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pour le temple de Diane à Ephèse, d’une.beauté /i généralement accomplie, que le prince lui-même dit, en le voyant, qu’il comptoit deux Alexandre, l’un de Philippe, qui, selon lui, étoit invincible, & l’autre d’Appelle, qui étoit inimitable. Si Ton en <roit Pline, les anciens peintres n’employoient cependant que quatre :couleurs, le blanc de melon, le jaune d’Athènes, le rouge de Sinope, 8c le simple ’ noir, Ils ignoraient Tart de les broyer à Thuile, comme on fait aujourd’hui ; mais ils peignoient à fresque ou sur des tables enduites de craie. Uri passage de l’auteur latin cité plus haut, dans lequel il dit que Ton employoit la cire èk le feu, avoit paru jusqu’à notre temps assez inintelligible. M. le comte de Cailus, aidé dans ses recherches par un chymifte intelligent, a découvert le procédé des -anciens, connu sous le nom de peinture à l’encauftique ; nous avons vu dans les expositions publiques, plusieurs tableaux faits de cette manière. II reste encore des morceaux*de mosaïque ancienne ; mais je ne fais pas jusqu’où Ton en pourroit faire remonter l’origine." SÏd’ailleurs il est permis de juger -de leur perfection dans ce genre, les modernes ©nt beaucoup surpassé les ancieus dans cetté sorte de travail. Sculpture. Les anciens ont mis d’assez bonneheure en usage la terre cuite, le bois èk la pierre. On voit par Pausaniás que la plupart des anciennes statues étoient de bois. Mais ce fut au goût de Périclès èk au génie de Phidias, que ce bel artdut son plus grand’ éclat. II le tira de Tenfance, èk le porta dès Tinstant.au comble de la perfection.. La starue de Minerve à Athènes avo.it fixé Tadmiration d’un peuple connpisseur ; èk le Jupiter . ’Olympien-, qu’il fit depuis chez les Eléens, supérieur encore à la Minerve, fut mis au rang des lept merveilles. On compte dans Pausaniás les noms d’un très^grand nombre de statuaires, dont les ouvrages passoient pour autant de chefs-d’oeuvre. Les - anciens ont aussi connu Tart de graver les .pierres, èk Ton en conserve aujourd’hui dans plu- ..sieurs cabinets qui sont d’une très - grande perfection., Musique. Je passe enfin à un art charmant, aussi .ancien que le monde, & qui, dans tous les lieux,où il est connu, exerce son pouvoir avec une sorte d’empire. Mais il n’est pas de peuple chez lequel .il ait ère plus universellement cultivé que chez les Grecs. Tous les hommes libres favoient ou,-devoient savoir la musique. Les premiers législateurs avoient fait de Tétude, de cet .art,.une des loix fondamentales du gouvernement. Mais leur, sévérité, en fixant le-nombre, des cordes.de la lyre, en punissant tr.utes les innovations, avoit mis des entraves au génie des artistes, dont les sons bríllàns s’élcignoient quelquefois de Tanciénne simplicité, qui, íeule pouvoit être utile. De-,là ; ces décrets contre Terpandre èk plusieurs autres, èk ces déclamations des philosophes qui se plaignent du chr.ngement qu’une nouvelle musique apporte dans les moeurs. On ne peut guère douter, d’aprês cela, qu’il ne se soit élevé chez les Grecs de ces disputes devenues même assez vives, comme nous en avons vu de nos jours, entre les défenseurs,dè Tancienné manière èk les partisans d’un goût plus nouveau ;Ce que Tonpourroit-dire seulement pour justifier cette diversité de sentiment chez les Grecs, èk présenter sous un aspect raisonnable la chaleur avec.laquelle les philosophes soutenoìent leur opinion, c’est qu’ils faisoient résulter le bien public de Tancien système musical j comme élevant davantage Tame èk èk la nourrissant •d’impressions sortes èk énergiques ; au lieu que chez nous les prétentions étoient aussi frivoles d’un côté que de l’autre, èk que Ton ne difputoit pas sur Tutilité, mais sur le goût. Quant aux "effets de la musique dónt parlent les anciens, loin d’en avoir Tidéé, nous pouvons à peine accorder notre créance au témoignage unanime de TaUtíquité ; èk si ce qu’ils ont dit de quelques antres arts, dont les preuves sont encore subsistantes, ne’ formoit pas un argument invincible .en leur saveur, on seroit tenté de révoquer en doute les auteurs les ^plus graves. D’ailleurs, il ne paroît’pas que les additions faites au nombre des cordes de la lyre èk aux modulations du chant, aient rien changé à -ces effets tant vantés. Si, dans les premiers temps, Orphée charma tellement ceux qui Tentendoient, que les.poètes ont dît de lui qu’il enchantoit les forêts èk les bêtes farouches ; si, dans des temps postérieurs j Terpandre appaifa une sédition chez les Lacédémoniens, èk Tirtée menace même peuple au combat ; dans des temps plus récens encore, lorsque la lyre avoit un trèsgrand n ombre de cordes, le musicien Timothée, selon Dion Chrisostôme (î), èk, selon Plutarque (2), le joueur de flûte Antigénide, ayant exécuté devant Alexandre un air guerrier, ce prince, entraîné par. la force de Tart,courut aux armes, èk, hors de luimême, alloit charger Tassemblée comme s’il eût été au milieu d’une troupe d’ennemis. Un des grands avantages de la musique grecque, èk que nous ne connoissons pas chez nous, consistoit dans son intimité avec la langue, & fur-tout avec la poésie ; ce qui faisoit qu’ordinaii-ement tout musicien étoit poète, èk tout poète musicien (3). USAGES. Les Grecs divisoient 7- temps en jours, mois (1) Orat.J. iereg.im.it. [T.) De fort. Alex. (3) 11ne.paroît pas que les Grecs connussent .’usage des ’ parties par tierces, quintes, &c. Us chantoú nt à l’uniffon, ou au moins à l’octave, selon la qualité áes voix. Quant aux instrumcns, on connoit ìa flûte, la doubleflûte la cithare, la lyre, le trígonon, &c. Ces trois dtrmtrs font . anez généralement désignés chez nous par ie nom de lyre, quoiqu’il y eût réellement entre eux de la différence. Ils ont varie pour le nombre des cordes : il n’y en avoit d abord que trois ; on les porta ensuite jusqu’à sept,