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DISCOURS

à leur conférer à-peu près tous les avantages dont ils sont susceptibles. Mais on ne fut pas long-tems à remarquer qu’il se perd plus de rayons par la réflexion du miroir de métal, le plus poli, que par la réfraction des verres dioptriques ; & qu’ainsi ces verres seroient préférables aux miroirs par reflexion, si l’on pouvoit donner une plus grande ouverture aux objectifs, & détruire en même tems les couleurs produites par la diverse réfrangibilité des rayons.

Neuton proposa de corriger l’aberration de sphéricité, en composant l’objectif, de deux verres entre lesquels il y auroit de l’eau. Il pensoit aussi à détruire l’aberration de réfrangibilité, par un moyen semblable ; mais la proportion qu’il trouva, par l’expérience, entre les différentes réfrangibilités pour différens milieux, lui fit conclure que cette destruction étoit impossible.

Malgré une autorité si imposante, M. Euler se persuada fortement que l’aberration de réfrangibilité pouvoit être anéantie par la combinaison de plusieurs matières diaphanes : il citoit en exemple l’œil humain, où les rayons, après avoir traversé les différentes humeurs dont il est composé, vont se réunir en un même foyer. Il éleva des doutes sur l’exactitude de l’hypothèse que Neuton avoit adoptée, d’après ses expériences, sur la proportion des réfrangibilités des rayons pour différens milieux : il en proposa une autre, plus plausible en apparence, mais dénuée elle-même de preuves suffisantes, & sujette à l’inconvénient de donner une trop grande courbure aux lentilles. M. Dollond, célèbre Opticien anglois, aussi savant dans la théorie que dans la pratique de son art, attaqua le sentiment de M. Euler, auquel il opposoit le nom & les expériences de Neuton, avec de nouveaux raisonnemens appuyés sur ces mêmes expériences. An. 1755.La question demeuroit à ces termes, lorsque M. Klingenstierna fit voir, par des raisons métaphysiques & géométriques, l’incertitude pour ne pas dire la fausseté absolue de l’hypothèse de Neuton. Alors M. Dollond reconnut la nécessité de faire de nouvelles expériences ; il en fit, & il trouva que Neuton s’étoit trompé en effet. Sans adopter certaines formules de M. Euler, qui lui paroissoient trop hypothétiques, il convint que le fond de son projet étoit vrai, & pouvoit se réaliser. Mais, au lieu de combiner ensemble du verre & de l’eau dans la construction des lunettes, ce qui avoit plusieurs inconvéniens, il employa deux espèces différentes de verres connus en Angleterre sous les noms de flintglass & crownglass ; & il parvint à construire des lunettes achromatiques, dont l’effet étoit très-supérieur à celui des lunettes ordinaires.

Les expériences de M. Dollond donnèrent lieu à MM. Euler,