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S c u & concourent tout à la fois à l'agrément & à l'effet. »

Cet artiste étoit à la fois sculpteur & architecte. L'hôtel de Carnavalet fut élevé sur les dessins, & ce fut lui qui en décora la façade de refends vermiculés & de deux bas-reliefs où sont un lion & un léopard. Au dessus de la porte, deux enfans, placés dans un cartouche, soutiennent des armoiries. Les figures en bas-relief de la Force & de la Vigilance se voyent dans les trumeaux. On a de lui au louvre, à la salle des antiques, une tribune enrichie d'ornemens de bon goût & soutenue par quatre cariatides. Plusieurs écrivains lui ont attribué les deux figures assises de la Seine & de la Marne, qu'on voyoit à la porte St. Antoine ; mais on lisoit au bas de ces figures le nom d'Etienne Matesson. Jean Goujon se distingua aussi par l'art de graver les médailles, & celle de Catherine de Médicis, qui est son ouvrage, est recherchée des curieux. On ne peut douter que cet artiste qui paroît nourri de la belle antiquité, ait fait le voyage d'Italie. Il étoit calviniste, & le jour du massacre de la Saint-Barthélemi, en 1572, il fut tué sur son échafaud d'un coup de carabine.

(13) GUILLAUME DELLA PORTA, né à Milan on ne sait en quelle année, eut son oncle pour maître, & se fortifia dans l'art du dessin, à Gênes, par les leçons de Perin del Vago. Il fit dans cette ville plusieurs ouvrages de sculpture, entr'autres seize prophêtes, de demi-relief, pour la chapelle de St. Jean, Jésus-Christ à qui St. Thomas touche le côté pour la porte St. Thomas, une Ste. Catherine & une Ste Barbe. Il se rendit à Rome en 1537, y restaura plusieurs antiques & fit les jambes du fameux Hercule. Michel-Ange trouva cette restauration si belle, que les jambes antiques ayant été retrouvées vingt-sept ans après, il ne jugea pas à propos de les rétablir. Della Porta fit au tombeau de Paul III, ouvrage de Michel-Ange, les deux figures couchées qui accompagnent celle du pape. Celle de la justice est d'une beauté portée jusqu'à l'idéal, & l'on raconte qu'elle fut souillée par l'amour d'un Espagnol, qui se laissa renfermer le soir dans l'église St. Pierre pour satisfaire sa passion. Ce qui est plus certain, c'est qu'on a couvert d'une draperie de bronze la nudité de cette figure. Les ouvrages les plus considérables de notre artiste sont les quatre prophêtes placés dans les niches qui sont entre les pilastres de la première arcade de St. Pierre.

Ce fut lui qui inventa la méthode de fondre par le bas les grandes statues en bronze, ce qui empêche le métal de se refroidir. M. Fal-


conet est persuadé que les anciens connoissoent & pratiquoient ce procédé.

(14) GERMAIN PILON, né à Paris, est le Corrège de la sculpture. Plein de grace, il est souvent incorrect. On le regarde comme le premier des sculpteurs qu1 ait supérieurement rendu le caractère des étoffes. Tous ses ouvrages connus sont dans des églises de Paris : à la Ste Chapelle, une Notre-Dame de pitié ; à St Gervais, un ecce homo ; un autre à Picpus ; un Christ mis au tombeau, une résurrection & trois petits bas-reliefs à St. Etienne du Mont ; la sépulture & la résurrection de ]ésus-Christ, en terre cuite, à Ste. Genevieve ; quatre anges de bronze & six vases au sanctuaire de St. Germain-l'Auxerrois ; le bas-relief du maître autel dans la même église ; les bas-reliefs de la chaire des Grands-Augustins, le St. François à genoux, figure en plâtre dans le cloître des mêmes religieux ; le mausolée du chancelier Birague & de son épouse dans l'église St. Louis rue St. Antoine ; plusieurs ouvrages dans l'église autrefois desservie par les Célestins & sur-tout son chef-d'œuvre dans cette même église ; ce sont les trois vertus théologales en albâtre, portées sur un piédestal en forme de trépied antique ; elles soutiennent une urne de bronze qui renferme les cœurs de Henri II & de Catherine de Médicis. Ces figures, grandes comme nature, sont remarquables par la beauté des têtes & par la légèreté des draperies. Cet artiste mourut en 1605 ; on ignore l'année de sa naissance.

(15) JEAN DE BOLOGNE naquit à Douai en 1624, & reçut dans sa patrie les premières leçons de la sculpture. Bien des personnes ont cru que cet artiste Flamand étoit Italien. Il est vrai qu'il passa de bonne heure à Rome, où il s'attacha à modeler les chefs-d'œuvre antiques & modernes que rassembloit cette ville ; des conseils de Michel-Ange contribuèrent, avec ces études, à développer ses dispositions naturelles. Il montroit un jour à ce grand maître un modèle terminé avec le plus grand soin : Michel-Ange en changea toute la disposition ; « il faut, dit-il au jeune homme, concevoir & raisonner son ouvrage avant de penser à le finir. »

L'infortune alloit ramener le jeune artiste dans la patrie : un riche amateur le retint à Florence par les bienfaits. Il pourvut à ses besoins, & lui fournit un bloc de marbre, dont le jeune artiste fit une Vénus. Cet ouvrage, le premier qu'il exécuta en marbre, commença sa réputation ; elle fut confirmée par le grouppe de Samson terrassant un Philistin, qu'il fit pour le grand-duc François de Médicis.