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DISCOURS

pendre l’aiguille aimantée sur un pivot, est très-ancien parmi nous. Cependant les Italiens, les Allemands & les Anglois, nous disputent la découverte de la Boussole. Ces prétentions réciproques peuvent être soutenues, soit parce qu’il est possible qu’on trouve la même chose en divers endroits, soit parce que la Boussole ayant été perfectionnée successivement, les nations qui y ont contribué, chacune pour son utilité particulière, ont cru pouvoir s’attribuer la totalité de l’invention. S’il est vrai, comme plusieurs Historiens le prétendent, que les Chinois aient fait servir, avant les Européens, la Boussole à la navigation, ils ont toujours été du moins bornés à une pratique grossiere ; car leur méthode constante de faire flotter l’aimant sur l’eau, n’est pas comparable à la suspension sur un pivot.

Frédéric II commence à règner en 1220, meurt en 1250. Dans le XIIIe siècle, l’Empereur Frédéric II, au milieu d’une vie très-agitée & des guerres continuelles qu’il eut à soutenir contre les Papes, fonda l’université de Naples, cultiva lui-même les Sciences & les beaux Arts, composa quelques ouvrages, & fit traduire du grec en latin, ceux d’Aristote, & l’Almageste de Ptolomée.

Ce même siècle produisit plusieurs Savans dans nos climats. On cite, entr’autres, Vitellion & le Cordelier Roger Bacon.

An. de J. C. 1260.

Le premier, né en Pologne, établi en Italie, a laissé un Traité d’Optique en dix livres : cet ouvrage n’est, dans le fond, que celui d’Alhazen, mais plus clair & plus méthodique.

Roger Bacon conserve encore la célébrité qu’il eut de son tems. Il a écrit un grand nombre d’ouvrages qui ont été imprimés successivement : ils montrent beaucoup de génie & d’invention. On distingue, parmi ces ouvrages, son Traité d’Optique, qui contient des remarques vraies, & alors nouvelles, sur la réfraction astronomique, sur les grandeurs apparentes des objets, sur la grosseur extraordinaire du soleil & de la lune, vus à l’horizon, sur le lieu des foyers sphériques, &c. Quelques Anglois, un peu trop prévenus en faveur de Bacon, leur compatriote, ont cru voir, dans ce Traité, que l’Auteur avoit eu connoissance des bésicles, & même du télescope ; mais M. Smith, Anglois plus impartial & juge irréfragable, détruit cette opinion, d’après la discussion exacte des passages qui y ont donné lieu. On a voulu aussi attribuer à Bacon, la découverte de la poudre à canon : en effet il y touchoit, car il étoit grand Chimiste pour son tems, & il connoissoit les effets du salpêtre ; mais elle lui est réellement postérieure de quelques années. Il fut persécuté par ses confreres, accusé de magie, enfermé dans un cachot, & obligé, pour en sortir, de prouver à ses Supérieurs & au Pape Nicolas IV, qu’il n’avoit jamais eu de commerce avec le diable. Il étoit né en 1214 ; il mourut en 1294.