Aller au contenu

Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PEI PEI 41


tendre. Il dessinoit bien, rendoit bien les extrémités, sur-tout les mains ; ses têtes sont bien peintes, & ont ordinairement un caractère gracieux. Son pinceau est aimable, & sa manœnvre large & facile. Il ne montroit pas beaucoup de génie dans la composition. Il a peint dans l’église de Saint-Pierre de Rome, Simon le Magicien, tableau justement loué.

Ce peintre très-estimable entendoit bien l’architecture & avoit des connoissance étendues dans la mécanique. Il mourut en 1609, à quarante-six ans.

Aug. Carrache a gravé, d’après Vanni un St. François mourant ; Villamene, une vision de Sr-Bernard ; Corn. Galle, un Christ expirant sur la croix ; Ph. Thomassin, le jugement dernier.


(81) Jean Rottenhamer, de l’école Allemande, né à Munich en 1564, reçut dans son pays les leçons d’un peintre médiocre, & alla se former à Rome. Il s’y fit connoître par des petits tableaux sur cuivre, & surprit ensuite ceux qui connoissoient ses talens dans ce genre, quand il exposa un grand tableau a leurs regards. Les applaudissemens qu’il reçut ne firent que l’exciter à de nouveaux efforts, & il alla à Venise faire une etude plus profonde de la couleur. Le Tintoret fut le principal objet de son imitation, & la manière s’est toujours ressentie du goût qu’il avoit conçu pour ce maître.

Il séjourna longtemps à Venise, s’y maria, & y eut des occupations dont il fut bien payé sans pouvoir sortir de la misère. Le duc de Mantoue, l’empereur Rodolphe employerent son pinceau & la récompenserent magnifiquement sans l’enrichir. Il retourna dans sa patrie, se fixa à Augsbourg, & y fut chargé d ouvrages capitaux : mais toujours dissipateur, il mourut si pauvre, que ses amis furent obligés de faire les frais de son enterrement.

Il aimoit à orner ses compositions de riches accessoires & y a prodigué le nud qu’il se piquoit de bien colorer. Son goût tient de l’école Allemande, mêlé d’une imitation du Tintoret ; sa couleur rend témoignage au long séjour qu’il a fait à Venise ; elle est brillante, mais un peu verdâtre. Son dessin n’est pas sans incorrection. Il recherchoit les compositions riantes, & ses airs de tête sont agréables. On estime sur tout ses petits tableaux peints sur cuivre & touchés avec finesse. Il se plaisoit à représenter des Nymphes nues, & donnoit aux attitudes de ses figures une heureuse variété, sans en outrer les mouvemens : ses ouvrages sont en général d’un fini précieux. Quand il s’y trouve du paysage, il est de la main de Breughel de Velours, ou de Paul Bril.

Le Roi n’a qu’un tableau de ce maître ; il


représente un portement de croix. On voit de lui deux tableaux au Palais-Royal, tous deux peints sur cuivre : le Christ mort sur les genoux de la Vierge, Danaë couchée sur un lit.

Estampes d’après Rotrenhamer : la Vierge allaitant l’enfant Jesus par V. Hollar ; la Vierge & l’enfant Jesus caressant le petit Saint Jean par G. Sadoler ; Actéon métamorphosé en Cerf, par Beauvarlet.


(82) Abraham Bloemaert, de l’école Hollandaise, naquit à Gorcum suivant quelques uns en 1564, & suivant d’autres en 1567. Son père, architecte, ingénieur & sculpteur, étoit un artiste fort estimé. Il donna lui-même à son fils les principes du dessin, & persuadé peut-être, qu’il suffisoit de bien poser cette base des arts, & qu’il étoit ensuite assez indifférent d’apprendre d’un maître ou de l’antre à manier les pinceaux & la couleur, il ne plaça le jeune Abraham que chez des peintres médiocres. Mais si Bloemaert n’eut aucun maître qu’il dût imiter, il eut de bons tableaux à copier, & formé par ces modèles, il fit des ouvrages qui purent servir de modèles à leur tour. Il peignit l’histoire, le paysage, les animaux, les coquillages, mais eut peu de goût pour le portrait qui exige une attention scrupuleuse à imiter le modèle. Ses ouvrages en général se ressentent de cette impatience ; on voit qu’il ne consultoit la nature ni pour le nud ni pour les draperies. Il plaît par sa facilité ; mais on desireroit en lui plus d’exactitude. Il a des graces auxquelles on ne peut résister ; mais ces graces seroient plus vraies, plus naïves, s’il les eût puisées dans l’imitation de la nature. La beauté brillante de son coloris, son intelligence du clair-obscur lui font pardonner l’incorrection de son dessin. Il est plus parfait dans le paysage, parce que ce genre ne comporte pas la grande précision. Ses ouvrages ne sont guere connus qu’en Allemagne & dans les Pays-Bas. Il est mort à Utrecht en 1647. Corneille, le dernier de ses fils, d’abord peintre comme son père, se livra ensuite à la gravure, & y acquit une grande célébrité.

Estampes d’après Ab. Bloemaert : l’Annonciation aux bergers par Saenredam ; l’Adoration des bergers & une Nativité par Bolsvert ; Magdeleine pénitente par Swanenbourg ; les pères de l’église par Corn. Bloemaert.


(83) Michel-Ange Amérigi, dit de Caravage, du nom d’un château du Milanois dans lequel il naquit en 1560. Fils d’un maçon, il fut occupé à broyer le mortier pour les peintres à fresque, les vit souvent travailler, & devint peintre lui-même. Il ne daigna d’ailleurs s’attacher à aucun maître, copier aucun tableau, ni même consulter l’antique. Il crut


Beaux-Arts. Tome II. B