dant les mesures que MM. Cassini avoient prises en divers tems,
des degrés du méridien dans toute l’étendue de la France, avoient
rendu la question comme problématique : car, selon ces mesures,
la longueur du degré terrestre augmentoit en allant du nord de la
France au midi, ce qui supposeroit que la terre, au lieu d’être un
sphéroïde applati, serait au contraire un sphéroïde allongé. À ce
résultat, les Géomètres convaincus de l’applatissement de la terre,
opposoient que les opérations de MM. Cassini n’étoient pas suffisantes
pour résoudre le problème, que ces opérations avoient été
faites en des lieux trop voisins les uns des autres, & qu’il n’étoit
pas possible de connoître les quantités précises des petites différences
qui se trouvoient entre les degrés mesurés, ni même le sens dans
lequel elles avoient lieu. On ne pouvoit donc sortir de cette incertitude
qu’en mesurant les degrés du méridien en des endroits dont
An. 1735.les latitudes fussent très-différentes. La France envoya, pour cet effet,
des Académiciens en Lapponie & au Pérou : la première troupe
Maupertuis, né en 1693, mort en 1759.
Camus, né en 1699, mort en 1763
Godin, né en 1704, mort en 1760.
Bouguer, né en 1698, mort en 1758.
La Condamine, né en 1701, mort en 1774.étoit composée de MM. de Maupertuis, Clairaut, Camus, & le
Monnier, auxquels se joignirent M. l’Abbé Outhier, Chanoine
de Bayeux, & M. Celsius, Professeur d’Agronomie à Upsal ; la seconde,
de MM. Godin, Bouguer, & la Condamine, accompagnés de
M. de Jussieu, Botaniste, & de deux Officiers Espagnols, Dom
Antonio de Ulloa, & Dom Georges Juan. On trouva que
la longueur d’un degré du méridien, au cercle polaire, étoit de
57 458 toises, & que celle du premier degré de latitude étoit de
56 753 toises. Ainsi, voilà une différence très-sensible entre deux
degrés terrestres du méridien, mesurés à de très-grandes distances
l’un de l’autre. Il résulte de cette différence que les degrés terrestres
du méridien vont en diminuant du pole à l’équateur, & que par
conséquent la terre est un sphéroïde applati vers les poles. Cette
conséquence se trouve également par la comparaison de chacun des
degrés mesurés au & au midi avec le degré moyen déterminé
par MM. Picard & Cassini. C’est ainsi que la France a eu successivement
la gloire d’indiquer d’abord, & puis de démontrer sans
replique l’applatissement de la terre.
Mais il ne suffisoit pas de savoir que la terre est applatie : il falloit encore trouver son axe, & le diamètre de l’équateur : M. de Maupertuis An. 1737.détermina ces deux lignes par le moyen des longueurs de deux degrés du méridien, en considérant la terre comme un sphéroïde elliptique.
De tous les Académiciens qui ont eu part aux expéditions du nord & du Pérou, il n’en reste qu’un seul : célèbre par d’excellens ouvrages, cher à sa famille & à ses amis par de solides vertus.