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14 GRÆ GRÆ

Mais, pour m’en tenir à ce qui concerne les Grecs, en Arcadie il y avoit le. mont Ménale, sur lequel étoit une ville de même nom. Pour les poètes, cette.montagne avoit été une reine, fille du ciel 6k de la terre, 6k mère du roi Ménalos, qui avoit fondé la ville de Ménale. En Lâconie, la montagne Taygète avoit été une princesse., fille d’Atlas ; elle devint mère de Lacêdémon, qui bâtit Lacédémone. En Béotie, le mont Cythéron étoit le premier roi du pays., Dàns la Thráce étoient le mont -flïmus 6k la célèbre montagne de Rhodope, près de laquelle couloit le fleuve Strymon. On raconte, dans le style du temps, que la princesse Rhodope, fille du Strymon, avoit épousé le roi .flîmus : mais qu’ayánt osé dire qu’ils étoient, l’un Jupiter, 6k l’autre Junon, 6k le faire adorer de leurs sujets, Jupiter les avoit changés en montagnes. Je dis la même chose, continue M. de Saint- Etienne, 6k d’une manière plus affirmative encore, des montagnes volcaniques. Elles surent peintes -comme des géans terribles, armés de cent bras, qui entaffoient rochers sur rochers pour escalader les cieux ; & qui, troublant l’air de leurs cris 6k de leur fureurs, jiortoient Tépouva n te jusques chez les dieux, qu’ils vouloient détrôner. Ainsi, dans la Thrace, les géans Athos, Pallêne, Mimas, TyphééV& les terribles, fils d’Alous, sont des montagnes du pays. ; tandis que le roi Phlégyas ( ou le brûlant ), sous lequel arrivent ces catastrophes, en est le souverain, 6k que le pays s’appelle l’Iftiée ( h brûlée)-, les champs Phlégréens (ou brûlés’). Ainsi dans la Sicile, lés géans Encelade, Briarée, jEgéon, Gigès (ou le géant), ont déclaré aux habitans du ciel uhé guerre pareille. 11y avoit un chemin qui cónduifoit de Tisthme de Corinthe à Mégare ; comme toute cette partie est hérissée de rochers, la route étoit fort mauvaise 6k remplie de précipices. Strabon le dit formellement au commencement du L. IX, 6k il ajoute : on raconte (î) qu’il y avoit à ce passage un brigand qui ..faisoit jeter les pasians dans la mer. Voici le fait raconté ailleurs. II arrêtoit les passans, les faisoit jeûner, leur mettoit du pain à terre, les engageoit à lui laver les pieds, 6k prenoit ce temps pour les pousser dans là mer : Thésée l’y précipita. La terre & la mer, dit Ovide, refusoient également de recevoir ses os ; ayant été long-temps le jouet des ondes, il devint rocher. Ces rochers, qui existoient réellement, étoient nommés Zaeipavífef rr.érpa.1, Scironides pelroe ; ce qui, seson Tëtymologie grecque, signifie seulement pierres taillées-, parce qu’avec le temps on y avoit taillé une joute. Tout le monde çonnoît les écueils de Charybde n. ...’.— .. • ^ ’ (i)Il sesert du mot Í/U8£UÍT«.<d,ont la racine estm/8oí, fable, dVìj nous ayons fait mythologie. Ick de Scylla, Beaucoup pius uangc"-"* „..i.w.«» qu’ils ne le sont aujourd’hui. Pour ceux qui vont d’Italie à Syracuse, Charybde. est à droite-& Scylla à gauche ; ce dernier sur les côtes de Tltalie, le premier-, sur celles de la Sicile ; Dans le langage figuré des premiers temps, Charybde étoit une belle femme, voleuse insigne, qui voulut enlever les’troupeaux d’Hercule ; mais Jupiter la foudroya. Et comme cet écueil est sous Teau, on peignit cette femme avec une énorme queue de poisson» ; L’écueil.de Scylla fut personnifié de même : son nom est féminin ; on en fit une femmerLes flots venoient se briser avec bruit contre lesTOchers ; on dit qu’elle étoit entourée à la ceinture de chiens & de loups qui hurloient 6k aboyoienr sans cesse. ’ - Dans le styíe allégorique., dit encore M. de Saint-Etienne, les villes elles-mêmes étoient personnifiées : nous en avons conservé Tusage dans nos médailles 6k dans -nos tableaux allégoriques. On associoit une figure dé héros ou d !héroïne aux armoiries de cette ville ;-lé héros en portoit le nom : nommer la ville óu nommer le héros étoit la même chose. De cette habitude de lier la ville au héros, 6k du génie allégorique qui donnoit de Tame 6k de la vie à celui-ci, naquit Terreur qui porta les peuples postérieurs à lui supposer une existence réelle. Ils ne firent pas attention que les villes ne se sondent pas ainsi ; qu’elles ne doivent pas leur existence à des princes 6k à des princesses ;~ que toutes les villes dâns les premiers temps, ontcommencé par n’être que des cabanes ou des hameaux ; qu’au temps du déluge de Deucaiion & de celui d’Ogygès, il étoit impossible qu’il y eût un si grand nombre dlhabitans pour peupler les villes & de princes ^k les bâtir. De plus, leur non-existence n’est-Wpas démontrée par leurgénéalogie ?. Tous les fondateurs prétendus de villes, desquelles l’origine est nécessairement in-, connue, font fils ou d’un fleuve ^ ou d’une fontaine, ou d’une constellation, où d’un dieu, ou- : d’une amazone, ou au moins d’un roi. Or, comme Texistence de ces fondateurs, fils de fleuves & même de rois, n’est pas possible, il s’enfuit que ; c’est dans Tallégorie qu’il faut trouver leur histoire. On trouve aussi celle d’un grand nombre de ces personnages dans Tastronomie ancienne.- C’est sur quoi M. Dupuis a déjà montré des ap-, perçus,très-lumineux, 6k ce qu’il démontrera complètement à la publication du grand ouvrage qu’il - prépare sur cet objet. On en peut prendre une idée très-avantageuse par la lecture de ce qu’il a fait imprimer dans Tastronomie de M. de la Lande, comme je Ta.i déjà dit, 6k dans ce qui s’en trouve dans Texcellent«ouvrage de M. de Saint-Etienne, Aces idées effentiellement préliminaires sur la religion des Grecs, je ferai succéder quelques détails particuliers, relatifs, à la pratique de 1.V religion. Divinités, Les dieux de la Grélce étoient divisés