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nomme aussi Pantographe. Voyez ce mot à l’article Dessin.

SPALT. (subst. mas.) C’est le nom que les artistes donnent par corruption à l’asphalte. Cette substance sert à plusieurs opérations des arts, & entre dans la composition du vernis des graveurs. Elle s’élève sur la surface du lac asphaltide ou mer morte. Elle est peu pesante, solide, friable, d’une couleur brune, ou même noire, & d’une odeur bitumineuse. On trouve aussi des mines d’asphalte dans le sein de la terre, comme en Alsace, & à Neuf-Châtel en Suisse. Quelques peintres en huile se servent du spalt pour les bruns ; mais il faut l’employer avec un puissant siccatif.

SPATULE. (subst. fém.) Cet instrument sert à différens arts, & prend différentes formes. La spatule des peintres est un instrument de bois plat par un bout, dont ils se servent pour délayer & broyer leurs couleurs. La spatule du doreur est un outil à manche, dont le fer est large & arrondi par l’extrémité tranchante ; elle sert à réparer dans les moulures.

STIL-DE-GRAIN. (subst. comp. masc.) C’est une forte décoction de graine d’Avignon, que l’on mêle avec de la craie, & dont on fixe la couleur en y ajoutant un peu d’alun. La craie que l’on choisit ordinairement est celle qui vient des environs de Troyes en Champagne. Aulieu de cette craie, quelques-uns prennent du blanc de plomb ou de céruse, que l’on broie bien fin sur le porphyre. On réduit en poudre la graine d’Avignon dans un mortier de bois, on la fait bouillir dans un pot de terre vernissé, jusqu’à ce que l’eau dans laquelle elle nage soit réduite d’un tiers au moins ; on passe cette décoction dans un linge ; on y mêle un peu d’alun dont l’effet est de fixer la couleur, & quand l’alun est fondu, on détrempe avec cette décoction la craie ou le blanc, & l’on réduit le tout à la consistance d’une pâte, qu’on paîtrit dans les mains pour en former des trochisques, ou boules. On laisse sécher ces trochisques, & on les détrempe de nouveau dans la décoction, ce qu’on renouvelle jusqu’à trois ou quatre fois, suivant l’intensité du ton que l’on veut donner au stil-de-grain, ayant l’attention de le faire sécher à chaque fois différente. La décoction doit être chaude quand n détrempe le blanc. (ancienne Encyclopédie.)


il reste presque toujours dans cette composition des parties salines de l’alun, & il est absolument nécessaire de l’en dépouiller : cette opération exige des soins indispensables.

Après avoir bien fait laver le porphyre & la mollette, précaution qu’il faut toujours prendre abaque fois qu’on passe d’une couleur à l’autre,


faites broyer le stil-de-grain avec un peu d’eau ; jettez-le ensuite dans une très-grande quantité d’eau chaude bien pure ; délayez-le quelques instans avec une spatule, ou cuiller de bois, & laissez-le reposer un jour ou deux : alors jetez l’eau sans agiter le vase, jusqu’à ce que le sédiment soit prêt à tomber, & versez-le avec le peu d’eau qui reste, sur du papier à filtrer que vous aurez étendu sur un linge suspendu par ses quatre angles. Quand le sédiment sera sec, il se levera de lui-même en écailles. Mettez-le sur le porphyre avec un pot d’eau, pour lui faire donner quelques tours de mollette. Il ne reste plus qu’à le réduire en trochisques.

Il y a dans le commerce des stils-de-grain de différentes nuances, depuis le citron jusqu’à l’orangé : quelques marchands appellent celui-ci jaune-royal. Ce jaune m’a paru tiré de la racine de curcuma ou terra merita, que l’on nomme aussi safran d’Inde : cette couleur est peu solide. On en trouve sous le nom de stil-de-grain d’Angleterre : les compositions qu’on appelle de la sorte sont ordinairement d’une couleur fauve ou mordorée, quelquefois d’une couleur de boue. On connoît aussi un stil-de-grain brun, qui n’est qu’un mêlange de stil-de-grain jaune & de terre d’ombre nu de bistre. Pour éprouver la bonté du stil-de-grain jaune ou doré, écrâsez-en avec du bleu de Prusse, mais un peu moins de ce dernier : ce mêlange doit donner une poudre d’un beau verd.

La graine d’ahouai, arbre laiteux qui croit au Ceylan, fourniroit un beau stil-de-grain jaune. Il est d’autres plantes étrangères dont nous pourrions, pour le même usage, desirer la possession. Tel est le cariarou, dont les feuilles donneroient une couleur voisine de celle de l’écarlate ; les feuilles de l’alcana, sorte de troëne d’Egypte, fourniroient un rouge solide. Les baies du balisier, plante de la Guiane, donnent un pourpre fort riche ; la racine du mascapenna teint en cramoisi ; le tsaï de la Cochinchine, plante qui, fermentée comme celle de l’indigo, donne, dit M. Poivre, un verd d’émeraude très-solide & très-abondant ; le bois de taan ba, espèce de mûrier, teint en jaune, comme tous les arbres de la même classe. Mais nous n’avons pas besoin, pour cette dernière couleur, d’aller chercher loin de nous ce que nous pouvons trouver dans nos campagnes. La nature y prodigue une foule de végétaux propres à la composition des stils-de-grain : le point capital est de leur donner de la solidité. On n’emploie ordinairement dans cette vue que l’alun ; je crois que la dissolution d’étain rempliroit mieux ce but, sur-tout pour la peinture à l’huile, & que les couleurs n’y perdroient pas du côté de l’éclat.

Voyez à l’article Lacque, la recette de la dissolution d’étain.

Les plantes dont on a coutume de composer


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