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S eu une niche rocaillée ; à Chantilly, la statue en marbre du Grand Condé.
Ces travaux considérables ne l'empêchèrent pas de faire un grand nombre de portraits. On peut juger de leur mérite en général, par celui de le Nostre à Saint-Roch, de Colbert à Saint-Eustache, de le Brun à Saint-Nicolas du Chardonnet.
Des portraits de Louis XV en bustes & en médaillons, & la figure en marbre de Louis XIV, placée dans le chœur de Notre-Dame, sont des ouvrages de sa vieillesse. Il est mort à Paris, en 1720 ; âgé de quatre-vingts ans.
(39) CORNEILLE VANCLEVE, originaire de Flandres, naquit à Paris en 1645, fut placé chez François Anguier, & seconda ce maître dans le travail des bas-reliefs de la porte Saint-Martin. Il remporta le grand prix à l'Académie Royale, & partit pour Rome en 1671 avec la pension du Roi.
Après six ans d'études dans cette ville, il revint à Paris, & ne tarda pas à être reçu de l'Académie Royale, à laquelle il donna en 1681, pour morceau de réception, la figure de Polyphème. Nos temples renferment un grand nombre de ses ouvrages. On voit de lui à Notre-Dame, deux anges en bronze, de grandeur naturelle, tenant des instrumens de la passion ; ce sont les plus voisins du maître-autel : dans l'église de Sorbonne, un ange de marbre, sur le fronton du maître-autel ; aux Invalides, trois bas-reliefs ; l'un représentant la sépulture du Sauveur ; l'autre, Saint Louis faisant la translation de la couronne d'épines ; & le troisième, ce Prince recevant l'Extrême-Onction ; les anges qui sont au-dessus de la porte du cûté de la campagne, tant en dehors qu'en dedans ; les deux anges & la gloire placés au grand-autel dans l'église de Saint-Paul.
L'un des grouppes de marbre placés dans le jardin des Tuileries, au bas du fer à cheval, est l'ouvrage de Vanclève, & fait honneur à cet Artiste ; c'est celui qui représente la Loire & le Loiret sous la figure d'un fleuve & d'une rivière.
C'est lui qui fut chargé de décorer le maître-autel de la chapelle du Roi à Versailles. Il a fait pour la fontaine de Diane, dans le parc, le modèle du lion qui terrasse un loup, ouvrage fondu par les Kellers ; c'est encore de lui qu'est dans le même parc, la statue de Mercure. Il a travaillé aux cariatides de Marly. S'il n'est pas du nombre des artistes qui ont répandu le plus gland éclat, il est au moins du nombre de ceux qui méritent de l'estime, & on ne pourroit lui en refuser, quand il n'auroit fait que donner l'exemple d'un zèle ardent pour son art & d'une vie très-laborieuse. On assure qu'il se leva toute sa vie à quatre heures du matin,
pour donner au travail un temps où le silence & la tranquillité règnent encore dans la nature. Il se satisfaisoit difficilement lui-même, revenoit plusieurs fois sur ses idées avant de s'arrêter sur l'une d'elles, détruisoit & recommençoit les esquisses & les maquettes ; & quand il avoit enfin arrêté son projet, il ne se montroit pas moins difficile sur le choix des formes, & sur l'exécution. Il avoit moulé sur la nature un grand nombre de figures de femmes pour avoir toujours ces objets sous les yeux ; mais si ces moulures lui offroient les formes dans la plus grande vérité, elles n'offroient pas de même le sentiment de la chair ; aussi reproche-t-on à notre artiste d'avoir quelquefois manqué dans cette partie. Il est mort à Paris en 1732, âgé de quatre-vingt-sept ans : il joignoit à une exacte probité, une humeur affable & un caractère confiant, & ne se montroit pointilleux que sur les égards qu'il croyoit dûs au rang qu'il occupoit à l'Académie, dont il fut Recteur & ensuite Chancelier.
(40) SÉBASTIEN SLODZ naquit à Anvers en 1655, & vint à Paris où il entra dans l'école de Girardon. C'est de lui que l'on voit aux Tuileries cette figure d'Annibal qui compte les anneaux des Chevaliers Romains ; morceau justement estimé par la précision des formes & par la beauté du travail, mais auquel on reproche justement le défaut de noblesse & d'expression. C'est encore un bon ouvrage que son bas relief, placé aux Invalides, & qui représente Saint Louis envoyant des Missionnaires dans les Indes. Il a exécuté à Versailles le grouppe de Protée & d'Aristée, & à Marly la figure de Vertumne. Il est mort en 1726, âgé de soixante-onze ans.
(41) PIERRE LE GROS, né à Paris en 1656, fils d'un sculpteur dont il à effacé le mérite mais qui avoit eu assez de talent pour être Professeur de l'Académie Royale, remporta le grand prix, & fut envoyé à Rome avec la pension du Roi dès l'âge de vingt ans. Bientôt il eut occasion d'y faire connoître ses talens & d'y prendre place avec les Sculpteurs qui jouissoient alors de la plus grande célébrité. C'étoit le temps où les Jésuites faisoient décorer l'autel de Saint-Ignace dans l'eglise des Jesus : ils ouvrirent un concours pour deux grouppes qui devoient être placés aux côtés de cet autel, & le Gros se sentoit intérieurement capable de prendre part à ce combat ; mais on ne croit pas volontiers qu'un jeune homme puisse lutter avec ceux que l'on compte au rang des maîtres ; l'âge de le Gros pouvoit inspirer à ses juges des préventions qui lui auroient été peu favorables. Les Jésuites eux-mêmes qui sentoient que son mérite étoit au-dessus