encore quelque nuage, furent levées dans la suite par les observations mêmes, comme il l’avoit prédit. Toute sa doctrine est expliquée dans son fameux Livre de revolutionibus cœlestibus, qui fut composé vers l’an 1530, mais qui ne parut qu’en 1543 : l’auteur mourut le jour même qu’il en reçut le premier exemplaire entièrement imprimé.
Le systême de Copernic étoit si simple, si satisfaisant, si conforme à toutes les loix de la Méchanique & de la Physique céleste, qu’il auroit été d’abord adopté de tous les astronomes, si un zèle religieux, mal entendu, n’avoit cru en trouver la condamnation dans quelques passages de l’Écriture Sainte : comme si les Écrivains sacrés, dans une question de pure philosophie, devoient se conformer à la vérité astronomique, qui ne peut être entendue que des Savans, & non pas au langage vulgaire, qui est à la portée de tous les hommes ! Tycho Brahé, né en 1546, mort en 1601. Nous voyons avec peine, que Tycho-Brahé ait sacrifié ses lumières, & peut-être sa conviction intime à des considérations qui ne sembloient pas faites pour l’ébranler ; mais pardonnons-lui cette erreur, ou cette foiblesse, en faveur des nombreuses observations & découvertes dont il a enrichi l’Astronomie. En rendant à la terre sa prétendue immobilité, il faisoit circuler au-tour d’elle, d’abord la lune, ensuite le soleil, qui emportoit dans sa sphère de révolution, les autres planètes, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter & Saturne. Il expliquoit ainsi, d’une manière assez satisfaisante, les apparences des phénomènes célestes alors connus. Je dis alors connus, parce que la Théorie de l’aberration de la lumière des étoiles fixes ne permet plus aujourd’hui de douter que la terre tourne autour du soleil. Mais Tycho étoit trop éclairé d’ailleurs, pour ne pas reconnoître que son systême choquoit, presque autant que celui de Ptolomée, les loix de la Méchanique. Sa vraie gloire est d’avoir été un excellent observateur, & d’avoir jetté les fondemens des nouvelles théories astronomiques, ou par ses propres travaux, ou par ceux des disciples & des coopérateurs qu’il s’étoit associés dans sa petite Ville d’Uranibourg. Il détermina, plus exactement qu’on n’avoit fait encore, le mouvement des planètes : celui que l’on connoît à la lune, sous le nom de variation, est l’une de ses découvertes. L’Astronomie des comètes, qui place ces astres au nombre des planetes, & qui cherche à calculer leurs orbites, a pris naissance entre ses mains.
Guillaume IV, né en 1532, mort en 1592. Nous n’oublierons pas Guillaume IV, Landgrave de Hesse-Cassel, Contemporain de Tycho. Ce Prince fit bâtir, dans sa Capitale, un observatoire qu’il garnit des meilleurs instrumens alors connus ; & il y observa lui-même la position de plusieurs étoiles, & les hauteurs solstitiales du soleil en 1585 & 1587.