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politique ( M. Tabbé de’ Mably ), que si les Grecs continuèrent à cultiver la paix, 011du moins, s’il ne s’éleva entre eux que des querelles passagères & peu importantes, ce ’ne fut pas Touvrage seul du gouvernement amphictionique. L’ancienne habitude d’envoyer des colonies au dehors., 6k leurs ; dissensions domestiques depuis Tétablissement de la liberté sur les ruines de la monarchie, y con- ^ tribuèrent également, 6k toutes ces causes à la sois concoururent à entretenir Tunion. ; Cependant cette union n’eût pas été de longue durée, puisqu’ils n’avoient pas un chef commun, & que chaque état en particulier eût craint de s’en donner un en consentant à en reconnoître pour le général de la nation. Cette seconde opération, & peut-être la plus importante au bonheur des Grecs, fut Touvrage d’un seul homme, immortel par ses vertus, son courage 6k fur-tout son génie. Ce grand homme fut Lycurgue. ’Attendri sor le sort de Sparte, fa patrie, en proie aux dissensions domestiques, exposé aux guerres du dehors, il conçut le vaste projet de’lui donner une constitution. plus faine 6k plus robuste en réformant les loix 6k les moeurs (1). Son succès fut également heureux dans ce double objet. Lés deux branches - de rois furent conservées, comme généraux, à la tête des armées ; comme magistrats, à la tête d’un conseil composé de vingt-huit autres membres, choisis entre le peuple. Lorsque le corps de la nation foMiioit des assemblées, le conseil proposoit les matières 6k le peuple délibérois.-. Cinq autres magistrats, nommés éphores, 8c revêtus d’un pouvoir que Ton a comparé au tribunat du peuple chez les Romains ; tenoiept le milieu entre ces différentes puissances, 6k fur-tout empêchoient les "rois 6k les lénateurs de s’élever au-dessus de la loi. D’un autre côté, les terres furent partagées également, les richesses 6k le luxe furent bannis ; la pauvreté vertueuse, Tamour de la patrie,l Texercice continuel des armes en prirent la place, 6k""des moeurs entièrement nouvelles furent la base solide de ses nouvelles loix. Delà vint Télévation dé Sparte au-dessus des autres états de la Grèce ! Hercule, dit Plufarqué, párcouroit le monde armé de fa feule massue, 6k "par-tout exterminoit les tyrans 6k les brigands ; 6k Sparte, avec fa pauvreté, exerçoit un pareil empire sur toute la Grèce. Sa justice, fa modération & son courage y étoient si bien connus, que, ’- (1) Après avoir établi un sénat, réglé le pouvoir des rois, & donné des entraves á la licence du peuple, Ly-, curgue publia des loix qui avoient trois "• objets principaux, 1*. d’élever les Lacédémoniens au plus haut degré de force où des hommes pussent atteindre.... iQ. de diriger toute cette force au seul bien de l’état... 30. d’assurer la durée des loix,, & de rendre la constitution de l’état permanente. Vòyt\ sUr ces trois objets ce que dit M. Mathon de la Cour, dans fa dissertation sur les loix de Lycwgue, 7 A saris,cht\Durand., . . Géographie antienne. Tome II, sans avoir besoin d’armer ses concitoyens, elle cahnoit souvent par le ministère d’un seul envoyé, les dissensions domestiques des Grecs, contraignoit les tyrans d’abandonner Tautoriié qu’ils avoient usurpée, 6k terminoit même les différends survenus . entre les villes. Ce temps de calme & de supériorité ’pour Sparte ne laissa pas-d’être long, 6k Teût encore été davantage sans les semences de jalousie 6k de rivalité qui commencèrent à germer. dans fou sein après les premiers succès des Athéniens dans la défense générale des Grecs contre les Perses fous le règne de Darius, troisième roi du nouvel empire des Perses. Les Athéniens établis, hors du Péiôponnèse, dans un terrein.assez étroit, 6k-qui ne devoir qu’à fa stérilité Tavantage de n’avoir pas été ravagé par des brigands,(2), s’étoient toujours livrés aux accès d’un emportement inquiet 6k à Timpúlíion du moment. A lá naissance même d’Athènes (3), ses habitans avoient commencé à. être divisés : tandis que les.habitans de la montagne vouloiènt rémettre toute Taurorité entre les mains de la " multitude, ceux de la plaine, au contraire, n’aspiroient qu’à Tétablissement d’une aristocratie rigoureuse ; 6k les citoyens qui habitoient la côte, plus sages-que les autres, demandbient qu’on partageât le pouvoir entre les riches ck le peuple, 6k qu’à la faveur d’un gouvernement mixte, dont tout les pouvoirs se rempéreroient mutuellement, on prévînt la-tyrannie des magistrats 6k la licence des citoyens. ì . ’ . Aucun parti n’ayant eu assez de force ou d’adreffe pour triompher des autres, les Athéniens, toujours ennemis de leurs loix incertaines, semblèrent n’avóir d’autre règle de conduite que Texemple des caprices de leurs pères ; &, au milieu des révolutions continuelles dont ils furent agités ; ils étoient accoutumés à être vains, impétueux ^inconsidérés, ambitieux, volages, aussi extrêmes dans leurs vices que dans leurs vertus, ou plutôt, à n’avoir aucun caractère. Lassés enfin de leurs désordres domestiques, ils avoient eu recours à, Solon, 6k l’avpient chargé de leur donner des loix. Mais, en tentant de remédier aux maux de la république, ce législateur imprudent ne. fit que les pallier, ou plutôt, donner une nouvelle forme au vice du gouvernement. . En laissant aux assemblées du peuple le droit de faire les loix, d’élire les magistrats’, 6k de-régler les affaires générales, telles que la paix,1a guerre, les alliances, 6V. il distribua les citoyens en différentes classes, suivant la différence de leur fortune ; 6k ordonna que les magistratures ne fussent conférées qu’à ceux qui recueilloient de leurs terres au moins deux cens mesures de froment, d’huile . pu de vin. Tandis que Solon sembloit éloigner pru» _____ — -——r— ’ 1, ii 11 1 «w (a) Voyci Thucydide, L z., (3) Considération sur les Grec».