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PRÉLIMINAIRE

à la jeunesse, lui enseignoient particulièrement ce qui regarde le mouvement des astres, & la grandeur du ciel & de la terre, c’est-à-dire, l’Astronomie & la Géographie. Si les Gaulois n’ont pas laissé d’observations, ou si le tems les a détruites, nous savons du moins qu’ils étoient très-versés dans la navigation ; car, suivant M. Cassini[1], ils avoient fondé des colonies sur les côtes d’Espagne, sur le Pont-Euxin & en plusieurs autres endroits.

An. av. J. C. 350. Un célèbre Astronome, natif de Marseille, Pytheas, y observa la hauteur méridienne du soleil au tems des solstices, par le moyen du gnomon. L’objet de cette observation étoit simplement de déterminer la latitude de Marseille : quelques Astronomes modernes ont voulu la faire servir à prouver une diminution dans l’obliquité de l’écliptique.

Pytheas poussa ses voyages fort loin vers le pole arctique, par l’océan occidental. À mesure qu’il avançoit vers le nord, il remarquoit un progrès dans les diminutions des nuits au solstice d’été. Étant parvenu à une île, qu’il appella l’île de Thulé, il vit que le soleil se levoit presqu’aussi-tôt qu’il étoit couché ; ce qui arrive dans l’Islande & dans les parties septentrionales de la Norvège : d’où l’on a conclu que Pytheas avoit pénétré dans ces pays. Les anciens, qui les regardoient comme inhabitables, traitèrent de fabuleuses les relations de Pytheas ; mais les navigateurs modernes ont justifié ce Philosophe, & lui ont assuré la gloire d’avoir découvert des régions auparavant inconnues, & d’avoir distingué les climats par la différente longueur des jours & des nuits.

An. av. J. C. 330. Le goût d’Alexandre pour les Sciences, & sur-tout l’envie de faire connoître à la postérité les pays où il avoit porté ses conquêtes, furent très-avantageux à l’Astronomie. Aristote écrivit plusieurs ouvrages par ordre de ce Prince. Dans celui qui a pour titre de Cœlo, il prouve la forme sphérique de la terre, par la rondeur de l’ombre qu’elle jette sur la lune dans les éclipses, & par les changemens qui paroissent arriver aux hauteurs des étoiles, à mesure qu’on s’éloigne ou qu’on s’approche des poles. Le livre de Mundo, qu’on attribue au même Philosophe, contient une description assez exacte de l’ancien monde, que l’auteur divise en trois parties, l’Europe, l’Asie & l’Afrique. Mais le plus grand service qu’Alexandre rendit aux Sciences, fut de faire mesurer les pays de sa domination avec une exactitude dont il n’y avoit pas encore d’exemple. Il ne voulut pas qu’on se contentât d’établir les distances des lieux sur l’estime des voyageurs, comme on l’avoit toujours pratiqué, mais

  1. Origine de l’Astronomie.