l’existence de cette parallaxe, n’avoient cessé depuis Copernic de chercher à la déterminer ; mais trouvant constamment qu’elle étoit insensible, & ne voulant pas abandonner le systême de Copernic, si bien prouvé d’ailleurs, ils avoient fini par conclure qu’il falloit compter pour rien la distance de la terre au soleil, en comparaison de la distance de la terre aux étoiles fixes. Cependant on observoit quelques changemens sensibles dans les positions des étoiles ; mais ils étoient contraires à ceux qu’auroit dû produire la parallaxe du grand orbe : on n’en connoissoit point la cause, & on les désignoit sous le nom général d’aberration apparente des étoiles fixes. En 1725, M. Molyneux & M. Bradley s’appliquèrent à observer ces mouvemens avec plus de suite & plus de précision, qu’on n’avoit fait encore, mais toujours sans pouvoir en trouver l’explication.
An. 1727.Enfin M. Bradley, d’après de nouvelles observations qu’il fit avec un excellent Secteur de Graham, conçut l’idée ingénieuse & vraie, que l’aberration apparente des étoiles étoit produite par la combinaison du mouvement progressif de la lumière avec le mouvement de la terre dans son orbite. Il y fut conduit par ce raisonnement : la Théorie de Roemer m’apprend que la vîtesse de la lumière n’est pas instannée, & qu’elle a un rapport fini, celui de 10000 à 1, à la vîtesse de la terre dans son orbite ; donc un rayon de lumière, parti d’une étoile, & apportant l’impression de cette étoile à mon œil, n’arrive qu’après que la terre a changé sensiblement de place depuis l’instant où il est parti : ainsi, quand mon œil reçoit le coup, il doit rapporter l’étoile à un endroit différent de celui où il l’auroit rapportée, si j’avois toujours conservé la même place. Rien de plus clair & de plus conséquent. Aussi, avec cette clef, tous les phénomènes de l’aberration s’expliquent d’une manière simple, exacte & précise. Il en est résulté en même tems la démonstration physique la plus complète du mouvement de la terre, & de la propagation successive de la lumière.
Nutation de l’axe de la terre.M. Bradley observa encore, dans les étoiles fixes, un petit mouvement apparent, dont il rendit raison avec le même succès, en attribuant, conformément aux principes de la gravitation universelle, un balancement ou une nutation à l’axe de la terre par rapport au plan de l’écliptique. La quantité moyenne de la nutation est d’environ neuf secondes, & sa période s’achève en 18 ans. Cette découverte n’est pas moins importante que celle de l’aberration ; & toutes deux placent M. Bradley au rang des Astronomes du premier ordre.
Physique céleste.Si l’Angleterre a jetté les fondemens de la véritable Physique céleste, en découvrant le principe & la loi de la gravitation univer-