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PRÉLIMINAIRE

voir que ces témoignages font remonter bien haut l’antiquité de l’Astronomie ; mais il faut avouer que la période, citée par Joseph, & même celle que Ptolomée attribue à Hyparque, paroissent appuyées sur des fondemens peu solides. Elles supposent, dans des tems obscurs, un trop grand nombre d’observations, & d’observations très-exactes : aussi la plupart des Astronomes les regardent-ils l’une & l’autre comme controuvées.

Je ne me perdrai pas dans ces savantes ténèbres : la gloire de les percer appartient au célèbre Historien de l’Astronomie ; je me borne aux faits les plus avérés & les plus remarquables.

On s’accorde assez généralement à regarder les Chaldéens, & bientôt après les Égyptiens, comme les premiers inventeurs de l’Astronomie. Des Auteurs modernes revendiquent cette gloire aux Chinois, parce que les anciens écrivains de la Chine parlent de deux phénomènes Astronomiques, qu’on prétend en conséquence y avoir été observés : le premier est une conjonction de cinq planètes, qu’on place entre les années 2513 & 2437 ; le second, une éclipse de soleil, arrivée en 2155. Je compte les années, en remontant depuis l’ère chrétienne. Examinons brièvement la force de ces preuves.

Le calcul Astronomique démontre qu’il n’y a point eu de conjonction de cinq planètes, dans l’intervalle de tems indiqué. M. Kirc, célèbre Astronome, a trouvé, à la vérité[1], que l’an 2449, le 28 Février, Saturne, Jupiter, Mars & Mercure, s’étoient rencontrés d’un même côté du Ciel, entre le XI.me & le XVIII.me degré des poissons ; qu’en même tems, le soleil & la lune étoient en conjonction, vers le XVIII.me degré du verseau, & que Vénus étoit vers le XV.me degré du Capricorne : mais ce phénomène ne peut pas être pris pour une conjonction de cinq planètes, sans donner à ce mot un sens forcé & arbitraire ; on aimera mieux sans doute penser que les anciens Auteurs Chinois ont parlé au hasard d’une conjonction de cinq planètes, & non d’après des observations. Quant à l’éclipse de l’an 2155, les Missionnaires Mathématiciens ont trouvé que les Chinois ne l’avoient pas observée, mais qu’ils l’avoient calculée long-tems après.

Selon M. de Mairan & M. de Guignes, la plupart des loix & des usages, le genre d’écriture, les arts & les sciences des Chinois, sont dûs à une Colonie d’Égypte, qui arriva chez eux quinze ou seize cens ans avant l’ère chrétienne[2].

  1. Miscellanea Berolinensia, tome III, pag. 165.
  2. Lettres de M. de Mairan & du P. Parennin.