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Page:Encyclopédie méthodique - Géographie ancienne - Tome 2.djvu/20

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12 GRÆ GRÆ

cause des divers attributs qu’on leur donna, soit parce que chaque peuple voulut les designer par «les noms tirés de fa,propre langue. Ainsi la lune, qui fut la Diane des Romains, étoit Artèmife chez îes Grecs ; Aftaué chez les Syriens ; Europe chez Jes Phéniciens ; Sémiramis chez les Chaldéens ; Ifi chez les Egyptiens, &c. Le soleil fut TApollon -des Grecs & des Latins, le Bel des Chaldéens, VAdad des Syriens, YOsiris’des Egyptiens, le Mélicerte des Tyriens, &c. Et tous ces noms furent allégoriques, c’est-à-dire, parfaitement assortis aux objets qu’ils. désignoient. Ainsi, Diane vient de di, lumière ; Artémìs signifie règle de la terre ; A star-té ; déesse des astres ; Europe, Yoccidentale ; Sémiramis,- la reine du ciel ; Isis, la maîtresse ou Yancienne. Il en est de même des noms donnés au soleil : ils reviennent tous à celui de seigneur, de roi, de souverain. \ Je passe à Texplicatión qui doit nous mettre à portée de juger comment, chèz les Grecs, les anciennes divinités ou intelligences qui dirigeoient la nature, fiirem prises pour des hommes déifiés. : Dans lés temps reculés, lorsque Ton.-vouloir illustrer un prince, ou quelque homme célèbre, on lui donnoit le nom du dieu qui président aux sciences ou aux arts dans lesquels il s’étoit distingué, ou celui de fils de cédiëu. Un prince redoutable "fut Jupiter ; parcourut-ii les mers, on-lé nomma Neptune. Le Courage,prit le nous de Mars ; la Beauté celui de Vénus ; la Sagesse ou-les arts, celui de Minerve. Une princesse impérieuse étoit Junon. Se plaisoit-elle dans les forêts, cè fut Diane. Plus ïes faits des personnages furent éclatans, moins il fallut de’temps pour qu’un peup’e grossier les attribuât aux dieux même. Insensiblement les divinités se trouvèrent chargées des actions des hommes qui avoient porté lèurs noms, 6k le vice même, par ce moyen, monta dans Tolympe (î). Les poètes, pour faire leur cour aux grands, leur fabriquèrent des généalogies divines. La manie d’en avoir de pareilles fut portée au point que Ton trouve peu de personnes célèbres dans les temps héroïques, qui ne se glorifient d’être descendues de quelque -dieu. On ne doit plus s’étonner de rencontrer tant de Jupiters, tant de Neptunes, &c. ni même qu’un dieu fût revendiqué par plusieurs peuples qui le faifoient naître & mourir dans des siècles si différens. A ce qui vient d’être dit, j’ajouterai deux mots pour faire connoître le système,de M. Tabbé Fauchet sur Thellénifme (Mém. de littéral. T. xxxiv - & fuìvans. ) M. Tabbé Fauchet convient que Jupiter 8c les antres dieux de la première classe, étoient des 0\3e dois observer ici que quant Rl’explication de ïorîgîne de certaines fables chez les Crecs, aucune ne satisfait autant que Celle qu’a donnée M. Dtlpuis, professeur de îuniverûté, & qui se trouve inséré* dàns les éernières éditiofls dç Tastronomie de M, de la Lande. divinités dont le culte -fut apporte dans la <^«e par.les colonies d’Egypte & de. Phénicie. D un autre côté, dit-’il, les Grecs avoient dresse des autels à,des hommes célèbres, connus sons les noms de Jupiter, d’Apollon, de Mars, &c. De-là les deux fyltêmes opposés, celui des allégoriftcs & ceiui des évèmènfies (i), qu’il veut concilier. Selon dni, les anciens ont cru que des hommes singuliers avoient été Tegardés comme des dieux qui delcendoient lux la terre, Sc leurs actions forment la, mythologie grecque. Sous ce point de vue, elle renferme des traits historiques, 6k sous le précédent les dieux allégoriques. Ainsi, ils sont, en même- temps anciens 8c nouveaux Egyptiens, phéniciens & Grecs ; éternels, immortels, & en même temps hommes, au moyen de )a ïhéophanïe, que M. Tabbé- Fauchet distingue de l’apothéose. Par celle-ci, un homme devient dieu ; par l’autre, un dieu paroît sous une forme humaine. M. .le conseiller Heine, auquel la littérature alleruaude a de si grandes obligations, a répandu dans plusieurs de ses ouvrages un nouveau jour sor la mythologie des Grecs. Il est d’avis que Ton ne doit pas J’a regarder comme une simple fiction, II pense qu’elle énonce les faits historiques les plus anciens, & contient le fyctême de la philosophie des temps les plus reculés, ainsi que les origines des peuples 6k des grandes familles. Mais aussi recommandoit-il dans un écrit qui parut il n’y a pas long-temps, de ne pas confondre toutes les époques & toute» les espèces de poètes. M.-íìermann, l’un des disciples de M.Heine, ayant adopté tes prineipesàTégard de la mythologie grecque, vient de les expliquer avec clarté quant à Homère 8c Hésiode’, dans un manuel mythologique qu’il vient de publier à Berlin (3). Il y traité des quatre origines générales des choses du chaos, du -Tarrare, ci’Eros & de Géa avec fa postérité. 11 a su tirer" avec beaucoup d’esprit 6k de sagacité des deux poètes que j’ai nommés, de nouvelles considérations ; 8c a présenté de nouvelles vues sur l’histoire & la géographie. M. de Bougainville fait, à regard des règnes des dieux du paganisme, une réflexion bien sensée. La durée du règne des dieux varie selon les différens pays ; mais de manière que, dans tous, elle est toujours égale à celle des temps inconnus, & ne finit qu’aux siècles où le commerce avec des nations policées commence à dissiper la barbarie. Ainsi ce règne qui, pour les Grecs du Pélopon- ’ (a)On donne cenom aux partisans du système d’Evhéroè’re. Cet auteur passepour avoir, le premier, adopté l’opinion qui-domie toutes les divinités comme desimpleshommes, déifiés parlaxeconnouTance, l’acuniration ou la terreur. (3) pet ouvrage mériteroit d’être traduit en Je ffançois. crois qu’on pourroit se le procurer à Strasbourg. H porre le titre suivant : Kandbuchder mythologie aus borner andhesiodals grimdlageiueincórichtigreitfabcïUhr^dlialw- l ’thwni, 6% 1vol, iu-S, B«rlin, «hez. Nicolai.