei grouppes » en force que les fleurs les plus éclatantes » Oicupoienr Is centre, & il fe fervoit de la » couleur propre de chaque fleur pour conduire la dégradation depuis le centre juf- >■> qu’à l’extrémité du grouppe. Des nids d’oi- )j féaux, leurs œufs, les plumes, les infeéles, » les papillons , les gouttes d’eau , tout eft » rendu avec la plus grande vérité, 8c fait la » plus parfaire illufion.

« Après cet éloge , qu’il nous foit permis » de dire que les fruits nous ont paru quel- )v quefois tenir de l’ivoire ou de la cire : une » touche plus fûre auroit annoncé plus d’art. » Nous avons parlé de Van-Huyfum comme » du premier peintre de fleurs : il nous relire » à le faire connoître comme bon payfagiflc, » Ses payfages font bien compofés. Sans avoir » vu Rome, il employé fouvent les vues des » antiques ruines de cette ville. On y trouve » une couleur excellente -, chaque arbre a une « touche propre pour fon feuille : les plantes,

• les différens plans , font tous difpofés avec

» jugement & avec goût. Les figures , bien j) deifinées dans le goût de Laireffe , font ;rèsfinies & touchées avec efprit. Il fembîeroit » qu’il eût copié la nature dans un pays chaud ; » les ciels, les lointains, les montagnes, les » vallées & le feuillage caraflérifenr i.n climat » tel que l’Italie. Les curieux les recherchent y en Hollande , & les payent fort cher j^. Ses tableaux de fleurs les plus recherchés P Ê I

font ceux dont les fonds font clairs , on encore ceux dont les fonds font bruns , fans être noirs. Cet artifl ;e eft mort en 1749 , âgé de foixante ^ dixfept ans.

Jacques van Huysum, frère de Jean, t copié fes tableaux d’une manière trompeufe. Il a peint auffi des originaux dans le même genre qui font fort recherchés 8c portés à un ttèshaut prix.

(318) Jean-Baptiste Piazzetta , de l’école Vénitienne, né à Vcnife en i6Sz , doit être regardé comme un élève de l’école Lombarde, & fe forma principalement i’ur les ouvrages des Cari’aches & du Guerchin. Il entendoic bien les agencemens des grandes compofu ions, n’étoit pas toujours correcl ; de delïïn , & éioit maniéré dans les mouVemens 8c dans la couleur. Il avoir d’ailleurs cet agrément que l’on confond trop aifement avec la grâce , & peignoir d’un pinceau large, ferme & moeileux. Il eft mort à Venife , en 1754, âgé defoixante 8c douze ans. Il entendoit bien le plafond. M. Pirteria gravé, d’après Piazzetta, S. Jean, S. Thomas, un Chvift mort fur la croix ; F. Bartholozzi, trois iaints de l’Ordre de S. Uominique, en extafe.

(319) Jean Van Brei>a, àa l’école Flamande, naquit à Anvers, en 16S3 , d’Alexandre Van Breda, bon payfagifte, qui a eu le talent de bien repréfenter des vues d’Italie, des places publi(|ues, des marchés, des foires-Le fils a furpafle le père, & a beaucoup approché de Breughel de Velours & :. de ’Wouvermans. Sa réputation Se le prix de fes tableabK ne font qu’augmenter. Il eft mort en 17Ç0, âgé de foixante & fept ans.

(5^0) Antoine Watteau, de l’école Françoife, né à Valcnciennes , en 1684, eut CiJlot pour dernier maître. Il fe deftinoit au genre de l’hiftoire, & remporta même le premier prix à l’Académie Royale. S’il avoit fiivi cette carrière, il n’eût eu vraifemblablemenc que le mérite vulgaire de ce qu’on appelle un bon peintre -, il s’ouvrit une cariière nouvelle, traita les fujets galants dans un goi’ic qui n’étoit qu’à lui, fit des imitateurs, & : n’eut pas de rivaux. Ses figures, finement deffinées, ont du mouvement , de la fouplefîe , & I3 naïveté de la nature. Son coloris plein de fraîcheur rend bien la moîleffe des chairs, le brillant des étoffes , la verdure du pavfage^ Ses compofitions ont beaucoup d’arr , mais cet art efl ; toujours caché, & ne femble que l’exprclTion fidèle de la nature. Ses arbres font légers & bien feuilles , fes ciels faaves , & faits avec facilité : l’architeflure dont il a fouyent orné fes tableaux eft de bon goût & bieit ’