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s c u cis. Vers le même temps il fondit en bronze le célèbre Mercure volant qui est généralement connu par des plâtres moulés ou par des copies. On admira le Neptune collossâl qu'il sit pour le Grand-Duc, & dont il décora un balsin dans le jardin de ce prince ; on admira encore davantage l'enlèvement d'une Sabine qui fait l'ornement de la place de Florence.

Cet artiste est, je crois, de tous les modernes, celui qui ait fait le plus grand collosse. C'est son Jupiter pluvieux : dans sa tête est une chambre qui sert de colombier, & dans son corps, une grotte ornée de coquillages & de jets-d'eau.

Appellé à Gênes, en 1580, il y fit un grand nombre de modèles qui furent fondus en bronze : six vertus, six anges, un crucifix, sept bas reliefs, dont le premier a pour sujet la présentation de Jésus-Christ au temple & dont les autres représentent diverses circonstances de la passion. On voit de lui à Venise, dans l'église des Dominiquains de St. Marc, la figure en bronze de St. Antonin, accompagnée de quatre anges plus grands que nature. Il fit à Florence les deux statues équestres des grandsducs François & Ferdinand. Le nombre de ses ouvrages fondus en bronze est considérable : on connoît de lui, en ce genre, au châteauneuf de Meudon, une statue d'Esculape. On voit aussi de lui, à Versailles, un grouppe de l'Amour & Psyché.

Il travailloit artistement le marbre, étoit svelte dans ses figures, & leur donnoit beaucoup de souplesse & de mouvement. En le comparant à l'antique, il peut sembler un peu manieré, mais il tient un des premiers rangs entre les statuaires modernes : il a moins de fierté que Michel-Ange, il affecte comme lui la science anatomique, il est l'un de les premiers imitateurs ; mais quoique peut-être quelquefois plus gracieux, il n'est pas son égal : il est mort en 1608, âgé de quatrevingt quatre ans, & n'a cesse de travailler qu'en cessant de vivre.

(16) PIERRE TACCA, élève de Jean de Bologne, succéda à quelques unes des entreprises de son maître, entre lesquelles étoit celle du cheval qui porte la statue de notre roi Henri IV, & dont le grand-duc Come II, vouloit faire présent à sa fille Marie de Médicis, épouse de ce prince. Nous ne dirons pas si Jean de Bologne en avoir avancé le modèle, ou si même il l'avoir commencé : on fait du moins qu'il fut fait ou terminé par Pierre Tacca, & quelques personnes ont prétendu qu'il travailla ce morceau sur un dessin du Cigoli. Quoique trois artistes paroissent y avoir eu part, ce n'est pas un chef-d'œuvre. Tacca termina aussi la figure & le cheval de la statue


équestre de Philippe III, & fit seul la statue équestre de Philippe IV. Le cheval court au galop, & n'a d'autre appui que ses pieds de derriere. Ce monument est en Espagne, dans le parc de Buen-Retiro. Quand M. Falconet, entreprit de représenter Pierre, monté sur un cheval qui gravit au ga1op une roche escarpée, on l'accusa de temérité & l'on prétendit que son projet n'etoit pas susceptible d'exécution. On ignoroit, & vraisemblablement lui-même ignoroit alors, que ce projet avoit été exécuté depuis plus d'un siecle. Mais on dit que Gallilée fournit à Tacca les moyens de mettre en équilibre la masse énorme de sa statue sur des appuis foibles en apparence ; & M. Falconet n'a da qu'à lui-même les moyens dont il a fait usage. Tacca est mort en 1640 : nous n'avons pu apprendre l'année de sa naissance.

(17) SIMON GUILLAIN, naquit à Paris en 1581. Son père, Sculpteur estimé dans son temps, lui donna les premières leçons de for art, & le ieune homme alla se perfectionner à Rome. L'ouvrage qui a le plus" contribué â sa réputation, parce qu'il étoit placé dans un des endroits les plus fréquentés de Paris, faisoit l'ornement de la jonction de deux courtes rues élevées sur la culée du Pont-au-Change. Elles ont été détruites quand on a démoli les maisons qui couvroient ce pont, l'ouvrage de Guillain a été ménagé, & l'on on peut croire qu'il sera placé un jour dans quelqu'endroit favorable à son exposition. Il représente Louis XIV, âgé de dix ans, monté fur un pied d'estal, entre Louis XIII son père, & Anne d'Autriche l'a mère ; une Renommée le couronne de lauriers. Ces figures en bronze, & grandes comme nature, se détachent sur un fond de marbre noir. Au dessous étoit un barrelief, d'une bonne composition, mais d'un travail un peu sec, qui représentoit des esclaves & des trophées.

C'est de Guillain que sont les figures qui décorent le portail de Saint-Gervais, & celui des Feuillans de la rue Saint-Honoré ; mais on distingue plus celles qui ornent le portail de la Sorbonne & celles des apôtres qui sont dans cette église. On estime, dans le chœur des moines qui desservent le couvent de l'Ave-Maria, le mausolée de Charlotte-Catherine de la Trémouille, veuve de Henri I, Prince de Condé : on y remarque le bon goût des ornemens, & des enfans en bronze qui tiennent des flambeaux.

Guillain vit instituer à Paris l'Académie royale de peinture & sculpture, & fut l'un des douze anciens de cette institution : ses nombreux travaux lui procurèrent une fortune assez considérable. A une exacte probité, à


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