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donner plus d’Importance, eurent réussi à confondre. l’auteur de leur race avéc la divinité phénicienne, Àlcèe avec Hercule, la légende orientale se confondit avec les exploits du héros Thébain : ì’emblême-s’unit à Thistoire ; Dans la fuite, les uns n’y virent plus rien que d’allégorique, les autres que de Thistorique,& tous eurent tort, puisqu’elle renfermoit l’un & l’autre. . Un fait rapporté par Pausaniás (î) est la preuve de ce que Ton avance ici. L’Héraclide Festus s’étant en conséquence é,tabli à Sicyone, ayant remarqué que les habitans ri’honoroiént Hercule que comme un héros, les engagea à Thonorer comme dieu ; ils lui offroient sur le même autel des sacrifices de deux espèces : cet usage subsistoit encore au temps de cet historien. Hérodote parle auslî de cette coutume, observée dans plusieurs templesyoù Ton honorait Hercule comme dieu & comme héros. Ainsi Alcée fut confondu avec unê divinité phénicienne, comme, quelque temps auparavant, le fils de SéméléTavoir été avec Osiris, divinité égyptienne ; comme Esculape le fut dans la fuite avec la divinité du mêmé pays, dont on lui donna les attributs ; comme aussi les Tyndarides avec les Dioscures, &c. . Pour montrer, que le système de M. de Gébelin, porté trop loin, avoit un inconvénient très-réel, relativement à la connoissance de Tantiquité, on. . fait la supposition suivante. Admettons que la ville de Thèbes eut été détruite dans les temps héroïques. M. de Gébelin, dont je respecte d’ailleurs les lumières & la sagacité, avoit dit dans son monde primitif : « Thèbes est un mot oriental qui » signifie une arche,am vaisseau ; mais les Orien- » taux faisoient voyager le soleil dans un vaisseau ; » il en étoit le pilote : dans ce sens donc, le Soleil » ou Hercule étoit appelé avec raison le Thébain n. D’après ce premier raisonnement, il semble que l’on peut, en bonne logique, ajouter : donc la ville de Thèbes n’a point existé (2). Cependant même dans les temps historiques, cette Thèbes a existé. D’accord, dira-t-on ; mais Hercule n’exis- (i) $*7S-TOV iv 2iXu»v<a- \iymm «X&ívra K.a.Ta.Xa^tív WfBLTt’kíiffQaLÍ l»S Zpoï svayítyvTO-S’CVlLOVV àí ;lou Spai oucT/v oc 4>*7iTTof tttì ÌMTZI, àwáuí / ?t» jSis’iy. Pausaniás dit donc qu’il ne voulut pas que l’on sacrifiât seulement comme a un héros, mais aussi comme à un dieu. C’est ce que M. l’abbéGédoyn rend ridiculement par ces mots : « qu’à » l’avenir on lui sacrifiât dans les formes ». Cela se pratiquoit encore au temps de Pausaniás. On égorgeoít un agneau, on en faisoit rôtir une partie sur l’autel ; ils man» geoient une partie de la victime, suivant l’usage des sacrifices : on offroit l’autre à Hercule comme à un heròs. (a) Jé me rappelle qu’il parut dans le temps des premières publications de cej ouvrage, une lettre très-spirituelle de M. Gudin de la írenellerie, insérée dans un des mercures. U faisoit sur un grand nombre de personnages françois du siècle précédent & du siècle actuel, ce que M.’de Gébelin faisoit par rapport aux personnages del’ancienne Grèce, & démpntroit qu’ils n’avoient jamais existé que comme personnages-allégoriques. Au reste, cet homme de lettres, très - estimable & très instruit, fait grand casdesrconnoiflances de Mv de Gébelin ; il ne vouloit que montrer les dangers de son système. ’. toit iplus dans ces mêmes temps. ;-Non y sans • doute ; mais les Héraclides, ses descendans, existoient :r leurs généalogies se rappprtoient ; on ne pouvoit les suspecter de collusion. Aussi M. de.Gébelin né’ : prétend-il pas établir ce système généralement pour tous les faits qui ont précédé la période histo- 1 rique. II convient « qu’il y eut une Thèbes, une v Troye, une Colchide, un Cadmùs, un Minos--j"- » un-Thésée ; maisj ajoufe-t-il, tout ce.qu’on leur » attribue ne peut être vrai : & si l’on préféra - » leurs noms à d’autres, pour-en faire le .sujet » d’événemens.allégoriques, c’est qu’ils prêtoienr » davantage à Tallégorie. Ainsi, il faut toujours » distinguer le-personnage allégorique du person- » nage réel : seule manière de débrouiller le chaos » de Thistoire ancienne ». !. : On peut donc conclure, d’après ce qui vient d’être dit, gué, dans la religion grecque, il faut bien distinguer deux objets : Thistoire des dieux & cellé des héros. Cette religion, ne naquit pas 7 dans la Grèce : il faut se transporter dans TOrieht pour y trouver la plupart des fables grecques’j_ plusieurs de leurs dieux & quelques-uns de leurs héros.. Les dieux, dans l’origine, surent autant, d’êtres allégoriques, qui donnèrent lieu aux his- ; toires prétendues d ?hommes qui n’existèrent jamais,’ & rendirent souverainement ridicules des allégories ingénieuses & nécessaires dans léur principe. Mais les personnages des temps héroïques, quelquesuns exceptés, furent véritablement des hommes qui, abstraction faite des fables dont Tímagination des Grecs revêtit leurs actions, doivent être rendus à Thistoire. En admettant cette distinction vraiment essentielle, on peût convenir avec M. de.Gébelin, que, dans le langage allégorique, Tunivers devint Pan ; la nature seconde, lfis ; que le ciel fut Uranus ;. la terre, Rhéa ; le soleil, Apollon ; la lune, Diane ;. le temps & les moissons, Saturne ;, les faisons, Hammon, Osiris & Sérapis, ou Pluton ; que Teau : fut Neptune ; le feu Vulcain & Vesta ; Tair, Junon ;. le labourage, Cérès ; les vendanges, Bacchus ; les neuf mois des travaux champêtres, les Muses < les trois-mois du repos des plaisirs, les Grâces ; que Tamour fut Cupidon & fa mère la Beauté ou, Vénus. L’industrie & les talens des doigts furent Minerve ;_ 8c Mars, la valeur guerrière. J’ajoute avec le mênìe auteur, que les douze mois furent fous lâ protection de douze divinités que Ton appela-lés Grands Dieux., six femelles ou six Lunes, six mâles ou six Soleils ; que chacune de ces.lunes ou de ces soleils avoit une forme différente, selon les travaux relatifs à ces mois ; d’où résultoient douze tableaux différens ou douze grands dieux. Ces êtres allégoriques, én se transportant chez diverses nations, changèrent dé nom (3), soit à (3) On trouverai dans le dictionnaire d’antiqiiité, nonseu’emerit les attributs de ces divinités, mais aussi leurs noms chez les Grecs, tels que Héra pour Júnpn ; Arìt pour Mars, &c. B a