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eurent lews autels. Les peuplades grecques de- i vinrent des nations. Les dieux forent chantés par ! les .poètes, qui firent, des. généalogies. L ?S uns étoient pères des autres, -félon lë degré d’ancienneté : voilà lès théogones. ; ., Jamais TEgypte ne déifia des.hommes. Les Phér. riciens re.jettoient le culte des héros : les Grecs, qui adoptèrent la religion de ces peuplés, n’adorèrent donc point dés hommes. Les divinités subalternes qu’ils admirent, ne furent donc que des Iiéros ou des démi-dieux. qui partageoient la-souveraine béatitude, & non le pouvoir des divinités, ïls, offraient aux dieux les voeux-des mortels sans pouvoir les exauceri Les honneurs qu’on leur renflòït se nommoiént honneurs héroïques, &. leurs chapelles, leurs autels ; leurs statues étoient désignés par le’mot heroïa.__., ; - L’éxistehce de.s. héros est un fait dont il n’est permis dé ;doutertqu ?à ;eeux qui ignorent les antiquités grecques. J.lsufEt de la lecture des ouvrages,de M. Fréret pour en être convaincu ; & ;un seul exemple, rapporté par.M. Cousin, démontré que JVL TabbéBergier a été entraîné parlesconséquences nécessaires de son système. Qn ;a toujours cru que TEgyptien Cécrops avoit .sondé.île. royaume d’Athènes,, & lui avoit donné des loix.i Toute Tantiquité^ les ouvrages /& les monumens déposent en-faveur de-ce.-sentiment. Selon M-. Bergier.-,-" Çéçrops est la hauteur ou la » crOUpè de montagne sur laquelle Athènes fut » bâtie d’abord... Kp^sTct, selon Hésychius, signi- .» fie lieux élevés. On a cru que Cécrops étoit Egypn tien, en prenant kiyuwjoí, lieu fermé, lieu en- » vironnê d’une enceinte, pour le nomde TEgypte... » Ainsi Kêzpo,\. K.iyvTTÍoç en vieux, grec, signi- . J> fioit hauteur,fermée\, ou entourée de murs...... » Celui-ci (Cécrops), épousa Agraule, fille i » d’Actoeus ;- Áyp’avhov est composé ..d’Kypor, n champ, & d’Kv^av, vallée ; Actoeus vient,»• d’A"»Ti), rivage. : Agraule, fille d’Actaîus & » femme de Cécrops, est donc une campagne » ou ferre basse qui touchoit.d’un côté la mer, & 3> de l’autre la hauteur sur laquelle on commença ’ ». à bâtir Athènes ’»..’...., L’étonnement, dit M. Cousin, ne ferpit, qu’augmenter, si nous donnions Thistoire des autres héros : on vefroit, par ’ exemple, ; qu’Hercule n’est qu’un bâtardeau, & que tous ses exploits si vantés, se réduisent à’des eaux,détournées ou vaincues par une digue..... M. de Gébelin, quis’oçcupoit depuis très-long^ temps de tout ce qui a rapport à Tantiquité., à Toripine. des peuples, des cultes, des langues, publia les commencemens de.son ouvrage peu après celui de M. Tabbé Bergier. II n’est pas étonnant,’ dit il dans son/Monde primitif (Tiz, p. 169), que les anciens « Grecs eussent, à une certaine époque, Ì> perdu de vue le sens des allégories, & que Ton J> eût même oublié que c’étoieht des objets allé- » goriques. Nées dans Torient dès la plus haute M antiquité, présentées continuellement sous les » traits d’une histoire réelle, liées à un langage qui ’ » cessa d’être entendu, on ne dut voir insensible- .’ » ment en elles que de Thistorique ; le souvenir de «leur première origine dut s’éclipser presqu’en- ». tiérement ». . D’après ces principes, l’auteur fait voir que les actions prétendues de Saturne, de Mercure &. d’Hercule, considérés coriimè des hommes par les parthans du sens historique des fables, ne font^ que des allégories.- ; la première j sur l’invention de l’/igti’ culture.. ; fa seconde ; sur celle de l’astronomie ; celle d’Hercule enfin \ sur le défrichement des terres. C’est ainsi ’qu’Hercule, selon M. de Gébelin, très-anté. rieur aux Grecs, chef des dieux du sabéisme (1), emblème du tout - puissant, ame de la régénération, qui, le premier eut des temples chez les Phéniciens, ne parut plus, chez les-Grecs, que le fils d’Alcmène, le dernier des dieux & le premier des héros. II faut, voir dans.í’ouvrage même avéc quelle sagacité l’auteur donne de la réalité à ses opinions. Oscrons-nous cependant observer, dit M. Cousin 1, que., dans cette matière, il s’est hissé trop.em-. porter par i’esprit de système ? Semblable à M. Tábbé Bergier, il ne s’est pas contenté de-reléguer les dieux au rang des êtres allégoriques ; il pense-, comme ce savant,. que la plupart des héros sont. autant d’êtres imaginaires. Cependant il est aisé d’appercevoir qu’Hercule le Phénicien, par exemple, originairement divinité purement allégorique, & représentant tous les^attributs dont on a parlé plus haut, n’empêche pas qu’Hercule, ou.plus exactement Alcide le Thébain, n’ait été un personnage historique, dònt Texist.nce est démontrée, Peuton, quand on a lu la. dissertation de M. Frérét siir.la chronologie de Lydie,& le grand ouvrage du même auteur contre Newton ; peut-ori, dis-je,- sans prétendre détruire toutè Certitude historique, soutenir que des événemens aussi bien liés ; aussi bien suivis que ceux des temps héroïques, dont il a donné dés synchronifmes si nombreux & si frappans, ne soient que Teffet du hasard ? De ce que Thistoire des dieux, qui ne sont réellement que des personnages allégoriques, ressemble . souvent à une histoire de personnages qui pourraient avoir existé, nous aurions tort d’en conclure que ces dieux ont été des hommes. Par la même raison, de ce que Thistoire des héros contient souvent des allégories, nous n’en devons pas conclure qu’ils ne font que des personnages allégoriques. On ne sauroit douter que des faits attribués au fils d’Alcmène, un grand nombre ne soient allégoriques. Qu’en faut-il conclure ? Qu’effectivement les phéniciens apportèrent dans la Grèce le culte de leur Hercule, & que cette divinité y eut ses autels. Mais lorfqne les defcendans du fils d’Alcmène, devenus maîtres du Péiôponnèse, pour se (1) Voye-x ce mot dans le dictionnaire de philosophie ancienne.