Page:Encyclopédie méthodique - Géographie ancienne - Tome 2.djvu/17

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Bochart, malgré toute sa sagacité étymologique, » y a beaucoup moins trouvé de mots phéniciens íi qu’il n’a cru en découvrir dans la langue dés n anciens Gaulois, chez lesquels les Phéniciens » n’ont jamais pénétré». Ceux qui se sont déclarés pour les allégories, ont eu raison, lorsqu’ils ne leur ont pas donné pour objét une physique trop savante & une morale trop profonde. II paroît que M. de Gébelin ^ par exemple, prêtoit aux Pélafges des idéei bien andessus de Tinf’elligence ordinaire à des sauvages, lorsqu’il les faisoit raisonner en philosophes. Mais, si ces favans eussent ajouté que ces allégories étoient dues aux Egyptiens, le premier peuple policé de la terre, & l’un des plus instruits, ils en áuroient, ce me semble, découvert la véritable origine. En effet, c’est des Egyptiens que Pythagore & Platon avoient reçu les explications mystagqgiques sur la génération de Tunivers ; &, lorsque postérieurement les sectateurs dé ces philosophes se trouvèrent dans la nécessité de défendre Tancienne religion contre les chrétiens, & dé développer les idées métaphysiques sur lesquelles ’i elle étoit fondée, ce n’étohr point de nouvelles idées qu’ils développoient pour faire disparaître i’absurdité de cette religion, mais c’étoient celles des anciens, selon la remarque de M. Fréret. (Dès. de la chronologie, p. 364). Une quatrième Opinion, qui, sans être plus probable, a enlevé presque tous les suffrages, est celle des mythologues, qui, rapportant tout à I’histoire, prétendent que les fables nous la représentent .enveloppée si us d’agréables fictions, inventées par íes poètes. Peu contens de ces diverses interprétations, des favans de nos jours, soumettant à un nouvéU examen le chaos de la mythologie, ont essayé d’y porter de nouvelles lumières. M. de Barre {Mém. de litt. T. xvi & xvui), - pense que la théogonie d’Hésiode, ouvrage le plus ancien & le plus complet qui nous reste sur cette " matière, n’est que Thistoire des différentes rehgions Îiui se sont succédées en Grèce, & que les dieux ont autant de personnages allégoriques* Le système de M. Tabbé Bergier ( Origine des dieux du paganisme ), ne diffère de eeitii-ci .qu’en ce que les principales sources des fables sont, selon lui, une explication grossière des phénomènes de la nature, les équivoques du langage & Tabus du style poétique. II prétend que les dieux n’ont point été des hommes ; il soutient même que les héros ne sont que des êtres imaginaires : selon lui enfin, I’histoire des dieux n’est que Thistoire naturelle du monde en généras ; & celle des héros, Thistoire naturelle de la Grèce en particulier. On rie peut ; disconvenir que ce système ne soit très-ingénieux., L’auteur s’appuie, comme Bochart & lé Clerc, sor une infinité d’étymologies^, avéc cette différence ; qu’il les tire-, en grande partie, de Tan-’ ; tien langage grec, qui, n’étant plus connu, dk-il, Géographie antenne. Tp.tne //, des Grecs postérieurs, á don né lieu à des méprises sans riombré & à des fables de toute espèce (r) ; ; Tel est le systêmé qu’oppose M. Tabbé Bergier à ceux qui expliquent les fables par Thistoire, & singulièrement à Tabbé Banier. II fait voir combien est ridicule cé fameux empire des Titans,’ qui occupoit j.dit-on, une si grande étendue dé pays ;, & dont les possesseurs, surent les dieux d’une partie de Tunivers. Un vaste empire dans dés temps pù là Grèce étoit entièrement fauvagei un empiré dont on ne cónnòît ni Torigine, ni da destruction, fera toujours un être fabuleux. Jupiter, Neptune, -Platon, ces ; trois puíssans monarques, laissant un nombre prodigieux d’enfans, & pas,un successeur : Homère du moins n’en dit rien. Ëhí quelle apparence que les hommes aient choisi des hommes pour les adorer, des hommes sor-tout aussi Chargés de vices que Ton suppose les Titans ? Le culte dés premiers idolâtres fut celui des astres .& des parties les plus imposantes de’la nature. Oh verra dans Tintròduction de cette histoire, queles Grecs, avant lhachus,jétoient un peuple barbare, à peine sorti de Tétât de nature. Ils çónfervoient cependant Tidéê d’un être suprême, reste précieuxTdès traditions du genrehúmain. Le temps détruisit cette idée fondamentale, que remplaça bientôt lë culte des êtres que Ton imagina présider -à Tarrangement de Tunivers. Lés Grecs ne lés invoquoient alors que collectivement ; ils leur présentoient toute forte d7offrande, sans lès distinguer par aucun nom, par aucun titre. A cètte théologie grossière en succéda une plus grossière encore. Les génies, que Ton fuppofoit présidera la ’ nature, furent confondus avec lá nature-même ; le ciel & les astres eurent dés adorateurs. Mais, d’où provint cette multitude de dieux que les Grecs adorèrent dans la fuite ? Les Pélafges formoient, dans les corriméncemens, une infinité de petites associations 4 un village & •son territoire étoit ;un peuple qui aVoit ses dieux. Ces sociétés se réunirent : chacune apporta ses divinités, que l’on incorpora còrhme les hpmmes s’incorporaient eux-mêmes ; & voilà la sourire de £egrand noníbrëde dieux.Furerit-íls ’ originairement des hommes ou des intelligences ? :, On convient, jSc M. Tabbé Banier ^Explìc. des fables, L. 11, c, 3), Ta prouvé ? quej’idolâtrie a. commencé par le culte.des astres. La réunion des Grecs leur donnant de nouveauxlsesoins, ils divinisèrent tous les objets particuliers dont ils désiraient bu dont ils redouto.ienr les influences. Ainsi naquirent les divinités de la mer, des fleuves, des fontaines ; celles qui présidoient à la génération, à la végétation, fyc. Bísdes besoins naquirent les passions, nouvelle source de divinités : Tarhour, la vengeance, la pitié, la crainte, la terreur, (1) Cet ouvrage,-imprimé d’abord en quatre petites parties, a été depujs donné’en deux vol. Jl se tr-Q»-. voit’à Paris, chez’ Hum’blot, nie Saint-Jacques. – B