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nèse, finit à l’arrivfi’d’Inachus, continue pour les habitans de TAttique jusqu’à Cécrops ; & pour ceux de lâ Béotie & de la Thessalie jusqu’au temps de Cadmus, 6k jusqu’à celui deTinvasion des Hellènes sortis des environs du Parnasse ; preuve convainquante que les dieux, ou pliuôrles hommes donnés pour tels, n’ont jamais existé, 6k qu’on les doit à la foiblesse des lumières des premiers peuples, qui fut bicn’sccoiídéé ensuite par Timáginaiion des .„ poètes.

En résumant donc tout cet article, qui paroîtrà peut-être un peu long, mais que Timportance du so ;et 6k du peuple auquel il appartient, doit faire pardonner ; en résumant dònc, on voit, i°. que les divinités de la Grèce, dans l’origine, furent les astres, les vents, les élèuieris ou les intelligences. a°. Que les Grecs ayant eu communication avec les Egyptiens èk lés Phéniciens, ayant adopté leurs divinités, les honoraient Conjointeriieut avec les Jears. 3°. Enfin, que les noms des dieux, donnés à différens personnages, firent prendre insensiblement pour des hommes, les êtres allégoriques que ces noms désignoient. Le dernier des écrivains qui ait traité convenablement ces objets, est M. B-abaut de Saint-Etienne ( Lettres à M. Bailly, sur I’histoire primitive de la Grèce"). Cet auteur philosophe 6k littérateur pense ’ que dans les premiers âges, TéCrituré ne fut que la peinture grossière des objets. Cette écriture cessa d’être en usage lorsqu’elle sut surchargée de signes, où ces signes commencèrent à être arbitraires, où les mêmes signes furertr employés à représenter sept ou huit id^g différentes, où enfin Ton sentit qu’une telle écJkre manquoit de précision 6k d’exactitude. Ce nrt alors que Ton imagina de peindre les idées. Ce fut la fin de Tàge allégorique. Alors.les hommes se livrent à la facilité & au plaisir de donner du-corps à leurs idées ; ils représentent les objets physiques par la peinture de ces mêmes objets ; 6k les choses abstraites par despeintures significatives. Ce fut la coutume de personnifier ainsi tous les êtres de la nature, qui fit imaginer les dryades * les hamadryádes, les oréades, & ce peuple de jeunes nymphes, cachées, disoiton, sous Técorce des arbres, tandis qu’elles étoient elles-mêmes comme une écorce légère, fous laquelle Tallégorie étoit ingénieusement enveloppée. Les nymphes des arbres & des montagnes ne jouent pas un rôle actif 6k brillant dans les origines grecques, parce que. les êtres qu’elles figuroient avoient moins de rapport avec les hommes. Mais les Naïades, les charmantes nymphes des eaux,remplissoiênt tout le commencement de cette histoire. C’est à leur complaisance pour les fleuves, leurs voisins, ou à leurs liaisons avec les monts d’où elles découloierit, que nous devons la plus grande partie des princes & des héros de la mythologie. C’est que les Grées primitifs étoient accoutumés à les appeler les mères des bourgades qu’ils avoient construites sor leurs bordsr, 6k qui souvent port oient’-le même nom. Bienfaitrices du pays, elles surent souvent appelées les nourrices des ;".. dieux, comme elles étoient les nourricières desi horiimes. Nous voyons huit fontaines en Arcadie, qui, fous le nom de nymphes, passoient pour les nourrices de Jupiter. Les fleuves, chera à ces pte-, mières peuplades à cause de leurs bienfaits, furent regardés, dans la fuite comme des rois puissans ; &•-. leurs noms, sous ce titre, furent consacrés dans les fastes de la Grèce. Les villes, les états furent aussi personnifiés ; 6k ces personnages imaginaires vinrent se placer dans Thistoire à coté u’Apollon, de Diane, d’Hyacinthe 6k d’autres personnages aussi peu réels. Lorsque le sens des allégories fut perdu, on se.méprit aux chansons, aux poèmes, aux peintures grossières que Ton en avoit fait, 8c Ton prit pour des erres réels plusieurs de ces êtres purement représentatifs. De tout temps ost en avoit parlé comme des.pères, des mères, des rois des premiers habitans du pays. Leurs noms, transmis d’âge en âge jusqu’à celui où l’origine en étoit perdue, étoient devenus Tobjet de la vénération, publique. On crut à leur existence, 6k lorsque les premiers écrivains rédigèrent les histoires de tous ces pays pour n’en faire qu’une, ils y entassèrent cés personnages allégoriques,-qui, pour }a plupart de nos écrivains modernes, passent encore pour des êtres réels. " On ne doit pas être surpris, dit l’auteur cité plus haut, de cette erreur où tombèrent les hommes lorsqu’ils commencèrent à écrire des annales. Ils habitoient des pays gouvernés par de petits princes,*& ils crurent qu’il y avoit eu de tout temps des princes ; ils voyoieut fonder des colonies, 6k ils crurent que leurs propres villes avoient ainsi commencé. N’ayant sur la mémoire des temps passés qu’une tradition oracle, 6k’par conséquent incertaine, figurée 6k par conséquent inintelligible pour eux, ils adoptèrent ce qui leur’ avoit été transmis comme si c’eût été de Thistoire. ’ Rien ne prouve mieux q«e,dans le langage allégorique, les montagnes avoient été appelées les rois du pays ; que souvent aussi elles furent peintescomme des géans,cvc. c’est qu’en effet dans quelçj’ue lieu qu’il y ait eú un déluge, les montagnes ont dû y être les sauveurs des habitans ; elles ont dû - être les premiers lieux habités dans les, pays couverts d’eau, que. Topinioh que Ton a eue généralement de sacrifier sur les hauts, d’y bâtir des temples. Selon les Grecs, c’étoient les pierres’ échappées des mains de Deucaiion 6k de Pyrrha, qui avoient été les réparateurs de notre espèce. Ceux qui ensuite descendoient des" montagnes en étoient, dans un sens allégorique, les enfans. C’est ainsi que chez les Hébreux, Jérusalem étoit la fille de Sion.