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Page:Encyclopédie méthodique - Mathématique, T01.djvu/53

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DISCOURS

été peu communicatif, & de s’être réservé exclusivement l’usage des manuscrits de Regiomontanus, dont il étoit dépositaire.

Navigation. Depuis la découverte de la boussole, la navigation, toujours aidée de l’Astronomie, se perfectionnoit de jour en jour, & s’ouvroit un champ plus étendu. Les anciens, qui n’avoient aucun moyen de connoître à chaque instant la position du vaisseau sur le globe, osoient rarement perdre de vue les côtes de la mer. La boussole leva cet obstacle ; & on put entreprendre, avec sûreté, de marcher à travers les mers comme à travers les terres. En 1420, le Prince Henri, fils de Jean I, Roi de Portugal, alla chercher sur l’océan de nouvelles régions ; il découvrit l’Isle de Madere ; puis, tournant vers l’orient & le midi, il parcourut une partie de la côte occidentale de l’Afrique. Il eut une foule d’imitateurs : on connoît les expéditions de Vasco de Gama, de Christophe Colomb, d’Americ Vespuce, & de plusieurs autres : ce n’est pas ici le lieu d’en parler. Pour représenter la route que le vaisseau devoit suivre, & pour le diriger en effet suivant cette route, le Prince Henri imagina les cartes marines, connues sous le nom de cartes plates. L’usage des globes terrestres étoit très-ancien : celui des cartes, plus récent, avoit la préférence, depuis que Ptolomée & les Arabes avoient donné des méthodes géométriques pour projetter les cercles de la terre sur une simple surface plane ; mais le prince Henri, qui vouloit marquer par des lignes droites, les différens rhumbs de vent d’un vaisseau, ne pouvoit y employer ces cartes, & il fut obligé d’imaginer une autre construction. Il suppose que les méridiens sont exprimés par des lignes droites parallèles & les cercles parallèles à l’équateur, par d’autres lignes droites parallèles, perpendiculaires aux premières ; il trace sur la carte la rose des vents ; ensuite, pour marquer la route d’un vaisseau qu’il suppose suivre un même rhumb de vent, il mène du lieu de départ au lieu d’arrivée une ligne droite, & il croit que la ligne des vents, parallèle à celle-là, remplit l’objet proposé. Mais ces cartes ne peuvent réellement servir que pour de petites étendues du globe. Lorsque les espaces sont considérables, les degrés des cercles parallèles à l’équateur ne peuvent pas être représentés, d’un cercle à l’autre, par des lignes égales, comme l’auteur le suppose ; car on sait que les circonférences de ces cercles diminuent continuellement de l’équateur aux poles. De plus, la route, par un même rhumb de vent, n’est pas, dans cette construction même, une simple ligne droite, si ce n’est dans les deux hypothèses très bornées où le vaisseau suivroit toujours le même méridien ou le même parallèle. On sentit bientôt ces inconvéniens, & on y apporta du remède dans les deux siècles suivans.